Les Jeux Olympiques de Paris approchent à grands pas et à cette occasion, le Palais de la Porte Dorée élabore un parcours chronologique Olympisme, une histoire du monde, de la première olympiade en 1896 à Athènes jusqu’à aujourd’hui.
Présentée et mise en place par sept commissaires après 5 ans de travail, cette exposition a pour objectif de raconter l’histoire du monde à travers les 30 éditions des JO et plus de 600 objets. Une volonté aussi de ce monument d’aller à l’inverse de ce pour quoi il a été construit : les expositions coloniales. Le Palais de la Porte Dorée veut maintenant partager des valeurs de diversité et d’écologie.
Avant de commencer la visite, les commissaires nous livrent les raisons qui ont amené à la création de cette exposition. Dès le début, ils ont mis au clair l’intention de parler des JO sans tabou et d’aborder tous les problèmes qui les entourent.
En grande phase de repli identitaire en France, le Palais de la Porte Dorée a pour motivation de montrer l’importance des figures immigrées dans notre histoire, livrer un combat d’égalité mais aussi dresser un mémorial à ces acteurs. Mais l’histoire c’est aussi ce qui dessine notre temps et nous fait comprendre l’époque dans laquelle on vit.
À l’origine, les Jeux Olympiques étaient réservés aux hommes de la bourgeoisie et aristocratie blanche, les ouvriers n’ayant pas le temps de faire du sport et les femmes étant refusées par le créateur des Olympiades, Pierre de Coubertin (1863-1937).
Découpée en période historique identifiable par une couleur, l’exposition présente chaque Olympiade avec la date, la parité hommes/femmes, les pays participants, le podium… Et surtout, chaque présentation se concentre sur un acteur important de ces JO.
Pour les tout premiers Jeux Olympiques à Athènes, c’est le Grec Spyrίdon Loύis (1873-1940) qui est mis en exergue comme le premier champion olympique du marathon.
Les JO ont d’ailleurs eu du mal à se détacher de l’Exposition universelle reprenant des codes. On peut voir en 1900 des sports vraiment insolites ayant existé au sein des Olympiades comme la course de ballons.
C’est aussi en 1900 que les femmes font leur entrée aux JO, ce qui va fortement déplaire à Pierre de Coubertin et à la presse. Cependant, elles n’auront le droit de participer à des sports que comme jugés adaptés à leur physique, tels que le tennis, le croquet et le golf.
À St. Louis en 1904, les Jeux Olympiques s’installent au cœur des “Journées Anthropologiques”, journées consacrées à montrer la suprématie blanche, venant poser question sur la diversité des Olympiades. Le jeune Pygmée Mbuti Ota Benga (1883-1916) sera exposé aux JO de 1904 et au zoo de New York en 1906, et finira par se suicider dix ans plus tard sans espoir d’un retour chez lui…
C’est aussi au cours de ces JO que le premier athlète handicapé participe, remportant 6 médailles d’or alors qu’ils participent à une activité composée uniquement d’athlètes non-handicapés, les Jeux Paralympiques n’existant pas encore.
Pourtant, 4 ans plus tard aux Jeux Olympiques de Londres, ils utilisent des personnes noires pour gagner. C’est le cas du premier champion africain-américain noir John Taylor (1882-1908) au relais olympique qui représente les États-Unis, après que Reggie Walker (1889-1951) issu du continent africain ait remporté l’épreuve du 100 mètres.
Inclusivité hypocrite, mais on voit aussi l’athlète plus âgé, Oscar Swahn (1847-1927), 72 ans, remporter une médaille.
Les Jeux Olympiques de 1924 et 1928 vont se poursuivre dans un combat d’inclusivité et de diversité. À Paris, deuxième JO se déroulant dans cette ville, l’émigré aux États-Unis, Johnny Weissmuller (1904-1984) va gagner 4 médailles d’or en utilisant les papiers de son frère pour se rendre à Paris. C’est grâce à ses nombreuses victoires qu’on lui donnera la nationalité américaine et qu’il aura même une carrière à Hollywood. Puis, en 1928 c’est le maghrébin Ahmed Boughéra El Ouafi (1898-1959) qui devient le champion de France de Marathon. Un jeune ouvrier qui après chaque journée s’entraîne en courant 10 à 20 km. Malgré ces exploits, il terminera sa vie dans la misère…
C’est d’ailleurs pendant les JO d’Amsterdam en 1928 que la féminisation du sport a franchi de nouvelles étapes, 10% des femmes sont désormais admises dans les épreuves d’athlétisme et de gymnastique.
Seuls les conflits mondiaux ont réussi à annuler des éditions des Jeux Olympiques, parmi elles on compte les JO de 1916 à Berlin, moment de la Première Guerre mondiale. Au lieu d’affiches ou de matériels sportifs, ce sont des béquilles et des jambes de bois de mutilés de guerre qu’on voit. La Seconde Guerre mondiale annule également les JO de 1940, après que que l’Olympiade de 1936 à Berlin ait été dirigée par le régime nazi, même si Adolf Hitler disait ne pas en vouloir à l’origine. Voulant masquer leur antisémitisme, tous les athlètes juifs allemands restent refusés. C’est d’ailleurs les nazis qui ont inventé la flamme en 1920.
Pourtant s’il y a bien une Olympiade qui aurait dû être annulée, c’est celle de Los Angeles en 1932 qui prend place au cœur de la crise économique. Ces JO ont donc été financés pour la première fois par des capitaux privés, devenant les premiers jeux rentables.
Mais ce ne sont pas les seuls Jeux Olympiques à prendre place dans un contexte politique tendu, puisque les JO de Rome en 1960 se déroulent après la dictature de Mussolini. Cette dictature a notamment donné lieu à une guerre en Éthiopie et à de la colonisation, une œuvre triptyque parle de ses descendants des immigrés n’étant pas reconnus comme italien.
L’URSS a refusé de participer aux JO – et a inventé sa propre version – jusqu’en 1952 dans le contexte de la Guerre froide, où l’URSS envoie des athlètes aux JO d’Helsinki. L’affrontement politique de la Guerre froide se fait ressentir lors des JO de 1980 à Moscou et de 1984 à Los Angeles.
Il faudra attendre les JO de Sydney en 2000 pour que les Jeux Paralympiques soient reconnus mondialement.
La fin du XXe siècle est signe d’hyper médiatisation et de la poursuite de la lutte des combats. Concurrence entre les nations aussi, avec les États-Unis qui ne cessent de vouloir montrer leur superpuissance, la Chine qui se place en puissance économique lors des JO de Pékin en 2008…
À la fin, c’est à nous qu’on demande à quoi ressembleront les Jeux Olympiques du futur…
Naïs Carst
Du 26 avril au 8 septembre 2024
Palais de la Porte Dorée, 293 avenue Daumesnil, 75012 Paris
Du mardi au vendredi de 10h à 17h30 – Le samedi et dimanche de 10h à 19h