Vieillir, c’est pas pour les mauviettes. Empruntée à la comédienne américaine Bette Davis (décédée en 1989 à 81 ans), cette citation sent le vécu ! Jacotte Sibre, qui sait parfaitement de quoi il est question, s’est intéressée à quatorze femmes entrées dans leur troisième vie, c’est à dire l’âge de la retraite.
Devant le téléphone portable négligemment posé sur un coin de table, qui filme et enregistre en se faisant oublier, toutes ont joué le jeu des propos à bâtons rompus et des paroles confiées sans directive particulière…
Jacotte a monté 14 vidéos de 8 minutes environ puis a réalisé les portraits artistiques, utilisant techniques et matériaux les mieux adaptés pour chacune. Le livre présente l’ensemble des œuvres, en regard de la transcription fidèle des propos enregistrés. Ces entretiens pourront vous faire sourire parfois, vous réjouir peut-être, vous émouvoir certainement. Vous y retrouverez probablement quelque chose de votre grand-mère, de votre mère, de votre sœur ou votre double…
Loin des injonctions de notre époque – jeunisme forcené, avant-gardisme débridé, obsolescence programmée – le projet s’intéresse à cette catégorie de la population dont le pouvoir d’achat fait l’objet de toutes les attentions publicitaires, mais à laquelle l’art contemporain s’intéresse trop peu.
L’exposition présente tous les portraits artistiques des femmes ayant participé au projet – des portraits de femmes entrées dans leur troisième vie – peintures, sculptures, gravures, dessins et volumes, soit une cinquantaine d’œuvres. Les films réalisés seront visibles sur des écrans individuels équipés d’écouteurs.
L’artiste :
Jacotte Sibre est née en 1942. Après une scolarité houleuse et passablement buissonnière, elle suit les cours de
l’Institut Français de la Photographie et crée avec son mari un studio de prise de vue de mode, entre 1966 et 1978.
Au printemps 1976, elle participe à une grande exposition de textile pour l’inauguration de l’installation à Nogent sur Marne, du Pavillon Baltard des halles de Paris ; elle y présente des marionnettes et des poupées de chiffon. S’intéressant beaucoup au théâtre, elle suit une formation de costumière et débute comme assistante déco-costumes à l’Opéra de Paris. Navigant du théâtre classique au théâtre contemporain, en passant par le cirque et l’opéra, elle nourrit son imaginaire de toutes formes d’art, auxquelles elle finit par s’essayer elle-même aux ateliers des Beaux-Arts de Paris : peinture pour débuter puis sculpture et gravure.
Dans ses créations, Jacotte n’hésite pas à utiliser les matériaux les plus variés (plâtre, carton, bois, textile…) et pratique beaucoup la gravure à l’eau forte, la peinture, la sculpture. Elle conçoit également, sur des thématiques diverses, de nombreuses installations éphémères. Jusqu’en 2002, elle partage son temps entre le costume de scène et sa propre production artistique, qu’elle expose en galeries et centres d’art.
En 2011, elle réalise une grande installation présentant des variations autour de sa vision très personnelle du manteau, allant de 4,50 mètres à 10 cm de hauteur. Cette « Manteaulogie », sera accueillie ensuite dans de nombreux musées et galeries à Paris, en région et à l’étranger (La Manufacture et le musée La Piscine à Roubaix, Japon…). En 2015, une des pièces remporte le prix de l’Art environnemental au Salon d’Automne de Paris.
Chaque année, elle ouvre les portes de son atelier parisien avec l’Association des Artistes de Belleville.
L’exposition est accompagnée de la sortie officielle du livre, publié aux éditions de L’œil de la femme à barbe qui organise aussi Vieillir, c’est pas pour les mauviettes…
Ghislaine Verdier
du 1er au 10 octobre 2021
Rencontres avec l’artiste le vendredi 1er à partir de 18h et les samedis et dimanche à partir de 15h
Galerie-atelier Ismaïl Yildirim – 52 rue Piat, 75020 Paris
Entrée
libre 7j/7 de 14h à 20h et sur rdv