Vivian Maier, une gouvernante américaine, photographe en cachette, est exposée au Musée du Luxembourg du 15 septembre 2021 au 16 janvier 2022, par Anne Morin, commissaire de l’exposition.
« J’ai parfois pensé que la nature d’une femme est comme une grande maison pleine de pièces : il y a le hall par lequel tout le monde passe pour entrer et sortir ; le salon, où l’on reçoit les visites officielles ; la salle de séjour, où les membres de la famille vont et viennent à leur gré ; mais au-delà, bien au-delà, il y a d’autres pièces, dont les poignées de porte ne sont peut-être jamais tournées ; personne n’en connaît le chemin, personne ne sait où elles mènent ; et dans la pièce la plus intime, le saint des saints, l’âme est assise seule et attend le pas de quelqu’un qui ne vient jamais. », Edith Wharton, La Plénitude de la vie, 1893.
Voici une citation qui représente parfaitement bien la vie de Vivian Maier. On a tous notre petit jardin secret, mais celui de Vivian Maier est bien plus original et fabuleux que le mien en tous les cas.
Vivian Maier est née en 1926 à New-York d’un père austro-hongrois et d’une mère française. Très vite, cette double culture l’influence particulièrement. Dès sa majorité, elle commence à travailler comme jeune fille au pair dans des familles aisées. En 1951, elle acquiert son premier appareil photo, un Rolleiflex. Celui-ci deviendra son compagnon de toujours. Vivian Maier déménage ensuite à Chicago, pour travailler dans une nouvelle famille, en 1956. Jusque dans les années 1990, elle s’occupera de jeunes enfants, puis elle décèdera en 2009 dans une maison de repos à Chicago.
Jamais n’a été son envie d’exposer ses clichés, elle était une photographe de l’ombre. Mais quelle production elle effectuera durant toutes ces années sans reconnaissance : environ 100’000 négatifs, 1’000 rouleaux de pellicules et 1’000 tirages regroupent toute l’oeuvre de Vivian Maier. Toute une vie dans l’ombre, jusqu’à la découverte de cette artiste par un agent immobilier en 2007, pour illustrer un livre d’histoire.
Enfant jouant dans la rue, homme qui lit son journal, autoportrait, portrait, les personnes sont au centre de son oeuvre.
L’autoportrait :
Vivian Maier aime particulièrement se prendre en photo. Dans un miroir, une ombre, un reflet dans une vitre, une silhouette, elle joue avec ses propres reflets, dans diverses conditions.
- La rue :
Spectacle de tous les jours, Vivian Maier passe son temps dans les villes à capturer les scènes de vie, de New-York et de Chicago, comme une jeune femme remettant sa chaussure. Les quartiers ouvriers, là où elle réside, sont ses sujets principaux, principalement des instants courts et uniques, mais qui peuvent raconter toute une histoire.
Les portraits :
Des visages singuliers, ridés, maquillés, sévères, sales, Vivian Maier aime prendre ces visages qui lui parlent avant tout. Elle capture des hommes et femmes que personne ne regarde, s’approchent pour leur beauté. Emplie de misère, de tristesse, cette photographe de l’ombre aime photographier frontalement ceux qui lui ressemblent.
L’enfance :
Pendant près de 40 ans, Vivian Maier travaille autour des enfants. Elle a eu le temps de capturer les pleurs, les joies, les mimiques, les jeux des enfants.
Les gestes de la vie
Vivian Maier s’approche de plus en plus des habitants des villes, pour capturer une partie de leur corps, comme leur dos, jambe, coiffure, posture, attitude, en prenant des gros plans. Elle aime particulièrement les mains et ce qu’elles portent.
Vivian Maier, femme aux multiples facettes, nous apportent une bouffée d’air frais avec ses milles photographies réconfortantes et simples.
Inès Degommier
Du 15 septembre 2021 au 16 janvier 2022
Tous les jours de 10h30 à 19h, nocturne jusqu’à 22h les lundis.
Musée du Luxembourg, 19 rue de Vaugirard, 75006 Paris