Saison photographique 2024 à l’Abbaye de l’Epau

À environ 1h de Paris, l’Abbaye Royale de l’Epau située aux portes du Mans, ouvre sa 12ᵉ Saison photographique du 8 juin au 3 novembre 2024. Cette année, six photographes invité(es) exposent leurs clichés sous la thématique « Dans les herbes hautes ».

Le parcours photographique s’étend sur les 13 hectares du domaine, aussi bien sur les murs que dans le parc de l’abbaye. Les photographes :  Hiên Lâm Duc, Bernard Reignier, Gérard Uféras, Nicolas T. Camoisson, Thierry Ardouin, Myrto Papadopoulos, investissent chacun un espace dans la configuration des lieux. Respectivement, les photographies s’agrippent aux arbres, s’accrochent sur le mur du cloître, et se déploient sur un cube. Ou bien sont installées au cœur du verger, arpentent le sentier vers le Tipi et flottent sur l’eau.

« Dans les herbes hautes » se veut être un thème très large et laisse le soin à chaque photographe de l’exploiter avec sa propre sensibilité. Bien sûr, le propos fait référence à la nature, à la flore microscopique, imperceptible ou au contraire à celle qui dépasse, qui trône en majesté. Il s’agit aussi d’interpréter les paysages, de les peindre grâce au mouvement photographique. Mais aussi, l’objet de l’exposition est à prendre au figuré. Sa transposition sous les aspects du cheminement intérieur, des travailleurs de l’ombre, ou bien le questionnement des racines natives sont autant de variations qui interpellent.  

Hiên Lâm Duc, Vivre sous les arbres du Kurdistan :

La balade photographique débute dès l’entrée, dans l’Allée des platanes et douve de l’Abbaye Royale de l’Epau. Accrochée sur les troncs, la série sur les arbres, en noir et blanc, de Hiên Lâm Duc, photo-journaliste, franco-laotien, nous fait voyager dans le Kurdistan irakien. Vivre sous les arbres du Kurdistan révèle la place centrale qu’occupent les arbres dans les villages montagneux. C’est un lieu de vie primordial qui réunit les habitants. Écosystème menacé par la guerre et l’abattage illégal. Hiên Lâm Duc, grâce à son travail, témoigne depuis 30 ans des évolutions de la région et nous fait part de la vie qui y règne malgré la menace planante.

Bernard Reignier, De l’image au rêve :

C’est sur Le mur du cloître que se poursuit la visite. De l’image au rêve, impressions végétales par Bernard Reignier transforme le paysage végétal en tableau impressionniste. Le photographe met en mouvement son appareil et d’un geste, comme un pinceau, la lumière devient aquarelle.

Gérard Uféras,  Le Sport au Cœur, portraits d’une passion :

Quelques mètres plus loin, Aux portes de la Nef, deux cubes géants présentent Le Sport au Cœur, portraits d’une passion, prises de vues de Gérard Uféras. Ce projet est un panorama de portraits de sportifs de tous âges et de tous horizons. Tous animés d’une même passion et des mêmes valeurs prônées par le sport. Comment le sport peut enrichir le cheminement intérieur et comment il influe sur la perception du monde extérieur. C’est ce qu’a voulu mettre en lumière le photographe passionné par le mouvement du corps.  

Nicolas T. Camoisson,  Entre Terre et Mer :

Rendez-vous Au cœur du Verger pour admirer les photographies Entre Terre et Mer de Nicolas T. Camoisson. Captivé par le monde marin, c’est au phare de Cordouan qu’il immortalise la lumière de l’océan au rythme des marées. Et s’intéresse aussi au phare et à la lanterne. Il se préoccupe également de la biodiversité de la flore sous-marine et crée un « alguier ». Les grandes lentilles sur les phares du Sud-Ouest toujours en activité sont aussi un de ses terrains de jeu. Il entame en parallèle un travail autour des marins chargés de poser les bouées qui servent de balises. Pour cela, il suit une formation et devient marin professionnel et embarque avec un équipage sur un navire baliseur. Ceci afin de capter le labeur de ces travailleurs de l’ombre.

Thierry Ardouin, Portraits de Graines :

Thierry Ardouin quant à lui, expose Vers le Tipi ses Portraits de Graines. Si minuscules et pourtant si riches. Les graines racontent la grande histoire de l’humanité.

La mise en lumière magnifie les détails et les couleurs, elle met en valeur la beauté esthétique de chaque écrin végétal. Sur fond noir ou sur fond blanc, le photographe capture la beauté formelle des semences de céréales et de légumes issues des collections du Muséum national d’histoire naturelle de Paris et de l’INRAE (Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement). À travers son travail esthétique, Thierry Ardouin questionne l’agriculture et compare les graines sauvages à celles de l’agriculture intensive. À l’instar de la graine de radis, enveloppé d’antifongique de couleur bleue afin de garantir sa croissance.

Il aura fallu 10 ans de recherche pour aboutir au résultat final de ce projet. Les clichés présentés font, en effet, partie d’un ouvrage collectif mêlant science et photographies, qui s’intitule Histoires de Graines.

Myrto Papadopoulos,  Au fil de l’eau :

La dernière étape du parcours se passe Au fil de l’eau où le travail de Myrto  Papadopoulos, artiste d’origine grecque, est poétiquement mis en scène.  L’installation des cubes flottants sur la rivière et la transparence des tirages aériens font corps avec la nature environnante. Avec Spirits Unseen, la photographe dévoile l’identité inconnue et complexe de la communauté Pomak, minorité qui vit dans la région montagneuse grecque de Thrace. Elle axe particulièrement son projet autour des femmes de la communauté. L’artiste interroge notamment la question de leur place et de leurs envies de liberté au sein de l’héritage patriarcal.

Une des installations d’une des classes de collégiens sarthois :

En plus des six photographes invités, la Saison Photographique, expose les travaux photographiques de huit classes de collégiens sarthois grâce au dispositif « Photographie au collège – À l’école du regard ». C’est accompagné d’un photographe professionnel et de Lucas Grandin, plasticien, que chaque classe a pu réaliser un projet, de la conception à la scénarisation. Ces travaux sont à retrouver dans la Clairière des Collégiens.

Le cloître de l’Abbye Royale de l’Epau.

L’Abbaye Royale de l’Epau, fondée au 13ème siècle par la Reine Bérengère de Navarre, est une ancienne abbaye cistercienne. Depuis 1959, elle est la propriété du Conseil départemental de la Sarthe. Site classé au titre des Monuments Historiques depuis 1973, c’est un lieu, doté d’une programmation culturelle, qui se visite à l’année.

De plus, la Saison Photographique est l’occasion d’arpenter la Sarthe puisque d’autres photographies s’exportent hors les murs. Elles sont à voir sur trois écluses sarthoises ainsi que sur les grilles de l’hôtel du département en centre-ville du Mans et en gare SNCF.

Mathilde Seng – texte et photos

Du 8 juin au 3 novembre 2024

Abbaye Royale de l’Epau, Route de Changé, 72530 Yvré-l’Evêque

Du 1er septembre au 30 juin : du mercredi au dimanche de 11h00 à 18h00. Fermé les mardis.

Du 1er juillet au 31 août : tous les jours de 10h00 à 19h00. Fermé les mardis.

https://epau.sarthe.fr/