L’année 2022 marque le centenaire de la naissance du maître de l’abstraction et du pliage Simon Hantaï. Pour célébrer cet anniversaire, la Fondation Louis Vuitton a souhaité rappeler à notre souvenir l’œuvre de cet artiste peintre, trop peu connu, qui fascinait par sa singularité et sa diversité technique avec une exposition hommage magistrale.
Présentée par la commissaire générale Anne Baldassari comme une rétrospective organisée sur trois niveaux, elle expose près de 130 travaux, surtout des toiles, pour la plupart monumentales et inédites.
Ses pièces rares ont pour la plupart étaient réunies et prêtées à cette occasion par la proche famille de l’artiste (sa femme et ses enfants) et par les Archives Simon Hantaï, mais sont aussi issues de quelques collections privées.
Pensée pour être lue de bas en haut (du niveau -1 au niveau 2 du bâtiment) qui correspond à une lecture chronologique de son œuvre, elle donne à voir toutes les étapes de sa peinture, en insistant sur l’après 1960 avec l’invention du pliage, cette méthode toute particulière de peinture à l’aveugle qui laisse le hasard des plis s’exprimer :
« Quand je plie, je suis objectif et cela me permet de me perdre. »
Au niveau – 1, 8 espaces présentent ses premiers pliages dont le potentiel n’était pas encore tout à fait conscientisé par l’artiste, mais aussi : le Grand Livre des petites peintures ; quelques œuvres annonciatrices de ses méthodes à venir, qui s’inspire de la technique du dripping de Jackson Pollock dont l’une des œuvres : Number 26 A, Black and White est exposée en dialogue avec le travail d’Hantaï ; la série Des Mariales, des Catamurons, des Panses, des Blancs ainsi que des Meuns et des Études qui trônent aux côtés d’une Algue et d’un Nu bleu en papier découpé d’Henri Matisse, dont la technique a considérablement inspiré le pliage d’Hantaï.
Le niveau 0 est dédié aux Tabulas, ces immenses toiles souvent monochromes dont le dispositif de pliage au moyen de liens serrés au verso est nouveau et constitue un aboutissement des recherches techniques d’Hantaï. On y trouve aussi une œuvre éphémère intitulée Mur(s) pour Simon, travaux in situ et en six mouvements réalisée par Daniel Buren en hommage à Hantaï qui est aussi visible à l’étage supérieur.
Enfin, le niveau 1 qui conclut l’exposition se scinde en 3 espaces.
Le premier d’entre eux tout en noir et blanc réunit les Études, Laissées et Sérigraphies.
La deuxième salle dite « dernier atelier » accueille les « pliages-drippés » que le peintre a réalisé alors qu’il s’était retiré de la scène publique en 1982 et qui constituent « une culmination de l’art du peintre » pour la commissaire générale, mais aussi des oeuvres inconnues où l’artiste s’amuse à délibérément dérégler et réinventer sa propre méthode.
Puis, c’est « l’extinction de la couleur » avec les deux dernières salles qui exposent des travaux de Buren et Michel Parmentier qui rappellent Les Tabulas Lilas d’Hantaï clôturant l’exposition aux cotés des Suaires et des Buées: les dernières œuvres de l’artiste. À l’image de cette toile qu’il n’a cessé de plier, tordre et froisser tout au long de sa carrière, ces œuvres sont entièrement blanches, presque transparentes.
Manuella Sorin
Jusqu’au 29 août 2022
Fondation Louis Vuitton, 8 avenue du Mahatma Gandhi, 75016 Paris
Du mercredi au lundi de 11h à 20h (21h le vendredi) – Fermée le mardi