Roman-Photo

Roman-Photo

C’est en Italie, il y a 70 ans, apparaissaient les romans-photos dans les revues Il mio sogno et Bolero film. En France, c’est en 1950 que le magazine Nous Deux (lancé 3 ans plus tôt par Cino Del Duca) a publié son premier roman-photo.

Né en Italie en 1947, le roman-photo a connu un succès immédiat et a été un best-seller de la littérature populaire mondiale pendant près d’un quart de siècle. Les lecteurs se comptaient par millions. Les revues passaient de main en main et c’est ainsi que, dans les années 1960, un Français sur trois lisait des romans-photos.

Pour le MUCEM, musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, il était important de traiter du roman- photo en tant que phénomène de société. De sa naissance durant l’après-guerre à la façon dont il a su évoluer—ou pas—avec son temps.

Le roman –photo :

Le roman-photo, perçu comme un sous-genre vulgaire, n’a que rarement retenu l’attention des historiens de l’image et celle des musées ou des centres d’art. Cette exposition consacrée au roman-photo aborde ses origines, de sa naissance au développement de ses archétypes jusqu’à ses déviances, et permet de faire reconnaître le roman-photo au-delà du stéréotype de « genre à l’eau de rose».

L’exposition :

A travers plus de 300 objets (revues, photographies originales, maquettes, films…), l’exposition retrace une époque, ses rêves et ses peurs, et met en avant de petits chefs-d’œuvre totalement inédits comme ceux de la collection de l’éditeur italien Mondadori. Ce fonds, constitué de milliers de négatifs de romans-photos publiés entre la fin des années 1940 et le début des années 1980, n’a jamais été montré à ce jour. L’exposition fait aussi la part belle aux nombreuses célébrités qui ont tourné dans des romans-photos (Sophia Loren, Gina Lollobrigida, Johnny Hally day, Mireille Mathieu, Dalida, Dick Rivers, Hugh Grant, etc…) et rend compte des critiques unanimes dont le roman-photo a été l’objet. Communistes, intellectuels, catholiques l’ont accusé de mièvrerie, de bêtise voire de perversion. Fasciné par le genre, Roland Barthes écrivait: “Nous Deux—le magazine—est plus obscène que Sade”. L’exposition retrace aussi la mondialisation du roman-photo qui s’est exporté—puis fabriqué—à Madrid, à Caracas, à Beyrouth ou à Buenos Aires…

Même si l’âge d’or est depuis longtemps révolu, le roman-photo n’est pas mort. Nous Deux tire encore à 350 000 exemplaires par semaine et se lit désormais sur un Ipad. Mais surtout, le roman-photo a essaimé. Pornographes, structuralistes, littérateurs, satiristes se sont appropriés son procédé narratif pour raconter autre chose qu’une histoire d’amour qui finit bien. Un large chapitre est consacré à Killing, alias Satanik en français, un roman-photo érotico-sadique de la fin des années 1960 qui a durablement marqué les esprits malgré la censure. De Chris Marker au professeur Choron en passant par Duane Michals, l’exposition donne à voir une partie de cette production foisonnante et détonante.

Jalousies et trahisons, tendres baisers et cœurs brisés, dolce vita et lutte des classes : Roman-Photo est un feuilleton riche en surprises, rebondissements et coups de foudre esthétiques à ne manquer sous aucun prétexte !

Jusqu’au 23 avril 2018

MUCEM
7 Promenade Robert Laffont,
13002 Marseille
Ouvert tous les jours (sauf mardi) de 11h à 18h