Leur biographie fait mention d’un Girls Band Old School qui casse les codes avec grâce. C’est on ne peut plus vrai. Ce trio franco-belge se définit comme libre, sauvage et raffiné. Il manque à cette définition le mot « lumineux » car les trois demoiselles dégagent tant dans leur travail que dans leur vie un quelque chose de totalement solaire. Souriantes, attentives, disponibles, d’une humilité et d’une gentillesse incroyables, elles enchainent les concerts depuis 4 ans. Vents d’Orage vous rend compte de sa rencontre avec Sirius Plan à l’occasion de leur passage parisien. Elles nous parlent de leur rencontre musicale et humaine, des concerts, de leur nouvel album et d’autres jolies choses encore :
Vents d’Orage : Comment s’est passée la rencontre des Sirius Plan ?
Skye : Je connaissais la chanteuse américaine Beverly Joe Scott qui m’avait conviée à plusieurs reprises pour faire sa première partie. J’avais invité Claire à l’un de ses concerts au Zèbre de Belleville à Paris. Claire travaillait à ce moment-là sur les arrangements chœurs de mon album de reprises « All my tears ». Ce fut l’occasion de découvrir Gaëlle qui assurait la batterie de Beverly et nous avons été très impressionnées par son niveau alors qu’il ne s’agissait que de son deuxième concert derrière cet instrument.
Claire : Suite à une autre prestation de Beverly à Paris, nous nous sommes retrouvées dans une chambre d’hôtel. Nous avons immédiatement eu envie de tenter un truc ensemble. Ce fut comme une évidence tant nos voix se sont placées naturellement. L’harmonie était là. Nous nous sommes regardées avec le sentiment partagé d’une révélation qui allait nous conduire à faire un bout de chemin ensemble.
S : J’étais un peu fatiguée d’avoir joué seule ou au sein de projets qui n’était pas le mien pendant 7 ans. Un journaliste a adoré ce que nous faisions au point de vouloir faire une vidéo de notre reprise de « Teardrop » des Massive Attack. Une grande radio belge, Classic21, s’en est emparée comme single et nous avons immédiatement été sollicitées pour des concerts en Belgique.
Vd’O : Le live au cœur de votre envie ? La raison d’être du projet ?
S : Le live, c’est le biais par lequel le projet est né. Il nous a permis de nous connaitre et quelles que soient les mauvaises nouvelles, les difficultés, nous savons que l’instant sur scène sera magique.
C : Le disque ressemble à ce que nous sommes sur scène et nous avons d’ailleurs enregistré l’essentiel en configuration live.
Vd’O : Jusqu’ici vous semblez vouloir privilégier le minimalisme aux productions emphatiques, comme beaucoup d’artistes à notre époque. Pour vous c’est un choix musical visant à mettre en avant les harmonies de voix ?
S : Quand tu penses à la production d’un album, tu projettes des arrangements, une réalisation avec tout un tas d’instruments. La difficulté tient ensuite au fait que tu doives défendre le disque en live en n’ayant parfois pas de gros moyens. Le public peut se trouver déçu de ne pas retrouver dans son entièreté ce qu’il aura aimé sur le disque. Comme la musique de nos pères qui est celle que nous souhaitons remettre au goût du jour, il n’y a que peu de contributions additionnelles.
Vd’O : Sirius Plan est friand de covers sur scène mais ce premier LP en contient peu… Envie de dire un peu plus qui vous êtes et ce que vous savez faire ?
C : Il y en a deux, l’un en français, l’autre en anglais. Une manière de faire le pont entre les deux cultures qui nous ont forgées. Une chanson de Johnny Cash qui représente notre amour de la musique américaine et « La complainte de la butte ».
S : Deux manières de faire du blues, au-delà des différences qu’induisent ces deux langues. Hors de question de choisir entre notre père et notre mère !
Vd’O : Coutumières des invités sur scène au nombre desquels Emmanuel Moire ou bientôt JP Nataf des Innocents, vous appréhendez Sirius Plan comme une plateforme musicale ? D’autres noms que vous rêvez de convier on stage ou même en studio ?
