À la Bourse de commerce, l’exposition Avant l’orage confronte notre rapport au monde, et surtout à sa fragilité suite à l’avancée du réchauffement climatique. Tout l’espace du musée d’art contemporain est occupé par des installations monumentales (branches, tronc d’arbres dans la rotonde contrastant avec le béton) mais sont aussi présentés des peintures, des photographies, des images projetées, des sculptures…
L’exposition recrée des conditions climatiques réelles, avec des jeux d’ombre et de lumière, l’évocation des saisons, de la pluie (eau qui ruisselle sur les rochers) et du soleil, du jour et de la nuit. Ces conditions instables nous incitent à profiter intensément du moment présent. On a la sensation que les artistes ont, eux, bien pris conscience de réinventer la relation de la nature avec l’Homme, main dans la main. Certains artistes formés à la biologie et ou à la géologie ont recyclé des matériaux. En ce sens, ils nous emmènent toujours plus loin dans cette volonté d’attention à notre environnement. La Bourse de Commerce ne devient plus seulement un lieu de conservation des œuvres mais un vecteur d’engagement pour la Nature.
Certaines œuvres nous confrontent à la réalité d’un monde sans notre empreinte, nous rappelant notre impact sur l’environnement.
Danh Vo, s’empare de la rotonde, en installant d’impressionnants troncs d’arbres déracinés par les tempêtes, des sculptures anciennes en bois et des bacs de fleurs. L’artiste fait référence aux contraintes des peuples colonisés. Pierre Huyghe explore les liens entre œuvre, spectateur et réalité. Il propose des environnements dont l’évolution dans le temps, à l’image du vivant, constitue la donnée fondamentale plutôt que des objets figés.“Il s’agit d’exposer quelqu’un à quelque chose, plutôt que quelque chose à quelqu’un.” Tacita Dean est connue pour ses films contemplatifs, quelque part elle fait la part belle à la lenteur. Ici, elle présente des éléments en voie de disparition, des memento mori de l’instant présent, laissant émerger la « nostalgie de la saison qui vient de nous quitter », concept appelé nagori en japonais. Anicka Yi avec ses cocons lumineux donnent vie à des insectes animatroniques, elle parvient à faire passer du végétal au mécanique sans action humaine. Robert Gober crée, en trompe l’œil, dans un costume sombre un paysage miniature avec une cascade. Ce costume nous rappelle le monde agité des affaires contrairement au paysage, en son intérieur, champêtre et tranquille.
Eliette Belet
Photos : Bourse de commerce et Eliette Belet
Du 8 Février au 11 Septembre 2023
Bourse de Commerce,2 Rue de Viarmes, 75001 Paris
De 11h à 19h du lundi au dimanche, sauf le mardi