À l’occasion du bicentenaire de la naissance de Rosa Bonheur à Bordeaux, le musée d’Orsay coorganise avec le musée des Beaux-Arts de sa ville natale, une importante rétrospective de son œuvre.
Le Château Musée Rosa Bonheur à By-Thomery (Seine-et-Marne), où l’artiste vécut près d’un demi-siècle, ainsi que le Musée départemental des peintres de Barbizon sont les partenaires exceptionnels de l’exposition.
Il s’agit de la première rétrospective consacrée à cette artiste du XIXe siècle à Paris depuis plus d’un siècle.
Cette exposition permet de faire (re)découvrir au public la puissance et la richesse de l’œuvre de Marie-Rosalie Bonheur, en rassemblant et choisissant dans l’immense corpus de l’artiste une sélection particulièrement ciblée d’environ 200 œuvres (peintures, arts graphiques, sculptures, photographies) issues des plus prestigieuses collections publiques et privées d’Europe et des États-Unis.
Cette artiste connue comme icône de l’émancipation des femmes plaça le monde vivant au cœur de son travail et de son existence. Elle s’engagea pour la reconnaissance des animaux dans leur singularité et chercha par son travail à exprimer leur vitalité et leur « âme ». Par sa grande maîtrise technique, elle sut restituer à la fois l’anatomie et la psychologie animales.
Son art fut célébré de son vivant des deux côtés de l’Atlantique comme une véritable « star » en son temps.
Elle sut s’imposer à la fois comme la plus grande peintre animalière et en tant que femme libre dans un siècle où les femmes n’avaient aucune indépendance sans un homme.
Icône du féminisme, symbole fort pour l’émancipation des lesbiennes, engagée écologiquement et dans la cause animale, cette artiste est en pleine phase avec notre époque.
Issue d’une famille d’artistes, Rosa Bonheur réalisa une œuvre abondante, résultant de sa cohabitation quotidienne avec les animaux, dans ses ateliers successifs et sur le terrain.
Au cours de ses voyages, en Auvergne, dans le Nivernais, dans les Pyrénées, ainsi qu’en Écosse, elle montre une curiosité insatiable pour la diversité des espèces, qu’elle étudiera toute sa vie.
Fascinée par les animaux, Rosa Bonheur avait rassemblé autour d’elle, dans sa propriété de By, une formidable ménagerie, comptant des dizaines d’espèces différentes, où se côtoyaient notamment chiens, cerfs et fauves. Plaçant les animaux au cœur de sa création artistique au sein de spectaculaires compositions ou en les isolant dans de véritables portraits, Rosa Bonheur sut créer une œuvre expressive et d’un extraordinaire réalisme.
L’exposition joue sur les ruptures d’échelles, l’artiste ayant peint de très petits formats ou au contraire des œuvres monumentales, le plus souvent panoramiques et dynamiques, tout autant que des portraits en pied d’animaux. Rosa Bonheur accorda au genre animalier des formats grandioses réservés traditionnellement à la peinture d’histoire.
C’est ainsi qu’elle dépeint la majesté du cerf du Roi de la forêt (Collection particulière, USA), des bœufs travailleurs de la terre dans le célèbre Labourage Nivernais (musée d’Orsay) ou encore la force et le courage d’un puissant lion dans El Cid, tête de lion (Museo Nacional del Prado, Madrid).
Elle est également fascinée par la beauté sauvage des grands espaces de l’Ouest américain, et de ses habitants, humains ou non, même si elle ne put jamais s’y rendre. L’artiste prit un grand plaisir à représenter Buffalo Bill (portrait le plus connu du célèbre chasseur de bisons) et tous les acteurs du Wild West Show lors de leur venue en 1889.
Première femme artiste à recevoir la Légion d’honneur, Rosa Bonheur a su s’associer aux marchands et collectionneurs les plus éminents pour dominer le marché de l’art et conquérir son indépendance financière et morale.
Rosa Bonheur fut rapidement perçue comme un modèle à suivre dans la quête d’indépendance des femmes, et des artistes plus particulièrement. Articles et revues, françaises, mais surtout anglaises ou américaines, témoignent de cette force inspiratrice pour les générations futures.
La diffusion de l’image de l’artiste fut telle, qu’en plus de nombreux portraits peints, photographiés, ou gravés, l’œuvre de Rosa Bonheur tout comme son portrait, devinrent le sujet de ce que l’on appellerait aujourd’hui des « produits dérivés ».
C’est par son travail que Rosa Bonheur parvint avant tout à s’imposer comme l’artiste aux œuvres les plus chères de son temps. L’une des originalités de l’exposition consiste à présenter une importante sélection d’études et d’esquisses peintes et dessinées, permettant d’apprécier la part du travail, qui passe par le dessin, dans le processus créatif de l’artiste, virtuose et exigeante. Parmi les récentes découvertes, un dessin sur toile de plus de 4,50 de long provenant du château de By sera montré au public pour la première fois.
Son art et sa personnalité font résonner de nombreuses questions sociétales plus que jamais d’actualité : la place des femmes dans l’art et la société, la cause animale et sa place dans la ruralité et l’écologie.
L’exposition est accompagnée d’un catalogue qui est la première publication scientifique visant à donner une vision d’ensemble des multiples aspects de l’œuvre de Rosa Bonheur.
Dans l’exposition, des dispositifs de médiation particulièrement attractifs s’adressent au jeune public et aux familles.
Du matériel est à disposition pour inciter les enfants à regarder les œuvres avec attention et de dessiner ce qu’ils ont retenu.
Plusieurs parcours sont également proposés grâce à des cartels enfants. Un parcours à découvrir en autonomie pour les enfants à partir de 8 ans et un parcours pensé pour aider les parents à guider le regard des plus petits entre 3 et 7 ans.
En plus des cartels, un espace de médiation conçu pour les enfants est proposé sous forme de quizz.
Ces expériences permettent aux enfants de rentrer encore un peu plus dans l’univers de l’artiste.
Enfin, un audioguide spécifique accompagne les enfants à partir de 6 ans.
Commissariat : Sophie Barthélémy, directrice du musée des Beaux-arts de Bordeaux ; Sandra Buratti-Hasan, conservatrice, directrice-adjointe du musée des Beaux-arts de Bordeaux ; Leïla Jarbouai, conservatrice en chef au musée d’Orsay ; Avec la collaboration de Katherine Brault, présidente du Château Musée Rosa Bonheur, assistée de Michel Pons.
Olivia Bellin- Zéboulon
Du 18 octobre 2022 au 15 janvier 2023
Musée d’Orsay, 1 rue de la Légion d’Honneur 75007 Paris
Ouvert tous les jours, sauf le lundi – De 9h30 à 18h, et le jeudi jusqu’à 21h45