Improbable

Improbable ? « L’exposition était un pari et une promesse aux artistes invités de faire une collective improbable avec des styles et des lignes différentes » Damien-Paul Gal, commissaire de l’exposition

Improbable ? l’Académie Française donne cette définition : « L’adjectif improbable nous vient du latin probare, « trouver bon, approuver », puis « démontrer, prouver », lui-même dérivé de probus, proprement « qui pousse droit », d’où « bon, honnête ». Improbable signifie « qui manque de vraisemblance, qui a peu de chances de se produire » ou, dans une langue plus littéraire, « qui a peu de chances d’exister »

Improbable ? En cette année qui célèbre les 100 ans du Manifeste du Surréalisme d’André Breton, l’exposition avec ces artistes contemporains prouve qu’il n’en est rien et que leurs œuvres sont de la même veine que « Beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie. » Lautréamont (1869)

Véronique Spahis

Les artistes :

Balder : Né en France, Balder vit et travaille entre la Picardie et Paris.

Son travail prend sa source dans les scènes quotidiennes de la rue. Il s’inspire de rencontres instinctives, de la beauté d’un visage, ou d’une âme. Écho d’une vie à une autre, il sonde la nature humaine… Ses portraits dessinés, sont travaillés en puzzle. Il raconte l’Histoire d’un être Humain, par juxtaposition de morceaux de papiers, d’éléments collés, de mots, comme autant de petits fragments de vie. « Dans le milieu urbain, la représentation humaine est souvent altérée, perturbée, est-ce le reflet de notre société, perdue par nos modes de consommation ? Nous ne prenons plus le temps de nous connaitre profondément. Je me nourris de la ville, je me sers de ce qu’elle m’offre pour créer mes portraits. »

Bruce Meritte : Né à Paris en 1968, Bruce démarre sa vie par un cri qui déjà veut dire « enjoyyourfuckin’ life » une devise qui régira plus tard chacun de ses faits et gestes jusqu’à le faire tatouer sur son bras pour ne pas l’oublier.

Ses influences se situent à la frontière du pop-art et de la publicité… ce qui n’est pas vraiment un hasard, son papa ayant été patron d’une agence de pub dans les années 80 où il passait beaucoup de temps. Ses œuvres proposent souvent une double lecture derrière un message positif. Son inspiration il la puise dans la vie, au coin d’une rue, dans un livre, en écoutant de la musique ou encore au cours de ses nombreux voyages. Autre violon d’Ingres : la musique qui fait partie de son ADN et qui aura toujours une grande place dans sa vie.

Cosmos : Né à Paris en 1969, Cosmos, de son nom Stéphane Pillon, commence le graffiti en 1987 dans le métro parisien. Il considère que l’art en général est un moyen universel pour transmettre des messages et des émotions, d’où on blaze « Cosmos » qui signifie « Univers » en grec.

L’artiste fixe vigoureusement sur ses toiles de belles lettres éclatantes de couleurs explosives qu’il a travaillées avec son propre style de calligraphie. Il vient retravailler ses œuvres par « aplats » ou en employant la technique du « dripping » qui correspond à la projection et à l’écoulement de peinture de manière aléatoire, introduit par le peintre expressionniste Jackson Pollock (1912-1956). Ses tags se retrouvent plongés dans des effets de peintures et de reliefs entre craquelures et fractures, qui soulignent le processus de superposition propre à l’artiste.

Jan Bucquoy : né le 16 novembre 1945 à Harelbeke (province de Flandre-Occidentale), est un artiste post-surréaliste belge et situationniste, auteur de bandes dessinées, scénariste et réalisateur de cinéma.

À Strasbourg, pendant ses études, il commence ses expérimentations de théâtre avec le Laboratoire d’action populaire (LAP) dans lequel il est directeur de troupe. Il a débuté comme régisseur de théâtre. Après une carrière de scénariste de bande dessinée, il s’est lancé dans le cinéma. Il est surtout connu pour ses interventions intrépides à la télévision, son coup d’État annuel à Bruxelles et ses musées plus ou moins durables, tel que le musée de la femme (où des femmes nues étaient exposées) ou le Musée du slip, installé au premier étage du Dolle Mol, célèbre café libertaire de Bruxelles qu’il anima durant de nombreuses années.

Nathalie Bergiers : née en 1967 à Bruxelles.

« Après des études à Saint-Luc Bruxelles et six années de peinture à l’académie de Braine l’Alleud, je suis interpellée par l’écriture, le trait, la trace, j’entreprends donc des études de graphologie. Le trait, l’écriture, le corps, le dessin, la peinture, la danse et le son sont des langages qui nous offrent leurs secrets, leurs symboles depuis l’aube des temps. La spiritualité, la mythologie, l’activité onirique ou méditative m’interpelle et je cristallise un moment qui m’est offert dans l’espace-temps. Une forme de méditation active apparaît. L’encre de chine alimente ma recherche, mon travail qui s’interroge sur la vibration des noirs et des blancs, et de toutes les dilutions qui en découlent. La poésie entre l’ombre et la lumière fait danser, vibrer mon trait au travers de ma propre sensibilité. Tout en contraste, le travail avec des pigments pur réveille en moi l’allégorie sacrée de l’émergence primordiale de la vie que je ressens intuitivement. Habitée par une conscience volontaire ou par un inconscient spontané, je me noie dans l’immensité de ses toiles »

Damien-Paul Gal : né en 1976 en Bretagne. Vit à Bruxelles.

D’origine bretonne, c’est à Rennes que débute la carrière artistique de celui que l’on commence à surnommer « DPG » performances scéniques, vidéos et installations enrichissent un travail débuté dès l’âge de 18 ans. Une jeunesse haute en couleurs jalonnée de rencontres riches et variées (Nile Rodgers, Marcus Miller, Holly Johnson, Louise Bourgoin, …), contribuant à construire son univers. Cet artiste plasticien-performer produit des œuvres qui montrent un véritable concentré de culture urbaine. Le street art a de beaux jours devant lui grâce à Damien-Paul Gal. Il utilise un procédé unique : le thermoformage. Une exclusivité dont lui seul détient le secret. Les créations de Damien-Paul Gal mixent différents matériaux. Adepte de la récupération, des cartons d’emballages deviennent supports d’icônes, des plastiques se transforment en aplats de couleurs. Récemment c’est vers l’abstraction que tend le travail acharné de cet artiste déjà en vogue.

Du 13 septembre au 13 octobre 2024

Institut Français des Arts, 195 rue Haute, Bruxelles

Ouvert du jeudi au dimanche de 11h à 19h

Photos : Damien-Paul Gal