65 ans de gauloiseries : épisode 1 au Musée Grévin !

Eh oui, nos irréductibles Gaulois, Astérix, Obélix et leur fidèle compagnon à quatre pattes, Idéfix, fêtent cette année leurs soixante-cinq amphores. 65 ans, déjà ! Mais, par Toutatis, rassurez vous : ils n’ont pas pris une seule ride et n’en ont pas fini de nous amuser ni de nous surprendre.



Pour célébrer cet anniversaire, nos héros à moustaches ont fait une entrée triomphale dans l’un des lieux parisiens les plus fréquentés par les stars : le Musée Grévin. Cet événement mémorable s’est déroulé le 22 octobre dernier, sous le signe de la fête, du partage et de l’humanité, dans le somptueux théâtre à l’italienne du musée. Et, pour marquer leur arrivée dans ce lieu emblématique, leurs sœurs de cœur, Sylvie Uderzo et Anne Goscinny, ont ouvert les festivités avec un discours empreint d’émotion, elles ont, par là même, profité de l’occasion pour rappeler à quel point leurs pères étaient des hommes bienveillants et ouverts sur le monde, porteurs d’une ambition commune : celle de faire rire. La première a souligné : « Le mythe d’Astérix et Obélix a été créé par deux enfants d’immigrés : René Goscinny, d’origine russo-polonaise, et mon père italien, naturalisé français à l’âge de sept ans » et Anne Goscinny d’ajouter : « Deux fous géniaux ont inventé cet univers qui, depuis 65 ans, continue de réjouir petits et grands. »

Sylvie Uderzo et les mascottes :


Nos irréductibles Gaulois sont, en effet, le fruit d’une amitié extraordinaire entre deux grands enfants, René Goscinny et Albert Uderzo, mêlant talent et imagination pour raconter, à leur manière, une France généreuse qui, tout en résistant à ses agresseurs, n’hésite pas à offrir un coup de main (ou un banquet) aux âmes du monde entier.

« J’ai vu que les Gaulois n’avaient encore jamais été adaptés en bande dessinée, alors, on s’est lancé »

René Goscinny et Albert Uderzo se sont rencontrés pour la première fois en 1951, à l’antenne parisienne de la World Press, studio belge qui fournissait des pages de bandes dessinées à des éditeurs d’hebdomadaires pour la jeunesse : « Je devais rapporter des planches à l’agence quand j’ai rencontré Albert Uderzo, et après, je n’ai plus jamais voulu le quitter », confiait, avec humour, Goscinny en 1966 à la RTBF. Le sentiment est réciproquement partagé, et cette amitié durera jusqu’à la disparition de Goscinny en 1977. Et plus encore !
Dès lors, ils entament rapidement un partenariat sur divers projets éditoriaux, mêlant ainsi leurs talents complémentaires. Goscinny, conscient de ses limites en dessin — bien qu’il ait dessiné au début de sa carrière, il disait : « Il faut être fou pour publier mes dessins » — se consacre à l’écriture, tandis qu’Uderzo perfectionne son art graphique. Cette collaboration se traduit rapidement par des œuvres comme Jehan Pistolet et Luc Junior. En 1951, ils imaginent également Oumpah-pah. Bien que cette bande dessinée ne trouve un éditeur qu’en 1958, dans le journal Tintin, elle marque déjà les prémices d’un duo créatif et exceptionnel.

En 1959, le journal Pilote leur demande de concevoir un héros capable de séduire les jeunes lecteurs français. René et Albert envisagent d’abord une adaptation du Roman de Renart. Mais, l’idée avait déjà été exploitée. Ils explorent alors d’autres périodes marquantes de l’histoire de France : les hommes de Cro-Magnon ne les inspirant guère, ils optent pour nos ancêtres les Gaulois. « J’ai vu que les Gaulois n’avaient encore jamais été adaptés en bande dessinée, alors, on s’est lancé », confiait Goscinny, témoignant ainsi de l’originalité de leur choix.


« Nous sommes tour à tour Astérix et Obélix. Cela dépend des jours ! »

C’est donc ainsi qu’en octobre 1959, à Bobigny, dans le HLM d’Uderzo, Astérix et Obélix ont vu le jour : « En un quart d’heure, tout était en place. Nous nous sommes inspirés de ce qu’on nous avait appris à l’école sur les Gaulois. Un barde, un druide, un petit village, des guerriers : ça n’allait pas plus loin », a souvent confié Uderzo. Leurs séances de travail, généralement accompagnées de pastis (leur potion magique) et de cigarettes, étaient rythmées par une profonde envie de se faire rire l’un l’autre. René Goscinny écrivait les gags, tandis qu’Uderzo les mettait en musique à travers ses dessins. La fusion était totale ! Goscinny lui-même avouait qu’il prévisualisait ses gags à travers les yeux d’Uderzo, « C’est inexplicable. Tout d’un coup, la magie opère. Entre eux deux, ça va très vite. Les personnages se voient dotés de noms en « ix »… », confiait Anne Goscinny au Figaro. Quant à Idéfix, son nom fut sélectionné, parmi les nombreuses propositions envoyées par les lecteurs du journal Pilote, à la suite d’un concours organisé pour baptiser le nouveau héros “non-humain”.
Et, à chaque fois qu’ils créent une nouvelle histoire, ils s’enferment dans le bureau : ” On les entendait rire aux éclats, ils se bidonnaient ! René expliquait son idée de scénario, mais il refusait de commencer à écrire tant qu’il n’avait pas proposé l’idée à papa. Ils étaient, quoi qu’il arrive, bien au-delà du professionnel », se souvient avec tendresse Sylvie Uderzo. Leur amitié et leur complémentarité artistique resteront la pierre angulaire de leur succès, influençant durablement la culture populaire “Gauloise” à l’échelle internationale.



