Avec « C’est bizarre l’écriture », Les Déchargeurs proposent, comme à leur habitude, un spectacle de qualité et original. Conçu et interprété par Awena Burgess et Orit Mizrahi, d’après l’essai éponyme publié en 1970, le spectacle nous plonge dans l’univers de Christiane Rochefort, pionnière du féminisme. Un voyage sur l’écriture, dans l’univers iconoclaste, rageur, utopiste et poétique de l’auteure.
C’est sur une petite scène très intimiste, décorée de très nombreux objets des années 70, qu’Awena Burgess et Orit Mizrahi, ayant côtoyé Christiane Rocheford dans leur enfance, nous partagent leurs souvenirs.
A l’aide d’une grande feuille blanche, de feutres, d’un rétroprojecteur et de jeux de lumière subtils, les deux comédiennes nous emportent au rythme de leurs machines à écrire dans la vie de Christiane Rochefort. Elles nous rappellent ainsi ses jeux d’écriture si particuliers, son processus singulier de création littéraire … tout cela accompagné par les sons d’époque de Bob Dylan, des Beatles. Un voyage dans le temps, pas si lointain, à une époque où avec anticipation Christiane Rochefort abordait des thèmes toujours d’actualité : l’émancipation des femmes, la sexualité libre, l’urbanisme, l’écologie, …
La mise en scène est très dynamique mais j’avoue avoir été parfois un peu perdue dans cet univers insolite, où se côtoient des extraits de l’œuvre, des témoignages de proches. Peut-être ma connaissance limitée de l’auteure a-t-elle altéré mon appréciation ?
Mais au fait, connaissez-vous Christiane Rochefort ? L’écrivaine, ou plutôt « l’écrevisse », terme qu’elle utilisait puisqu’à l’époque, l’équivalent féminin d’écrivain n’existait pas, semble s’être éclipsée de nos références littéraires. Et pourtant, Christiane Rochefort, c’est une figure atypique de la littérature du dernier quart du vingtième siècle. Celle qui aimait trouver LE mot juste fut deux fois lauréate de prix littéraires prestigieux : Le Repos du Guerrier, prix de la Nouvelle Vague en 1958, et La Porte du fond, Prix Médicis en 1988.
Ce spectacle fut donc une intéressante découverte. C’est avec beaucoup de talent et un enthousiasme marqué qu’Awena Burgess et Orit Mizrahi nous font (re)visiter une auteure visionnaire et engagée. Cette représentation donne véritablement envie de se (re)plonger dans la lecture des œuvres de cette femme libre.
Valérie Baudat
photos : Justine Bourgade.
C’est Bizarre l’Ecriture
Tous les lundis à 19h.
Jusqu’au 27 avril 2020. Relâche les 2 mars et 6 avril.
Théâtre Les Déchargeurs, 3 rue des déchargeurs – 75001 Paris
Durée : 1h15