Résonance : focus sur les photographies de Grégoire de Gaulle

Résonance : focus sur les photographies de Grégoire de Gaulle

La mairie du 8ème arrondissement de Paris accueille l’exposition Résonance qui réunit les inspirations et les créations de la styliste chinoise BEI autour des photographies de Grégoire de Gaulle.

Voulu comme un discours entre Orient et Occident, l’exposition Résonance fait dialoguer deux arts, deux visions, autour d’un même thème : l’Opéra Chinois.

Les créations de BEI naviguent entre le savoir-faire de la haute couture française et les codes chinois des costumes d’Opéra tels que la ceinture de soie, le zhezi – habit quotidien antique – ou l’utilisation stylisé d’idéogrammes traditionnels.

Les photographies de Grégoire de Gaulle nous plongent dans le quotidien d’une troupe d’acteurs pékinois entre la cacophonie des coulisses et la rigueur de la performance. Elles évoquent la vie quotidienne et les coulisses de l’Opéra Chinois. Les différences culturelles résonnent de connivences, comme ce Nouvel An Chinois 2017 où le Coq de Feu rencontre le Coq français emblème de la vaillance populaire.

Les photos ont été prises en novembre à Pékin. L’un dans une école de Kunqu (l’ancêtre de l’opéra de Pékin) et l’autre pendant un spectacle d’Opéra de Pékin au Liyuan Theatre.
L’essentiel du travail présenté se concentre sur l’activité en coulisses avant le spectacle.

« Ce qui m’intéresse en effet est de montrer la mue progressive de ces actrices et acteurs en des personnages éblouissants en même temps que parfaitement codifiés. J’avais eu l’occasion en 1978 à Chengdu de visiter les coulisses avant un spectacle similaire et j’en ai gardé un souvenir très fort et quelques images. Cette exposition m’aura permis de faire un plongeon dans mon passé et y retrouver une émotion presque intacte et source d’inspiration.
En m’associant à son univers, Bei, styliste biculturelle, m’a fait découvrir un autre aspect de la culture chinoise et permis de rencontrer des artistes dans leur intimité avec qui j’ai pu établir un dialogue riche et fructueux. »

« Ils sont là, ces femmes et ces hommes que rien ne distingue des autres Chinois présents, à part la jeunesse. Ils se maquillent le visage de blanc et de rouge, ajoutent du noir pour les yeux. Certains acteurs peignent leur figure d’étranges motifs. Les gestes sûrs reproduisent ceux que leurs maîtres leur ont appris, année après année. L’ambiance est studieuse et les conversations rares.

Les coulisses où se passe ce silencieux cérémonial se limitent à une simple pièce. De grandes caisses en fer rappellent que le spectacle est itinérant.

Les costumes sont suspendus à des cintres, les chapeaux et coiffes disposés sur une table, les barbes accrochées à des patères. Les chaussures sont bien rangées dans des casiers, attendant leurs propriétaires. Les accessoires qui serviront pendant la représentation – éventails, épées, lances, drapeaux – sont en bon ordre près de la scène. Les costumiers attendent patiemment leur tour pour aider les artistes à s’habiller, ne semblant pas prêter attention à la petite pendule murale qui égrène les minutes.

Les actrices, assistées d’une coiffeuse, achèvent de se préparer. À présent, d’étroites bandes collantes tendent la peau de leur visage pour en accentuer l’expression lisse. Les éléments de coiffure sont collés sur le haut du front et sur les joues. La chrysalide se transforme à vue d’œil. Avec la pose de la coiffe, l’actrice a presque achevé sa mue. Il lui faut encore revêtir les différentes parties de son costume pour que son personnage renaisse, comme chaque soir, avec son caractère bien défini.

Les femmes deviennent dan, les hommes sheng, ou jing pour ceux dont le visage est entièrement peint, ou encore chou reconnaissables à leur petit “carré de tofu” sur le nez. Chacun enfile son pantalon ou endosse sa robe, et progressivement devient haut fonctionnaire, archer ou général, femme vertueuse ou femme soldat.

Dans la lueur blafarde de cette antichambre, les futurs combattants se concentrent en silence, révisant les yeux fermés les gestes et mouvements qui vont enthousiasmer le public par leur justesse et leur précision. Dans un coin, la jolie concubine échange quelques propos avec ses suivantes, sa cape déjà sur le dos, prête pour son dernier voyage.

De l’autre côté de la scène, derrière une petite barrière, les musiciens de l’orchestre sont prêts. Les acteurs de la première pièce se glissent dans le noir qui borde le plateau éclairé. Les percussions entament avec un son métallique les premières mesures aussitôt suivies du trois cordes, de la vièle et de la guitare lune, le spectacle commence. »
Grégoire de Gaulle

Quelques vues de l’exposition :

 

 

Pendant le vernissage :

 

 

Jusqu’au 9 février 2017

Mairie du 8ème arrondissement
3 rue de Lisbonne
75 008 Paris
Du lundi au vendredi de 12h à 18h, le jeudi de 12h à 19h et le samedi de 9h à 12h – entrée libre –

Véronique Grange-Spahis
Reportage photo : Alain Robert et Véronique Grange-Spahis