Astérix et Obélix incarnent à merveille cette complicité indéfectible, reflet d’un lien aussi profond qu’une fraternité éternelle entre leurs créateurs. Un attachement aussi solide que le petit village gaulois qu’ils ont imaginé : un symbole d’une œuvre intemporelle qui traverse les âges sans jamais perdre de sa modernité ni de sa pertinence. Lorsque les journalistes leur demandaient qui était Astérix et qui était Obélix, les deux compères répondaient souvent en chœur : « Nous sommes tour à tour Astérix et Obélix. Cela dépend des jours ! »

Aujourd’hui, après 40 albums traduits en 117 langues et dialectes, vendus à plus de 400 millions d’exemplaires à travers le monde, sans oublier des adaptations en dessins animés, en films et même un parc d’attraction, voici nos deux meilleurs amis, accompagnés d’Idéfix, mettant à mal un Romain… tout de cire vêtus — enfin, pas tout à fait : en silicone plutôt ! Composés de plus de 50 pièces, nos quatre guerriers sont le fruit : « de six mois et demi de travail acharné et d’une minutie sans faille« , explique Stéphane Barret, le sculpteur qui a conçu les personnages sous la supervision experte des ateliers de création Grévin. Quant à leurs costumes, ils ont été confectionnés avec soin par les Ateliers Vertugadins, apportant une touche d’authenticité supplémentaire à cette scène gauloise.

Pour Yves Delhommeau, directeur du musée Grévin : « Il paraissait évident que les héros gaulois de la plus célèbre des BD françaises soient représentés dans ce haut lieu parisien, temple de l’illusion qui fête ses 142 ans, et rejoignent les plus grandes figures du cinéma, de la musique, du sport et de la culture. »

Yves Delhommeau entre Sylvie et Anne :


Nos irréductibles Gaulois ont donc trouvé une place de choix – non loin de leur cousin, le Petit Nicolas, créé lui aussi par René Goscinny mais avec Jean-Jacques Sempé au dessin – dans un décor inspiré de l’univers de la bande dessinée. Dans cette scène, nos héros prennent vie, dégagent leur bonne humeur légendaire et symbolisent la camaraderie ainsi que la résistance du petit village gaulois face à l’envahisseur romain, les rendant ainsi plus vivants que jamais. « À l’école, je me rendais intéressante quand on parlait de « nos ancêtres les Gaulois ». Je levais la main en disant : « Bah oui, le druide avec sa serpe d’or pour cueillir du gui et faire des potions magiques ». Mon père a été convoqué à l’école en urgence pour lui dire que là, il y avait un problème de schizophrénie totale : « Il faut dire à votre fille qu’Astérix n’existe pas ! » », a confié Sylvie Uderzo lors de leur soirée de panthéonisation.

Et c’est bien là que réside toute la magie d’Astérix : cette capacité à faire rêver, à lier l’imaginaire et la réalité, tout en nous offrant une dose d’humour et de tendresse qui perdure à travers les générations. Alors, si vous souhaitez rencontrer ces héros immortels et vivre un moment unique, rendez-vous au Musée Grévin. Nos irréductibles gaulois vous attendent, fidèles au poste et toujours prêts à vous faire sourire ! « On pourra même les toucher et faire des photos avec eux, comme pour le Petit Nicolas », conclut Yves Delhommeau. Et pendant que vous y êtes, vous pourrez aussi interagir avec Maestro, le héros de la série animée ludo-éducative Il était une fois, qui a rejoint le panthéon de cire en novembre dernier, et aussi saluer la grande et merveilleuse Jane Goodall, qui veille à ce que Obélix ne dévore pas le sanglier.

Dans le second épisode des « 65 ans de Gauloiseries », nous vous embarquerons dans une épopée immersive où nos Gaulois partent à la recherche du druide Panoramix, capturé par Jules César. Alors, à Toutatis… pour de nouvelles aventures gauloises !

Virginia Ennor
Photos : Virginia Ennor et Virginie Ribaut

Musée Grévin, 10 boulevard Montmartre, 75009 Paris
du lundi au vendredi de 10h à 18h. Le week-end et les jours fériés de 9 h 30 à 19h. le musée reste ouvert pendant les fêtes : le 24 décembre de 9 h 30 à 18h et le 25 décembre de 10h à 19h.

https://www.grevin-paris.com/