Valérie Honnart
Récemment Valérie Honnart nous a présenté un travail contenant des éléments de biographie avec une partie personnelle se référant à son parcours. Mais comment en est-elle arrivée là ?
Tout d’abord la sensibilité de l’artiste se retrouve dans ses œuvres à chaque exposition, tout comme les expériences complexes qui en découlent. On notera onze années passées à Rome, six années à Hong Kong et trois années à Pékin, où les techniques picturales locales n’ont cessé d’imprégner sa peinture.
L’indépendance et l’intériorité sont les maîtres mots de ses créations. Les temps passés seule sont essentiels pour amener l’esprit vers l’inspiration. C’est dans ce travail intensément personnel que Valérie Honnart s’approprie le plaisir de son métier d’artiste.
Les espaces entre les choses, les corps, ainsi que les relations qu’entretiennent les individus entre eux sont les sujets auxquels l’artiste ne cesse de se confronter. De ses cheminements, Valérie Honnart en tire des leçons et des expériences multiples et c’est avec eux qu’elle souhaite témoigner. La vie en Chine est un bon exemple de son étude du vivant. Valérie y dépeint un environnement en retrait et parfois en confrontation avec l’individu, comme dans ses travaux sur les pierres de rêves et le mythe de Sisyphe. Les recherches expressionnistes de l’artiste prennent forme dans ses œuvres dans lesquelles se retrouve cette même exploration des êtres et des choses toujours fluctuants.
Qualifiée « d’ar(t)briste » par Claude Mollard avec lequel elle a travaillé, Valérie Honnart traite l’arbre comme sujet de mémoire étant à l’origine de toute forme de vie. Ainsi, les êtres se mêlent aux racines comme aux branches, laissant place à la poésie.
L’utilisation de mythes permet d’exprimer les idées de l’artiste dans une réflexion transformée et un contexte plus global. Le mythe de Sisyphe, création faite en plexiglas et exposé à Shanghai et Paris en 2015, met en scène l’absurde ; des hommes condamnés à pousser une pierre éternellement dans les montagnes. Le mythe remet ainsi en cause la condition humaine et son (dys)fonctionnement. D’autres mythes ont été utilisés, la sculpture en bronze de Perséphone dans l’exposition la XII casa ainsi que le dispositif Orphée, sonore et visuel, qui abordent les thématiques d’Orphée et d’Eurydice. Le livre d’artiste Hémon paru le 15 mars dernier, reprend le mythe d’Antigone illustré de gravures de l’artiste et du texte écrit par Bernard Fournier, ce qui permet d’intégrer la narration et présenter le travail pictural sous une autre forme.
Les éléments de composition des toiles sont travaillés et choisis avec minutie. L’utilisation du thé rouge sur de la soie pour un rendu orangé donne un aspect vivant et parfois très coloré. D’autres végétaux sont présents sur les œuvres afin d’élargir les teintes. L’application de l’encre de chine se retrouve sur les toiles en soie, avec un travail du dessin sur un autre support au préalable. Les matériaux tels que l’huile, la cire ou la laque sont également présents ce qui nous donne un aperçu du travail réalisé lors des phases de préparations.
En état de déséquilibre, attentive aux relations/non relations, coupures, césures et blessures humaines, éternelles ou temporaires, Valérie Honnart se forge une signature singulière qui ne peut se faire ressentir qu’au travers d’ une pleine confrontation avec ses œuvres. Sa série de dessins à l’encre de chine témoigne de cette atmosphère de peur archaïque en analogie à la foret, entre migration forcée et traversée aléatoire.
Justine Couaillac, étudiante en Médiation Culturelle et Langues Étrangères Appliquées