L’exposition « Paris 1924, la publicité dans la ville » présentée à la Bibliothèque Forney nous offre une plongée immersive dans le Paris des années 20. À l’époque, la publicité dans la capitale se démocratise et témoigne d’un renouveau culturel et artistique sans précédent. Elle se développe et engendre l’essor économique des années 20. Ses formes, ses couleurs et ses revendications évoluent, plongeant le visiteur dans une époque au premier abord lointaine qui nous pousse néanmoins à analyser les différences et ressemblances avec nos sociétés modernes.
Félix Doumenq, Ouvrier, employé, le principe en est voté, mais seule ton action appliquera les 8 heures, Union des syndicats ouvriers de la Seine,1919. Maurice Barbey, société pour l’amélioration du sort de la femme et la revendication de ses droits, 1925 :
L’exposition, divisée en 5 parties, nous propose une immersion au sein des rues parisiennes.
La première partie traite de la rue comme espace de propagande et de lutte sociale. À travers des revendications sociales telles que la loi de 1919 portant sur l’adoption de la journée de 8 heures de travail ou encore la situation des femmes, les affiches exposées témoignent de la situation politique de l’époque.
Arts et industrie du livre, Ecole Estienne, 1889-1925 :
La seconde partie de l’exposition témoigne d’un renouveau de la publicité marqué par la création d’agences modernes et de véritables démarches publicitaires. La critique survient pourtant quant à l’utilisation parfois abusive de la publicité au sein des médias, venant à l’époque redynamiser le système économique de ces derniers. Une réflexion s’installe en parallèle sur le métier de publicitaire quant à sa moralité au vu des nombreuses supercheries commerciales présentes à l’époque. On constate néanmoins une volonté d’enseigner la publicité afin d’apporter un cadre à son exécution.
La troisième partie de l’exposition aborde la publicité d’un point de vue promotionnel, marquée par l’avènement des cadeaux publicitaires. Les petits commerçants exploitaient alors la publicité avec des moyens modestes et peu coûteux visant un public cible défini, alors que les grandes enseignes élargissent les limites de la publicité, exposant des devantures travaillées et sophistiquées. L’époque voit alors des femmes comme Marthe Ray ou Béatrice Mallet évoluer dans l’illustration des projets publicitaires et catalogues commerciaux.
L’exposition se poursuit par l’intervention des artistes dans la publicité, qui, lorsqu’ils sont connus, apportent un aspect promotionnel au format publicitaire. L’écrivain Anatole France, par exemple, a vanté les automobiles Delaunay-Belleville.
Clérice Frères, illustrateurs, Gosse de Riche, opérette en trois actes, 1924 :
Enfin, la cinquième partie de l’exposition se penche sur une branche publicitaire relative aux invitations aux spectacles. Les salles de spectacles et les annonceurs commerciaux sont de pair dans la promotion d’événements culturels touchant aussi bien la gastronomie que le spectacle vivant. La publicité d’événements sportifs résonne déjà à l’époque comme une forme d’influence, avec par exemple la tenniswoman Suzanne Lenglen autrefois associée au couturier Jean Patou.
À travers cette exposition, la Bibliothèque Forney nous offre un riche contenu sur la publicité des années 20, témoin d’une période historique marquée par de nombreuses évolutions et revendications. La scénographie captivante nous plonge dans le Paris de 1924, nous ramenant dans le temps l’espace d’une visite.
Mathilde Rocchietta
Du 28 mai au 28 septembre 2024
Bibliothèque Forney, 1 rue du Figuier, 75004 Paris.
Du mardi au samedi de 13h à 19h – Visite commentée de l’exposition chaque samedi à 15h –
entrée libre