Libres. C’est ainsi que se définissent les hommes et les femmes des quelque 2100 monastères répartis dans le monde entier. Curieux paradoxe, quand on sait qu’ils vivent cloîtrés…
C’est précisément ce qu’interroge le documentaire éponyme qui sortira en salles le 2 octobre prochain. Son réalisateur, Santos Blanco, fait de ce qui pourrait être un non-sens dans notre monde actuel, un révélateur des besoins spirituels du XXIe siècle. Comment expliquer que, dans une époque marquée par le rythme effréné de nos quotidiens ou la quête incessante de bonheurs, certains choisissent de se retirer du monde ? Pourquoi s’engager dans une vie si particulière, si sèche ?
Voyagez à travers douze monastères pour sonder les profondeurs de la vie contemplative et pénétrer dans ces murs préservés. Vous rencontrez des destins extraordinaires, qui vous livreront dans une série d’entretiens anonymes, leur « trésor caché ».
Le projet prend forme pendant la pandémie 2020, lorsque Santos Blanco participe à une campagne pour récolter des fonds pour les monastères. Coupés de leurs sources habituelles de revenus, les religieux avaient du mal à subvenir à leurs besoins les plus élémentaires. Cette expérience a poussé le réalisateur à passer plusieurs jours en immersion dans un monastère, où, fasciné par cette vie cachée, il a décidé de creuser cette thématique.
Tout au long du film, les religieux nous entraînent dans une quête, soulignant que « la société souffre d’un profond vide existentiel », et que les réponses à ce vide ne se trouvent peut-être pas dans le bruit constant qui nous entoure… Arrachés au chaos et au brouhaha du monde ambiant, ils nous invitent à écouter une voix intérieure, source d’une vraie joie ; une joie profonde qui luit dans leurs yeux. Dans la maladie, l’épreuve, la solitude, l’on perçoit quelque chose de plus grand.
Articulé autour de l’extrait biblique, « je suis le chemin, la vérité, et la vie », le documentaire oscille entre entretiens, images du travail manuel et jaillissement sonore de la nature. D’un point de vue artistique, « Libres » est une œuvre contemplative. Accompagnée d’une musique envoûtante composée par Oscar M. Leanizbarrutia, la nature occupe une place centrale dans la narration, avec des images de montagnes, de forêts ou de champs, créant un parallèle entre les éléments et l’équilibre intérieur des religieux.
Le premier titre choisi pour Libres était « Duc In altum », « dans le sens d’aller « dans les profondeurs », car le film est un voyage à l’intérieur de l’Homme », explique Javier Lorenzo, le scénariste du film. Cependant, alors qu’ils avaient presque terminé le tournage du film, ils se sont rendu compte que le mot « liberté » était « sans aucun doute, le mot qui apparaissait le plus souvent dans le documentaire, et quand on le voit, on comprend pourquoi ».
Enfin, au-delà d’un support de réflexion, ce documentaire est une bouffée d’air frais, un moment de calme et d’apaisement.Le film offre un regard inédit sur la vie monastique. Il est extrêmement rare que des caméras puissent pénétrer dans ces lieux de silence et de recueillement. Encore plus exceptionnel est le fait que les moines et moniales aient accepté d’ouvrir leur cœur devant la caméra.
Ce documentaire pourrait ne pas toucher tous les publics. Son approche du divin est profonde et appelle la contemplation. De plus, le film est tourné en espagnol, sous-titré en français… Détail non négligeable, qui ne saurait pour autant constituer une barrière infranchissable.
Libre à vous de consentir ou de simplement contempler. Toutes les questions n’appellent pas de réponses.
Suzie Zanetta
Date de sortie en salles : 2 octobre 2024.
Réalisateur : Santos Blanco ; Directeur de la photographie : Carlos de la Rosa ; Musique : Oscar M. Leanizbarrutia – Durée : 1h44
La bande annonce est disponible sur internet à ce lien : https://urlz.fr/smck