La galerie Danysz vous invite jusqu’au 10 juin à revêtir à la fois le rôle de spectateur et de juré pour départager ses 10 talentueux finalistes. La compétition a pour thème la création au féminin et propose une collection d’œuvres variées et engagées mais qui surtout se veulent universelles et parlantes. 250 artistes se sont présentés pour tenter de gagner le prix de 8000 euros, et bien que le premier critère de sélection soit d’avoir déjà une petite reconnaissance, on peut ressentir le fait que le jury (très diversifié) a choisi les dix œuvres au coup de cœur. Toutes les œuvres présentées témoignent d’une force d’esprit impressionnante et résonnent à travers la peinture, les tissus, la photographie, la céramique ou même l’informatique. Vous pouvez voter (sur un papier en libre accès à l’entrée de la galerie) jusqu’au 8 juin et le nom du lauréat sera annoncé le 10 juin.
Cette ténacité à se battre pour se sortir de situations difficiles se retrouve dans l’œuvre de May Murad et dans celle d’Aissatov Ciss. May Murad est une artiste née à Gaza qui souhaite faire de ses peintures des captures d’instant du quotidien. C’est d’ailleurs en prenant des vidéos et en les pausant qu’elle parvient à capturer son sujet, elle-même, ses doutes et sa solitude. Les fenêtres onglets sont à la fois des fenêtres à l’extérieur et à l’intérieur de soi et font réfléchir aux effets du confinement sur la psyché. L’artiste nous invite à se retrouver en elle, contempler ce qu’on essaye d’enfouir.
Cette idée se reflète dans Le Fantôme d’Aissatov Ciss : une photographie en noir et blanc empreinte d’une aura à la fois mystifiante et inquiétante. Ce cliché appartient à la série Hier aujourd’hui et veut mettre en image ce qui est invisible, les ombres qui parsèment notre âme, et plus particulièrement la nostalgie qui accompagne l’acte de grandir. La photographe à travers son art veut communiquer les différentes questions que l’on se pose à travers les étapes de la vie, et surtout son enfance difficile qu’elle transforme en poésie par son objectif. A la vue de son œuvre, on est censé se poser la question de « quel est le rôle de nos fantômes ? si je les transforme en image figée n’importe qui pourra-t-il s’y retrouver ? ». Ceci explique l’utilisation du noir et blanc qui immobilise le cliché dans le temps et le rendra intelligible même dans 20 ans. Une dernière artiste parlant de son passé difficile à travers son art est Nidaa Badwan, mais je vous laisse découvrir ses œuvres photographiques aux tonalités de peintures baroques.
L’exposition présente aussi de nombreuses œuvres d’art réutilisant des mythes et en remettant les femmes au centre. C’est le cas de l’œuvre de Cécile Cornet qui nous accueille par un triptyque de peintures aux couleurs pop avec une omniprésence du corps féminin en puissance. Le tableau à droite fait référence au mythe de Dibutade où la femme d’un homme partant à la guerre, refuse son départ et peint son ombre pour le garder près d’elle. On assiste à une réappropriation des mythes par la femme, comme l’impressionnante œuvre de Danaé Monseigny qui a créé un cercle de nids de sorcière qui est censé nous protéger si on s’y place au centre. Ces réappropriations nous font réfléchir à la représentation de la femme en société. C’est ce que soulignent les figures de fillettes impudiques mais pourtant si innocentes de Julia Haumont qui font penser aux photographies de David Hamilton. Elea-Jeanne Schmitter elle, a décidé de montrer par ses clichés comment les équipements de chantier, d’armée ou autres ne sont pas optimisés pour les femmes et comment cela est un problème. Plus énigmatique et aléatoire, l’œuvre de digital abstraction d’Anne-Sarah Le Meur nous pose la question du rose et de sa conation avec les femmes. C’est une œuvre devant laquelle il faut repasser, car les programmes évoluent tout au long du temps.
Mais la galerie Danysz n’accueille pas uniquement cette compétition : au 1er étage ainsi qu’au -1 on peut découvrir l’exposition Abstract experience qui vaut la peine d’être vue ! La galerie Danysz a de quoi ravir tous les amateurs d’art… et recèle d’artistes talentueux qui n’attendent que vous pour ouvrir le dialogue et transmettre leur message !
Clara Alle
Du samedi 13 mai au samedi 10 juin 2023
Danysz, 78 Rue Amelot, 75011 Paris
Ouvert du mardi au samedi de 14h à 18h – Entrée libre