C’est un spectacle touchant que nous livre Pauline Ribat avec « Tout commence toujours par une histoire d’amour » qu’elle joue en ce moment au Théâtre de Belleville.
Sur le plateau, l’actrice seule en scène, incarne le personnage qu’elle a écrit : Mademoiselle R., une jeune femme qui tente de reconstituer le puzzle de la disparition de son père, ce grand blond au regard bleu turquin.
Après avoir distribué les rôles des membres de sa famille dans le public à qui elle s’adresse, elle déploie son récit au rythme des servantes qui s’allument et s’éteignent à 7 reprises… le chiffre clé.
Tout commence par la rencontre de ses parents, Ruby et Jonathan, dans un cours de théâtre.
Puis, très vite vint l’idylle naissante.
Et, la naissance des enfants : mademoiselle R. et sa soeur.
Jusqu’à l’emménagement de la famille désormais constituée, dans la maison aux volets rouges, où la petite fille ne vivra que quelques mois, avant la première déchirure. Celle dont elle ne s’est jamais vraiment remise : le divorce de ses parents et le départ de son père.
Comment cette disparition est-elle vécue par un enfant et comment évolue-t-elle dans le temps ? À 7 ans, puis à 14 ans, puis à 21 ans ?
En traversant tous ces âges, par le moyen de souvenirs, photos de famille, dessins d’enfance, qui sont tantôt relatés et joués, tantôt projetés en mapping ou dispersés dans le décor, Pauline Ribat nous offre une parole intime, qui se donne comme challenge de raconter l’absence :
« Parfois, quand je regarde mon visage dans un miroir, je me vois, et, je la vois – elle – nichée au creux d’une ridule, tapie au fond d’un regard. Je décèle sa trace, je reconnais son empreinte. »
Pour rembobiner cette histoire d’amour justement, en retrouvant son regard (et son lexique) d’enfant, l’actrice a effectué un travail d’enquête qui se ressent. Notamment, en allant échanger avec des écoliers, pour s’inspirer de leurs singulières manières d’appréhender et de retranscrire les grands événements de leurs vies.
Les mots de Pauline Ribat sont d’une grande douceur.
Si vous ne pouvez pas aller les écouter à Paris avant le 30 juin, le spectacle se jouera au 11 à Avignon cet été, pendant toute la durée du festival.
Manuella Sorin
Crédit photo : Christophe Raynaud de Lage
Jusqu’au 30 juin 2022
Théâtre de Belleville, 16, Passage Piver, 75011 Paris
Du mercredi au samedi à 19h et le dimanche à 15h
Le texte a été publié aux Éditions Koïnè
Mise en scène, écriture et jeu : Pauline Ribat – Dramaturgie : Lise Werckmeister – Collaboration à la mise en scène : Lise Werckmeister et Baptiste Girard