V.W. Une chambre à soi : La pugnacité d’une femme

C’est la première représentation de 2020, mais Nathalie Prokhoris n’a pas peur, elle connaît son texte sur le bout des doigts, et habite son personnage comme s’il s’agissait d’elle-même. En réalité, V.W. Une chambre à soi a déjà été joué des dizaines de fois par la comédienne, puisque la pièce a été montée en 2013 pour le festival Off d’Avignon.

Ce mois-ci ce sont les planches du théâtre du Local qui accueillent la comédienne de la compagnie trois six neuf dans une mise en scène de Marie-Paule Ramo. Douze représentations sont données du 10 au 27 janvier, dans ce petit théâtre de quartier. La pièce s’inspire de l’essai A Room of One’s Own publié en 1929 par la romancière Virginia Woolf. Son ouvrage fait suite à deux années de conférences à l’université de Cambridge où elle tente de comprendre les facteurs qui ont empêchés la femme d’occuper une place importante dans la littérature. Après une longue enquête sur les conditions et les possibilités qui leurs sont laissées à l’époque, la romancière affirme que si une femme veut réussir, elle doit posséder de l’argent et son espace personnel : une chambre à soi.

Sur scène on remarque un décor épuré avec pour élément principal une malle cabine sur laquelle repose un parapluie bleu. Ce dernier sera utilisé à chaque fois que Virginia se rend à Londres, puisqu’elle alterne son récit entre la capitale et les autres villes d’Angleterre. Entre fiction et réalité, Nathalie Prokhoris nous plonge dans la Grande-Bretagne des années 20, et le combat érudit d’une femme pour écrire. Elle nous mime avec humour et légèreté les conditions austères d’une étudiante à cette époque, dont une scène très juste au réfectoire de son collège où elle se désespère devant des pruneaux filandreux. Elle retranscrit sur le même ton sa difficulté à accéder aux bibliothèques, le discours décourageant des hommes à son égard, et l’injustice dont elle est victime.

L’adaptation théâtrale de Marie-Paule Ramo apporte force à cette fragilité, grâce à son style bien trempé. Un siècle plus tard cet essai résonne encore avec les combats qui sont menés aujourd’hui pour une égalité des droits hommes femmes.

Violette Engrand.

V.W. Une chambre à soi

12 représentations du 10 au 27 janvier : vendredi à 20h30, samedi à 19h, dimanche à 17h et lundi à 19h.

Le Local théâtre, 18 rue de l’Orillon – 75011 Paris