Le XVIIIe siècle fut celui de la course à la porcelaine, considérée comme un « or blanc». Deux princes, Auguste le Fort, électeur de Saxe et roi de Pologne, et Louis-Henri de Bourbon, prince de Condé, premier ministre du roi Louis XV, atteints de la même « maladie de la porcelaine » et amateurs de céramiques importées à grand prix depuis l’Extrême-Orient, souhaitèrent tour à tour créer leur propre manufacture pour rivaliser avec les productions asiatiques et, ce faisant, asseoir leur prestige tout en assouvissant leur passion.
L’exposition « La Fabrique de l’Extravagance, Porcelaines de Meissen et de Chantilly » se propose d’éclairer le dialogue entre des productions qui ont marqué les arts décoratifs du Siècle des Lumières. Organisée au sein des prestigieux Grands Appartements du château, datant eux-mêmes du XVIIIe siècle, et servie par une scénographie spectaculaire de Peter Marino, elle permet d’admirer des pièces d’une virtuosité technique rarement atteinte et d’une somptuosité assortie à la légèreté du siècle de l’art de vivre.
Meissen et Chantilly
Meissen, en Saxe, fut la première manufacture à produire de la porcelaine à pâte dure en dehors de la Chine et du Japon, dès 1710. Lorsque la manufacture de porcelaine tendre de Chantilly fut créée en 1730, sous le patronage du prince de Condé, c’était d’ailleurs pour entrer en compétition avec la grande fabrique à succès de l’époque, celle de Meissen.
L’esthétique développée par Meissen et Chantilly était résolument tournée vers l’Extrême-Orient : ces manufactures jouèrent un rôle de premier plan en faveur du développement de la chinoiserie dans le domaine des arts décoratifs. La porcelaine, matière exotique par excellence, en était l’un des principaux vecteurs. À Chantilly comme à Meissen, c’était notamment aux productions japonaises de style dit Kakiemon qu’il fallait faire référence, avec des motifs japonisants stylisés, disposés sans symétrie ni perspective, mettant en valeur la blancheur de la porcelaine.
Le parcours de l’exposition propose de découvrir des pièces exceptionnelles (dont certaines reviennent à Chantilly pour la première fois depuis la Révolution Française !) à l’heure d’Asie, des singes et singeries, différentes œuvres de chinoiseries, des dragons, des statuettes, des oiseaux (dont les grands oiseaux de Meissen), des éléphants, des biches, des fauves… et même des pièces montées (pendules, candélabres, fontaine de table,…)
Commissariat : Mathieu Deldicque, Conservateur du patrimoine au musée Condé
Du 5 septembre 2020 au 3 janvier 2021
Château de Chantilly – Grands Appartements – 60500 Chantilly
tous les jours sauf le mardi de 10h à 18h (20h pour le parc)
photos : Véronique Spahis