La vie après la vie 5/6
Geneviève Delpech, artiste peintre, écrivain et médium
Vents d’Orage : Quand est apparue cette capacité si particulière dont vous témoignez dans votre ouvrage « Le don d’ailleurs » ?
Geneviève Delpech : Depuis ma tendre enfance. Je n’ai pas souvenir de ne pas avoir eu ce don même s’il s’est intensifié à la puberté. Ce sujet faisait partie de mon quotidien et ne constituait pas un sujet tabou dans ma famille. Ma grand-mère possédait elle aussi cette capacité. Elle évoluait dans un milieu très mondain où des gens très célèbres comme Cocteau ou Picasso venaient se faire tirer les cartes. J’ai des souvenirs très précis de voyance ressentie par ma sœur, également.
VdO : Ce don se manifeste de multiples manières…
GD : Effectivement. Je vois les défunts, le plus souvent quelques mois après leur disparition. Ils apparaissent tels des hologrammes au pied de mon lit, venant porter un message avant de s’évaporer, si je puis dire. Par ailleurs je suis sujette à des flashs qui peuvent retracer des faits passés, parfois annoncer des événements futurs. Cela peut être par des phrases qui émergent dans mon esprit mais dont je sais qu’elles ne sont pas le fruit de ma pensée, cela peut être un film devant mes yeux ou le plus souvent une claire-audience, et dans ce cas, toujours de l’oreille gauche.
VdO : Pourquoi avoir eu ce don pendant si longtemps, alors que parait aujourd’hui votre ouvrage et que vous participez même à des conférences aux côtés du Dr Charbonier ?
GD : Je me suis toujours refusée à en faire commerce. Ce n’est pas mon métier et je ne pourrais pas recevoir une dizaine de personnes chaque jour pour leur annoncer bonnes ou mauvaises nouvelles. En outre ce don peut s’avérer envahissant, pénible en particulier si la vision concerne la mort d’une personne, la maladie ou une catastrophe à venir. Au point de vouloir rejeter ce don. Il m’est arrivé de supplier que ça s’arrête. D’où mon désir de maintenir l’information dans un cercle restreint et de le mettre à profit seulement dans des cas particuliers, par exemple dans le cadre d’une collaboration avec les services de police pour tenter de retrouver des personnes disparues. Le Père Brune m’a convaincue de l’intérêt de publier mon histoire dans ce livre. Il m’a écoutée très attentivement pendant deux heures, autour d’un café. Je lui ai conté l’essentiel qu’il trouva si extraordinaire qu’il me fallait le partager. Je ne suis pas encore très à l’aise pour m’exprimer en public mais j’y prends de plus en plus de plaisir car ressentant le bien, le réconfort que cela procure à l’audience.
VdO : Avez-vous mis à profit ce don pour sauver des vies ? Vous aviez entrevue la maladie de Michel, votre mari. Lui aussi vous fait-il parvenir des signes depuis son départ pour l’au-delà ?
GD : J’ai ressenti la maladie de Michel et lui en ai parlé pendant un an avant qu’il accepte de consulter. Son médecin pense d’ailleurs qu’un traitement plus précoce l’aurait sauvé. Bien des années avant, j’ai perçu une silhouette noire se pencher sur le berceau de notre enfant. Persuadée que mon bébé allait mourir dans la nuit, je me suis battue contre Michel et contre les urgentistes jusqu’à ce qu’un grand professeur intervienne et constate la réalité d’une menace mortelle. En ce qui concerne les signes en provenance de Michel, les enfants et moi-même en avons reçu dans les jours qui suivirent son décès, notamment des sms ou des messages vocaux sur nos téléphones portables. Puis pendant plusieurs mois, plus rien. Ce n’est que depuis quelques jours que je recommence à recevoir des messages, très beaux et empreints de beaucoup de sérénité et d’amour. Je sais qu’il a rejoint un monde merveilleux où il est parfaitement heureux et en paix.
VdO : Ce don de médiumnité et de voyance a nécessairement modifié vos croyances sur l’au-delà…
GD : Bien évidemment. Depuis longtemps j’ai cette chance de croire en une vie après la mort. D’autres expériences que la médiumnité ou la voyance sont venues conforter mes convictions. Une sortie du corps par exemple, qui n’intervenait pas dans le cadre d’une expérience de mort imminente, alors que j’étais en parfaite santé, assise dans mon jardin. Ce fut un moment extraordinaire où je me fondais dans le grand tout, l’arbre devant mes yeux, la fourmi qui y grimpait, une pierre… baignée que j’étais dans un océan d’amour et de compassion. Un instant furtif qui a bouleversé ma vie.
VdO : Vous dites dans votre livre vous tenir à l’écart des religions. Vous avez pourtant vécu un instant de grâce inouïe en présence de la Vierge Marie et vous vous êtes convertie à l’Eglise orthodoxe.
GD : Cela peut sembler paradoxal mais en réalité ce sont surtout les dogmes que je fuis. S’enfermer dans telle ou telle vision de l’Univers alors que l’on sait si peu de choses pour ne pas dire rien, ce n’est pas ma philosophie de vie. Mais je ne suis pas pour autant une anti religieuse. La vérité ne peut être approchée qu’avec la plus grande humilité, chaque confession pouvant détenir une partie de la réponse. Il est vrai que mon contact avec la Sainte Vierge lors de ses apparitions à Zeitoun, sous le dôme d’une église copte, fut également un moment inoubliable ayant marqué mon cœur au fer rouge. A cet instant je l’ai priée de guérir mon fils, souffrant depuis sa naissance d’un sévère souffle au cœur. A notre retour en France, nous apprîmes que mon vœu avait été exaucé.
VdO : Quelle explication donnez-vous à tout ce que vous avez pu vivre d’aussi extraordinaire dans ce parcours de vie ?
GD : Aucune si ce n’est que nous ne percevons qu’une partie infime de la réalité du Monde. Et que la vie et l’amour sont partout, par-delà les barrières de l’espace et du temps.
VdO : Au point d’apprivoiser vos angoisses face à votre propre mort, face au deuil ?
GD : Comme tout le monde, j’appréhende ce qui peut précéder, la vieillesse, la dépendance, la maladie. Mais je suis totalement apaisée quant au passage de la mort elle-même. Je mentirais en affirmant que la disparition de mon mari n’engendre pas de la souffrance. Mais celle-ci trouve davantage racine dans l’absence, le fait de plus pouvoir le toucher. Je sais qu’un au-delà existe, que Michel est à proximité, « dans la pièce d’à côté » et que nous nous retrouverons au moment où je fermerai les yeux.
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Force est de constater que les convictions matérialistes ne constituent plus la seule hypothèse que l’Homme puisse envisager. Le Père François Brune fut un précurseur, l’Eglise catholique le mettant au banc des accusés lorsqu’il s’aventura sur le terrain glissant de la transcommunication instrumentale pour son premier ouvrage traitant de la survie de l’âme, « Les morts nous parlent ». Il accepte aujourd’hui ce rôle de grand témoin, lui consacra sa vie entière à défendre la foi dans son acception la plus pure.