Avant d’être le titre du dernier film signé Irina Tsilyk, « La Terre est bleue comme une Orange » est le nom d’un poème écrit par Paul Éluard en 1929.
L’image de la Terre céleste y est utilisée comme métaphore de la femme que le poète considérait comme centrale, dominante et nécessaire à l’inspiration artistique. C’est au nom de cette idée mais aussi parce que ce sont des « choses qui ne peuvent pas être combinées ensemble et qui le sont pourtant » que la réalisatrice ukrainienne a choisi d’emprunter ces mots à Éluard pour titrer ce documentaire produit en 2020, qui sortira au cinéma le 8 juin prochain.
Le film saisi en immersion la vie d’Anna, une mère de trois enfants : Myroslava, Anastasiia et Vladyslav, figure de bravoure puisqu’elle a refusé de quitter son pays et ses proches malgré la guerre du Donbass qui s’y joue.
Tsilyk rencontre les membres de cette famille qui vit à Krasnohorivka, une ville très proche du front, en 2017 et tombe immédiatement sous son charme. Elle est particulièrement troublée et touchée par leur capacité à continuer à vivre pleinement presque heureusement alors que la mort est ambiante et omniprésente dans leur quotidien qui est rythmé par le son des explosions.
Loin d’avoir perdu leur appétit de vivre et leur ambition, ils transforment leur maison en un plateau de tournage et entame la réalisation d’un film amateur sur les coulisses de ce conflit militaire, dans l’espoir que Myroslava parvienne à décrocher une bourse et réussisse à devenir camerawoman comme elle en rêve.
Ce film, qui pouvait difficilement être plus à propos, est à la fois un témoignage historique sur la vie des civils qui restent in situ en temps de guerre et une réflexion sur le pouvoir guérisseur de l’art. En l’occurrence, il semble permettre à cette famille d’accepter la réalité en la mettant à profit et à distance, comme pour s’échapper explique la réalisatrice :
« L’art a un pouvoir : il permet de briser la glace et nous aide à guérir des traumatismes. Il témoigne de tout ce qui est drôle et joyeux au milieu de l’obscurité de la guerre. »
Manuella Sorin
Au cinéma le 8 juin 2022
Durée : 1h14 – VO sous-titrés
Distribution :
Réalisatrice et auteure : Iryna Tsilyk
Protagonistes : Anna Gladka, Myroslava Trofymchouk, Anastasiia Trofymchouk, Vladyslav Trofymchouk, Stanislav Gladky, Olena Gladka, Olga Gladka et Danylo Dydenko
Directeur de la photographie : Viacheslav Tsvietkov
Ingénieurs du son : Iryna Okhota et Mykhalo Nikolaiev
Concepteur sonore : Jonas Maksvytis monteurs Ivan Bannikov & Iryna Tsilyk
Mixeurs : Iveta Macevičiūtė et Julius Grigelionis
Étalonneur : Jonas Sunklodas
Productrices : Anna Kapustina pour Albatros Communicos (Ukraine) et Giedrė Žickytė pour Moonmakers (Lituanie)