Warhol. The American Dream Factory

Quand dans une ville comme Liège, un musée – La Boverie – propose une exposition sur Andy Warhol, c’est tout un festival Warhol qui est proposé avec des événements organisés par des opérateurs culturels liégeois !

Avec la pandémie, tous n’ont pu avoir lieu – ce n’est que partie remise – l’exposition à La Boverie est à ne pas manquer. Dès que des créneaux d’ouverture sont possibles, courez-y vite ! Les espaces sont vastes et le musée, entouré de verdure, est à moins de quinze minutes à pied de la gare. Et pourquoi ne pas en profiter pour s’aérer à Liège une journée ou plus ?

Warhol. The American Dream Factory revisite la vie et la carrière de l’un des artistes parmi les plus influents du XXe siècle, qu’elle confronte aux soubresauts de son époque. Au fil de quatre décennies, grâce à un riche éventail de moyens d’expression – dessin, peinture, cinéma, musique, édition, littérature –, le parcours met en lumière les grands thèmes de l’univers warholien. L’exposition se veut aussi un portrait de cette Amérique dont Warhol a su capter l’âme comme nul autre de ses contemporains. S’il y a un artiste emblématique de ce moment américain, c’est bien lui, le pape du Pop Art, qui se trouve être aussi l’un des plus grands artistes de la seconde moitié du XXe siècle.

Parcourant 40 ans de création, l’exposition commence par les débuts de Warhol en tant qu’illustrateur publicitaire, quand il s’installe à New York en 1949. Les années 50, grâce à la diversité de ses commanditaires, le verront explorer une grande variété de techniques et de supports dans une créativité sans limites.

Devenu peintre, Warhol raconte les sixties, décennie révolutionnaire qui voit l’apogée de la société de consommation. Ses œuvres sont construites sur le principe de la sérialisation des images et de la production de masse. C’est à cette époque qu’il ouvre sa Factory, à la fois atelier, lieu de rencontres et studio de tournage où il réalise ses films.

Le 3 juin 1968, il est blessé par balle d’un coup de revolver, événement qui marque un tournant dans sa carrière. Il renouvelle alors son entourage et se met à fréquenter davantage le beau monde. Ressuscitant un genre considéré désuet, il réalise de très nombreux portraits de célébrités. Il opère une rationalisation du fonctionnement de la Factory, qui s’appelle désormais The Office : véritable business dont les différents départements gèrent les imprimés, la création de peintures, la production de films, le magazine Interview et les commandes plus commerciales.

Au sommet de sa gloire dans les années 80, Warhol est devenu une icône de la scène artistique, jusqu’à la caricature. Il se confond avec sa propre image publique et devient même un objet publicitaire. Toujours en phase de l’air du temps, il produit sa propre émission télévisée. Il profite aussi de son immense notoriété pour promouvoir les artistes qu’il admire, tels Basquiat, Haring ou Clemente. Il meurt en 1987 à la suite d’une banale intervention chirurgicale.

Cette exposition exceptionnelle donne à voir les œuvres les plus célèbres de l’artiste. Les prêts en provenance du Andy Warhol Museum, du MoMa, de la galerie Sonnabend se partagent la vedette avec des pièces de collections privées prestigieuses telles celle de « Baby » Jane Holzer, actrice, modèle et muse de Warhol ou encore celle de Paul Maréchal, exceptionnelle par sa richesse et son originalité. Mais elle donne aussi à voir un aperçu de l’incroyable diversité créatrice de Warhol : dessins, peintures, films, imprimés, magazines, pochettes de disques, couvertures de livres – de très nombreux travaux inédits ou très peu montrés.

La scénographie, inventive, nous plonge dans l’univers de la Factory à travers un parcours ponctué de son, d’images et d’objets. Elle nous fait revivre l’Amérique de Warhol au long d’un voyage à travers le temps évoquant les grandes transformations politiques et sociales de l’époque.

Un voyage dépaysant et agréablement régressif….

Du 2 octobre 2020 au 28 février 2021

Musée de la Boverie, Parc de la Boverie 3 B, 4020 Liège

Photographies : Véronique Spahis