Ces boîtes sont scellées. Impossible de les ouvrir, mise à part avec les clés du temps. Enrobées de questions, elles sont mystérieuses et leurs contenus, impassibles. En fait, elles sont destinées à patienter encore 25 ans.
Nous voici maintenant en 2045, quelles sont les nouvelles ?
C’est le temps qui répond, il dit qu’il est l’heure. Le tapis rouge est déployé et l’ouverture des 17 Time Capsule fait l’objet de tous les regards. Sous une pluie de points d’interrogation, les réactions sont vives, on se demande « pourquoi ? », ou au contraire, on fait mine de « comprendre ». Pour tout vous dire, ces œuvres sont étranges, elles paraissent être le témoignage d’un temps où le monde souffrait d’anxiété, de mal politique et écologique. Quelle drôle d’idée ! Ce concept est fort, on a l’impression directe que ces boîtes nous parlent.
En réalité, en ouvrant ces capsules, un dialogue temporel et ambigu était bel et bien né. En cela, la boîte n’était rien d’autre qu’une enveloppe symbolique et dans son intérieur, on y avait placé des sortes d’empreintes, sans doute celles du temps. Il s’était figé, il s’était adressé au futur, à l’inconnu, et parfois même il s’était interrogé sur le présent/passé dans une temporalité brouillée, fantasmatique.
Mais par-dessus tout, il y a la recherche, une sorte de soif inaltérable qui vise à tenter de comprendre le monde qui nous entoure et à l’affronter dans un jeu d’altercation des pensées par le phénomène du temps. En l’an 2021, il est clair que les 17 artistes qui ont été invités à placer des œuvres connues d’eux seuls n’avaient absolument aucune idée des trajectoires méta-artistiques qu’allaient prendre leurs productions 25 années plus tard. De même, certains, l’avaient sans doute conçu en ignorant totalement l’état dans lequel leur œuvre allait réapparaître. Comme un corps qui porte les traces et les rides du temps qui passe, ils ont certainement dû se demander si le matériel était soumis aux mêmes variations ? En 2045, alors que tout est différent (ou pas tellement), comment interpréter cette archéologie capsulaire ?
Avec les « Capsules de temps » de : Renaud Auguste-Dormeuil, Keren Benbenisty, Christophe Berdaguer, Joi Bittle, Charbel-Joseph Boutros, Julia Dyck, Maira Dietrich, Daniel Frota, Mark Geffriaud, Kenneth Goldsmith, Paula Hayes, Zoé Leonard, Falk Messerschmidt, Gala Porras-Kim, Suha Traboulsi, Yann Sérandour, Pedro Zylbersztajn.
Toujours est-il que ces capsules ont été accompagnées d’une série de pièces sonores imaginant cette même année ; elles sont crues comme subtiles et poétiques, elles donnent l’impression de fiction spéculative. Le plus inédit, réside beaucoup dans le support. Des inscriptions K7, CD, Mp3, vinyle, c’est très impressionnant.
Il semblerait que les aiguilles du temps aient une nouvelle fois tournées, elles invitent à rejoindre la fameuse quête. D’ici les 25 années à venir, cette exposition sera l’occasion de voyages et d’évolution dont le premier rendez-vous est donné aux Beaux-Arts de Paris. Dans le cadre du Théâtre des expositions Actes 2, les Time Capsule seront exposées mais aussi accompagnées d’autres prestations.
En attendant plus de détails sur le déroulé de ce fabuleux projet mené par Art by Translation et Lab’Bel (Laboratoire artistique du groupe Bel), vous pourrez retrouver toutes ces informations en cliquant directement sur ce lien : https://www.beauxartsparis.fr/fr/exposition-simple/le-theatre-des-expositions
Irina Bengouirah