La pièce jouée par la compagnie de Thomas Quillardet (composée de Clémentine Baert, Benoît Carré, Florent Cheippe, Nans Laborde-Jourdàa, Guillaume Laloux, Malvina Plégat, Anne-Laure Tondu, Jean-Baptiste Tur) et inspirée d’une œuvre d’Éric Rohmer, est à voir au théâtre de La Tempête.
Deux scénarios d’une heure chacun forment ce merveilleux spectacle, cette histoire en miroir qui nous fait nous poser des questions sur notre existence actuelle. Avec un jeu d’acteur formidable, on est immergé directement dans la pièce alors même que le décor est très simple. Les acteurs endossent plusieurs rôles pendant la pièce, les hommes jouent des femmes et même des petites filles d’une façon incroyable, presque intuitive qu’on en oublierait même le physique incohérent.
Le décor a été changé plusieurs fois pendant la pièce par les acteurs eux même notamment le sol qui est souvent arraché et déformé pour servir à la fois de couverture, journal, papier, tente, ce changement faisant partie à part entière de la pièce.
La première histoire est celle de Delphine (jouée par Anne-Laure Tondu), jeune parisienne qui vit avec son amoureux à Marne la Vallée. Lassée de la vie en banlieue elle décide d’habiter son studio à Paris les jours où elle sort pour ne pas avoir à rentrer tard dans la nuit et réveiller Rémy qui lui n’aime pas sortir. Plutôt réticent au début, il finit par accepter sa décision après un pacte un peu bancal qui met inévitablement leur couple en danger.
La raison de cette décision est que Delphine souhaite se retrouver seule, elle qui n’a jamais vraiment pu goûter à la solitude. Même si un de ses amis lui dit que l’isolement est triste à mourir elle lui répond justement que tant qu’elle ne l’a pas connu elle ne peut lui donner raison.
Au fur et à mesure du récit, on se rend compte que la jeune femme qui voulait à tout prix rester seule en est en fait incapable, dès qu’on lui propose quelque chose elle est partante et tente par tous les moyens de joindre ses amis lorsqu’elle doit passer une soirée seule chez elle.
Malgré ses efforts pour esquiver la solitude c’est contre son gré qu’elle se retrouvera seule, une solitude finalement peut-être nécessaire.
Dans la deuxième histoire, c’est une partie de la vie de Louise (jouée par Clémentine Baert) que l’on découvre, parisienne aussi, elle devait partir en vacances en Grèce mais celles-ci ont malheureusement été annulées car son amie ne peut plus venir avec elle. Tentant par tous les moyens de partir avec quelqu’un d’autre, elle va dîner chez des amis pour essayer de trouver des solutions. Ces derniers lui disent simplement qu’il faut qu’elle parte toute seule car c’est le meilleur moyen pour rencontrer des gens. Elle s’y refuse ne se trouvant pas du tout assez aventurière et se met alors à pleurer en se rendant compte qu’elle est finalement très seule.
Elle finit par partir un peu par dépit à Cherbourg dans la famille d’une de ses amies qui l’accueille à bras ouvert mais dès qu’on lui propose quelque chose elle refuse. Elle rentre à Paris puis repart à Biarritz chez le frère d’une autre de ses amies où elle rencontre une Suédoise très sociable. Elle a donc plusieurs occasions de rencontrer des gens mais à chaque fois elle se dégonfle et refuse la moindre proposition d’activité ou de sortie à plusieurs. C’est finalement complètement par hasard qu’elle va tomber amoureuse et ne se retrouvera plus jamais seule.
Finalement, la morale de cette histoire est que ce n’est pas parce qu’on est toujours entouré qu’on n’est pas seul et inversement. Il ne suffit pas de forcer le cours des choses mais de se laisser aller et faire ce qui vient à nous, saisir les occasions quand elles nous sont proposées, ce n’est pas forcément en cherchant qu’on trouve ce que l’on veut. Ces deux histoires qui semblent presque opposées sont en fait très liées par leur démonstration de la solitude, mais aussi parce qu’elles exposent le besoin perpétuel d’amour que chacun recherche.
Texte : Lison Desgrées du Loû
Photos : Pierre Grosbois
Du 1er au 20 juin 2021,
Du mardi 1er juin au mardi 8 juin à 18h, du mercredi 9 juin au samedi 19 juin à 20h, le dimanche à 16h30
Théâtre La Tempête, Salle Serreau, Route du Champ de Manœuvre, 75012 Paris