C : Les collaborations ne sont que la continuité de notre rencontre toutes les trois. Donc oui nous aimons sortir et aller au contact.
S : Si on n’a pas de plaisir à échanger dans la musique, c’est un peu triste. Nous souhaitons aussi sortir des clivages. Peu importe le mouvement musical duquel sont issus les artistes avec qui nous partageons un moment sur scène. Avec chacun nous sommes persuadées que de belles choses en sortiront.
C : Les musiciens sont en train de mettre de grands coups de pied dans les barrières qu’on leur a imposés.
Vd’O : Pour en revenir aux covers, celles-ci sont très éclectiques…
C : Cela n’a pas été si évident de trouver quelles chansons nous aimerions reprendre ensemble malgré des goûts pour partie communs. Mais un trajet jusqu’à Montpellier où nous écoutions la radio, nous a permis de trouver les titres que nous avions envie de jouer toutes les trois. Parfois ça ne fonctionne pas et nous n’insistons pas. Mais le plus souvent nous transportons la chanson dans notre univers et y prenons un plaisir incommensurable.
Vd’O : Alors, ce nouvel album enregistré aux Etats-Unis ? Une étape plus significative que la sortie de votre premier EP il y a 3 ans ?
S : Avec le EP nous ne savions pas encore vraiment comment nous avions envie de sonner en studio.
C : Une occasion s’est présentée lors de notre voyage en Alabama aux côtés de BJ Scott et nous ne pouvions pas manquer l’opportunité de réaliser ce disque là-bas. Ça aurait pu être ailleurs mais nous avons saisi cette opportunité que nous offrait la vie.
S : Nous, Européennes, avons plongé nos pieds nus dans la boue marécageuse, en travaillant avec des musiciens du cru qui vivent la musique dans leur quotidien, au-delà du métier qu’ils peuvent exercer. Sirius Plan a adopté
C : Si cet album devait être une couleur, ce serait le doré. Reflet de terre mais aussi de la luminosité qui baigne l’endroit. Un truc très organique mêlant le blues et l’espoir. Une tranche de vie très intense.
Vd’O : Autre chose que vous aimeriez nous dire ?
S : Je crois que Sirius Plan nous permet d’apprendre plus et plus vite malgré le fait de ne pas être signées en label ou distribuées en France. En Belgique, l’accueil a été différent, nous avons été soutenues dès le début. Les refus que nous avions essuyés parce qu’on ne savait pas dans quelle case nous mettre, nous ont donné beaucoup de liberté. La liberté de tout faire par nous-mêmes à la manière dont nous avons envie de le faire, un artisanat qui nous convient bien.
C : Et cette liberté nous autorise aussi une plus grande proximité avec notre public. Un engouement et une forme de solidarité avec les spectateurs et avec les artistes qui fait chaud au cœur en ces temps troublés où tout le monde a « besoin de gros câlins » !
Vd’O : L’harmonie de voix, des vôtres en particulier, amène nécessairement à penser à une transcendance, une connexion avec « ce qui se passe là-haut » ?
S : Nous sommes totalement connectées à ça et nous en parlons. Dans notre travail comme dans notre attitude, nous avons le souci de la bienveillance, de la joie, du partage… Essayer de toucher au divin, d’une certaine façon.
C : Chaque jour nous prouve que notre rencontre n’a rien du hasard. Il y a un propos, une intention qui a pour vocation de nous guérir, chacune, et de faire du bien aux autres. Généralement tu rencontres des gens qui deviennent tes amis et tu décides de faire un groupe avec eux. Notre histoire se raconte un peu à l’envers.
S : Sur scène, avec ces deux filles-là, je sais qu’il ne peut rien m’arriver de négatif. Il se passe un truc unique tant entre nous qu’avec le public.
C : Nous apprenons à donner et à recevoir. Une source de joie immense.
Nouvel album de Sirius Plan « Dog River Sessions » disponible partout
En concert le mardi 24 mai à la Scène du Canal de l’Espace Jemmapes, Paris 10, avec comme invité spécial JP Nataf (Les Innocents). Première partie : Delmar
David Fargier – Vents d’Orage