En ce moment-même à Paris se déroule une exposition déjà historique. « Surréalisme », présentée jusqu’au 13 janvier 2025 au Centre Pompidou a d’ailleurs fait l’objet d’un article : http://itartbag.com/le-surrealisme-au-centre-pompidou/ .
Elle met en lumière des figures emblématiques, du mouvement – Dalí, Magritte, de Chirico, Ernst, Miró -, mais aussi des artistes de l’ombre, oubliés de leurs pairs, parmi lesquels des femmes, les grandes absentes du mouvement orchestré par André Breton : Leonora Carrington, Ithell Colquhoun, Dora Maar, Leonor Fini…
À l’occasion de cette exposition exceptionnelle, le Comité des Galeries d’Art s’est associé au Centre Pompidou pour proposer en septembre et octobre 2024 des expositions centrées sur des thèmes ou des artistes surréalistes. Au total, 38 galeries organisent une cinquantaine d’expositions pour célébrer le centenaire de ce mouvement artistique iconique.
La surréaliste marginale, Léonor Fini
La Galerie Minsky rend hommage à l’œuvre de Leonor Fini en organisant trois expositions du 4 septembre 2024 au 18 janvier 2025.
La première, du 5 septembre au 2 novembre, présente une rétrospective avec des œuvres rares qui se comprennent entre 1927 à 1995. Parmi ces pièces figurent des œuvres majeures, comme Femme en armure (1938), un autoportrait en sphinx (1943), et le portrait de l’architecte Lino Invernezzi(1944-1945). L’exposition inclut également des masques sophistiqués créés par Fini, qui étaient emblématiques de son rôle d’égérie des bals costumés parisiens d’après-guerre.
Leonor Fini (1907-1996), née en Argentine et élevée en Italie, s’installe à Paris en 1931 et se lie aux grandes figures du surréalisme, mouvement lancé par André Breton à travers un manifeste en 1924. Assez vite, elle participe à des expositions caractéristiques du surréalisme, comme « Dessins surréalistes » en 1935 à Paris et « Meubles surréalistes » en 1939. Elle expose aussi à Londres puis au MoMA de New York. Artiste polyvalente, Fini collabore avec Elsa Schiaparelli en créant, en 1937, le célèbre flacon de parfum « Shocking » en forme de buste.
Indépendante, elle a toujours refusé d’être associée au surréalisme ou à tout autre mouvement, malgré des similitudes dans les grandes idées notamment quant à l’importance des rêves. Elle critiquait la misogynie de Breton et revendiquait une totale liberté créative. Son œuvre est marquée par une grande modernité, peuplée de créatures fantastiques. Les femmes apparaissent fortes et libres. Les hommes révèlent leur part de féminité. Fascinée par l’androgynie, Léonor Fini se considérait comme indépendante avant tout, déclarant ne pas être féministe mais simplement peintre.
Suivront deux autres expositions présentant conjointement des œuvres de Leonor Fini et de son ami Stanislao Lepri : œuvres sur toile, du 7 novembre au 7 décembre 2024, puis sur papier, du 12 décembre 2024 au 18 janvier 2025.
Exposition du 5 septembre au 2 novembre 2024
Galerie Minsky – 37 rue Vaneau 75007 Paris
Ouvert du mardi au samedi 10h-13h et 14h-18h
André Masson, le surréalisme révolutionnaire
La Galerie Jean-François Cazeau, située dans le Marais à Paris, présente une exposition centrée sur l’oeuvre d’André Masson. Depuis 1990, la galerie entretient un lien privilégié avec cet artiste, ayant organisé la première rétrospective posthume de l’artiste avec l’aide de sa famille. Elle continue de faire vivre l’héritage artistique de l’un des grands visionnaires du surréalisme, notamment en prêtant certaines de ses œuvres.
André Masson (1896-1987) est un artiste profondément marqué par la métamorphose, créant un art fondé sur l’instabilité et la dualité entre érotisme et violence. Membre fondateur du groupe surréaliste, il est notamment reconnu pour avoir inventé le dessin automatique, transcrit par la suite en peinture et sculpture.
En 1927, Masson introduit les bases du « dripping » dans ses œuvres de sable, technique qui influencera l’expressionnisme abstrait américain. Toujours en quête de renouveau, son œuvre reflète un esprit politique et engagé, nourri de collaborations artistiques fécondes, notamment avec l’écrivain Georges Bataille.
L’œuvre de Masson est constamment renouvelé. Son éclectisme est d’ailleurs salué par André Breton, qui affirme : « L’éclectisme dirige, rien de plus beau ». Cette exposition a pour ambition de dévoiler toutes les facettes de son œuvre, depuis ses débuts cubistes imprégnés d’imaginaire surréaliste, jusqu’à ses célèbres sables et dessins automatiques, passant par les « Massacres » (1932-1934), expression de la violence du siècle. Les toiles de sa période américaine illustrent l’influence de Masson sur l’expressionnisme abstrait et l’abstraction lyrique, des deux côtés de l’Atlantique. Les années 1950 marquent un autre tournant avec sa « période chinoise », où il crée un langage abstrait inspiré de l’alphabet pictographique archaïque chinois.
Cette exposition, composée d’une trentaine d’œuvres, couvre toutes les périodes majeures de sa carrière. Elle inclut également ses célèbres dessins automatiques, invention phare du surréalisme, ainsi que plusieurs sculptures importantes, montrant la diversité de ses explorations artistiques.
Exposition du 27 septembre au 21 décembre 2024
Galerie Jean-François Cazeau – 8 rue Sainte-Anastase 75003 Paris
Ouvert du mardi au samedi, 14h00 à 19h00 et sur rendez-vous
www.galeriejfcazeau.com
Un catalogue sera publié par la galerie à l’occasion de cette exposition.
Et de nombreuses autres expositions dans tout Paris, dont :
● « Val Telberg – Un surréaliste américain à Paris »
Les Douches la Galerie présente une rétrospective du photographe entre espace réel et monde rêvé.
Du 12 septembre au 10 novembre 2024
5 rue Legouvé, 75010, Paris
● « Hypnos – Sommeil(s) et dessins Hypnotiques » Coco Fronsac
La Galerie Vallois expose des œuvres créées entre 2015 et 2022 qui font écho aux Dessins hypnotiques de Robert Desnos (1900-1945).
Du 3 octobre au 2 novembre 2024
41 rue de Seine, 75006, Paris
Suzie Zanetta