« Elle » : **** va très loin et sur des territoires habituellement jugés dangereux quant il s’agit de dépeindre la condition féminine et la liberté de la femme à assumer ses choix. On pense nécessairement au chef d’œuvre d’un autre génie du cinéma contemporain. Je veux bien sûr parler de « La pianiste » de Michael Haneke. Ce dernier montrait sans vraiment la raconter, une femme sous emprise, d’un père incapable de dire son admiration pour le talent de sa fille, d’une mère étouffante et amère, d’une sexualité masochiste et sans plaisir, cherchant l’amour d’un homme sans savoir jamais comment l’aimer. Le traitement très froid, clinique du réalisateur autrichien, atteignait des sommets que Verhoeven a tutoyés sans y parvenir tout à fait. Chez lui la femme s’est libérée de toute attache familiale.
Émancipée et dominatrice, lsabelle Huppert campe une cheffe d’entreprise calculatrice, manipulatrice au passé aussi trouble que sa psychologie. Le culot du metteur en scène hollandais – qui ne tient en rien à la provocation gratuite dont on le taxe parfois- consiste à montrer sans fard le plaisir de cette femme au jeu pervers du viol. Ça secoue, ça dérange, ça interroge aussi et surtout… ne s’agit-il pas du but ultime que se doit de poursuive une forme d’art dit engagé ? A noté, comme d’habitude, l’excellente prestation de Laurent Lafitte, tour à tour agresseur et victime avec le même talent.
Elle est un thriller germano-français réalisé par Paul Verhoeven, sorti en 2016. Adapté du roman « Oh… » de Philippe Djian – Scénario de David Birke – avec Isabelle Huppert, Laurent Lafitte, Virginie Efira, Anne Consigny, Charles Berling, …
David Fargier – Vents d’Orage