Rembrandt sous l’escalier à l’Essaion

Rembrandt sous l’escalier” est une pièce pensée par Barbara Lecompte, historienne de l’art et conférencière.

Elle nous conte l’histoire d’un jeune peintre hollandais du 17e siècle : Rembrandt. Il fut aussi un collectionneur et un marchand d’art passionné. Une des caractéristiques majeures de son oeuvre est l’utilisation de la lumière et de l’obscurité (inspiré du Caravage) qui attire le regard par son jeu de contrastes.

Cette pièce nous montre l’ascension d’un artiste, jusqu’à ce qu’il soit considéré comme un maître. Un maître adulé puis décrié. Riche puis misérable. Jusqu’à ce que dans son miroir se reflètent les visages de tous ces vieillards, saints et prophètes, qu’il avait tant aimé peindre depuis ses débuts à Leyde dans le grenier-atelier de la maison Van Rijn. Car ce vieil homme assis sous l’escalier, dans la lumière blonde de la fenêtre, ce pourrait être Harmen, le père de Rembrandt. Harmen, meunier de Leyde, est mort à l’aube de la carrière flamboyante de Rembrandt. Mais dans le coeur de son fils, il est toujours présent. Sur le petit tableau (“Philosophe en méditation”, 1632 visible au Louvre), il incarne le vieux Tobie de la Bible. Ce mythe le montre redonnant la vue à son père, atteint de cécité, grâce à l’intervention de “l’Archange Raphael”. Ainsi, dans l’espace mental de Rembrandt, Harmen est essentiel à son équilibre.

Au gré des succès et des grandes épreuves de sa vie, Rembrandt rejoint secrètement son père sous l’escalier. Là où leurs deux âmes sont étroitement nouées l’une à l’autre…. Ce petit tableau représentant escalier hélicoïdal a fasciné bien des personnalités à travers les âges et les époques. Et il fascinera encore.

Laissez-vous transporter par les mots qui vous dévoileront toute la beauté de cette peinture et tous les mystères qui l’entourent. Il n’y a pas toujours besoin de mots pour exprimer des ressentis, l’imagination de ces peintures, de cet escalier fait son travail des yeux jusqu’au coeur.

Rembrandt serait-il un artiste en avance sur son époque ? On serait tenté de le croire… À vous de vous faire votre propre réflexion. Vous serez ravie d’en apprendre aussi sur sa vie personnelle, ce qui l’a conduit sur ce chemin artistique, l’influence de son père, sa place en son temps et tout au long des siècles…

La mise en scène apportée par Saladin insiste sur la dimension musicale, artistique, qui rythme la vie de Rembrandt dans la force de l’âge. Elle fait une économie de décors pour rappeler sans cesse l’escalier du “Philosophe en méditation”.

Consuelo Lepauw, la violoniste, intervient, omniprésente, elle interprète le rôle des deux amantes (Saskia) et (Hendrickje) mais demeure figurante. Toutefois, de par sa grâce et sa maîtrise de l’instrument, elle marque tout autant le spectateur. Saladin s’est attaché au choix des costumes ressemblant aux peintures de Rembrandt tout comme pour l’escalier.

Par exemple, Saskia est vêtue d’une belle robe de bourgeoise, elle entre sur scène, invitée par Rembrandt à s’asseoir sur ses genoux dans la posture de l’oeuvre “Le Couple Heureux”. Les scènes s’enchaînent et sont particulièrement vivantes.

Tous les éléments présents sur scène sont significatifs : le crâne (vanité), le sablier (temps qui passe), un miroir (pour l’autoportrait) et le chevalet du peintre sans surprise. Rembrandt, joué par Delessart est très expressif (il fait des grimaces, rote, hurle…), il descendra de la scène en pleine performance. Quant au jeu de Belkheir, il est volontairement sur la réserve. Cependant, il est toujours présent (même après sa mort), son “âme” veille sur l’évolution de son fils. Il se manifestera davantage tout au long des tragédies vécues par Rembrandt (ivresse, deuil de Saskia…), il fera également référence à la Bible toujours en clin d’oeil au mythe du vieux Tobie.

D’autre part, l’éclairage se modifie constamment. Tantôt concentré sur le peintre ; tantôt absent, le spectateur se retrouvant dans la pénombre ; tantôt ne subsiste qu’un petit halo de lumière. Finalement, on se sent forcément concerné par la manière dont Rembrandt est incarné composant au fur et à mesure ses tableaux.

Eliette Belet

photos : Laetitia Piccarreta

Une pièce de Barbara Lecompte – Interprètes : Christophe Delessart, Eric Belkheir et Consuelo Lepauw – Mise en scène : Elsa Saladin ; Création musicale : Carlos Bernardo ; Création lumière : Johanna Boyer-Di lolo ; Design sonore : Almaz Vaglio ; Création musicale : Consuelo Lepauw ; Costumes : Pauline Germon et Samy Douib

Cette pièce de théâtre est possible grâce à la compagnie de théâtre “Etoile et Compagnie” créée en 2011 sous l’impulsion de la metteuse en scène et comédienne Elsa Saladin et d’artistes désireux de s’inscrire dans une démarche d’éducation populaire par le théâtre.

Quel accueil, merci à eux !

Du 6 avril au 8 juin 2023

Théâtre de l’Essaion, 6 Rue Pierre au Lard, 75004 Paris

– Tous les jeudis à 19h00 (Réservations : 01 42 78 46 42 ou essaionreservations@gmail.com / Sites revendeurs : Billetreduc, Ticketmaster…)