Teva VICTOR, tailleur de pierre UN-Terre-connecté

Au commencement la volcanique Bora-Bora, comme son légendaire nom tahitien Pora-Pora l’indique, serait la première née de l’océan. Dans la tradition cosmogonique Maohi, c’est invariablement l’humanité qui découvre sa terre. Teva Victor au-delà de son enfance sur un de ses îlots coralliens, l’a aussi découverte et choisie dans toute son émotion tellurique. Riche d’une éducation où l’apprentissage de l’observation fut un des piliers, il a su à son tour dans l’insularité de son univers terrestre, tel le peintre et poète William Blake, « voir le monde dans un grain de sable… et tenir l’infini dans la paume de la main».

Tout jeune, ses premiers gestes de sculpteur ont résonné jusque dans les racines de cette île mythique, d’abord dans l’improvisation d’un tournevis et un marteau trouvés là, sur des tronçons de cocotier inanimés malmenés par un cyclone afin de leur donner un nouvel élan vital puis au fil du temps, ayant diversifié ses anticonformistes outils, sur la roche magmatique venue du fond des âges.

Bien plus qu‘un métier, son dialogue avec la pierre est une philosophie chaque jour remise en question dans son rapport à l’être et au minéral, pourrait-on dire un cheminement vers la pierre philosophale, celle cachée tout au fond de soi. Teva, animiste, en toute humilité se conçoit comme un élément du tout.

Bienvenue sur l’exolune Pandora car de cette osmose nait des roches flottantes où les consciences se rejoignent. Magritte lui-même a abordé picturalement le sujet laissant l’imagination faire le reste. Ici et maintenant, dans l’atelier de Teva, hors des contingences temporelles, la force et la beauté du basalte taillé dans lequel l’artiste insuffle sa gratitude et sa sagesse, trouble, hypnotise, élève notre regard.

Un face à face où l’action lapidaire du statuaire a révélé l’humanité du monolithe. Il cherche comme Rodin avant lui à « découvrir le caractère, c’est-à-dire la vérité intérieure qui transparaît sous la forme ». L’art ne s’amorce qu’avec cette vérité.

Chaque œuvre est un cycle. Il commence toujours de la même manière par une rencontre entre l’artiste et la roche au cours de ses pérambulations dans cette nature sauvage polynésienne qu’il connaît si bien. L’approche est visuelle, tactile, auditive, les sens guident le choix. Cependant la pierre a la possibilité de refuser l’invitation. Teva lui parle, la caresse, la ressent jusqu’à en sentir une joie partagée, l’approbation ou la neutralité.

Sauf si négativité ressentie, elle se retrouve alors quelques kilomètres plus loin dans son atelier à ciel ouvert au fond d’une vallée de Tahiti où deux majestueux manguiers en garde le seuil tels de « vivants piliers »… S’ensuit la simplicité maitrisée d’une esquisse de mise en espace par 3 traits, ni plus, ni moins. La pierre brute est ainsi tracée, le travail que Teva qualifie « d’équipe » se met en place au diapason de la materia prima.

L’outil du sculpteur pénètre enfin la pierre, juste une partie seulement lui laissant respectueusement une part originelle en confiant qu’elle aura toujours le dernier mot. La sensualité du geste accompli dans une altérité affirmée renvoie à cette idée que les contraires se complètent : le froid, le chaud, le vivant, le minéral, le doux, le rugueux, le spirituel, le terrestre, l’homme, la femme. Teva n’est jamais seul dans ses actions de métamorphose, il est rempli de sa muse à l’instar de cette photo où leur 2 profils en ombre chinoise se répondent et fusionnent en formant l’athanor symbolique de son énergie créatrice.

Acquérir une œuvre de Teva Victor c’est acquérir tout cela. C’est acquérir de l’amour, de la sincérité, de la sérénité et tellement de maîtrise dans son art. C’est acquérir un fragment du ventre de notre Terre mère, de sa bienveillance, de son respect et tellement d’histoires oubliées à se raconter.

Aux quatre coins du Monde, de nombreux collectionneurs dans une approche muséale ou personnelle se sont déjà enrichis de ces œuvres tantôt monumentales, tantôt confidentielles, toutes universelles dans leur message et merveilleusement contemporaines dans l’épure de leur traitement.

De pluie, de vent et de soleil, le rendez-vous s’achève sur un improbable arc-en-ciel.

Au fait, Teva Victor est le fils de Paul-Emile et de Colette.

Teva Victor

Polynésie Française

Travaille aussi sur commande et exporte à l’international

Site : www.tevavictor.com

FB : Teva Victor

Instagram : Teva VICTOR

Texte et photos : Valmigot

photo « ombres chinoise » : fond Teva Victor