L’infâme : cent fois sur le métier, remettre son ouvrage

Entre les murs du théâtre de la Reine blanche, au premier étage, dans la salle Marie Curie, les spectateurs sont conviés à la représentation de l’Infâme, une pièce de théâtre écrite par Simon Grangeat et mise en scène par Laurent Fréchuret. La pièce, d’une durée de 45 min, est accompagnée d’un moment de discussion, une belle opportunité pour discuter avec les actrices et le metteur en scène de la pièce.

En pleine fuite de sa figure maternelle, Tana, une jeune fille renfermée et fragilisée, trouve refuge chez une couturière qui l’initie à la couture et la forme en échange d’un toit. Tana tente désespérément de faire de cette fuite un moyen de rompre les chaînes de sa relation avec sa mère. Mais Tana n’est pas seule, sa meilleure amie Apolline, maladroite et fantasque, sa patronne et la couture libèrent la jeune fille de ses frayeurs et de ses craintes.
L’Infâme est un récit d’émancipation, un témoignage d’espoir et d’amour. La couture transcende les remparts de l’atelier et Tana apprend, petit à petit, l’importance des liens qui tissent sa vie, l’importance de prendre soin de ces liens et peut être de s’en détacher.

L’Infâme ne présente que deux personnages incarnés par des actrices. Tana jouée par Louise Bénichou et Apolline interprétée par Alizée Durkheim-Marsaudon peignent le portrait de deux amies, résolument différentes dans leurs personnalités et leurs existences, pourtant liées par une amitié forte et loyale.

Simon Grangeat, auteur, s’est entouré d’élèves de collège et lycée pour l’écriture de la pièce. Leur présence dans le processus d’écriture de l’Infâme, offre une toute nouvelle dimension aux personnages de Tana et Apolline, deux jeunes filles de 16 ans, à l’image de ceux qui ont participé à leur création. Simon Grangeat s’imprègne des idées et thèmes façonnés par les élèves avec qui il travaille et crée un récit touchant sur les relations, leurs tangibilités et leurs impacts. Il pose un regard franc sur la beauté des relations qui se nouent et celles qui doivent se défaire.

Laurent Fréchuret fait le pari d’une mise en scène dépouillée et simple. Une chaise posée au centre de la salle, seul élément tangible du décor, accompagne les tourments de Tana, sa colère, ses réussites et son travail. La chaise est un point d’ancrage pour le spectateur dont l’immobilité accompagne les va-et-vient de Tana et Apolline dans l’appartement loué par la couturière. Dans cette salle presque vide, Tana est seule, elle est hantée par les souvenirs d’une mère sans amour. Mais surtout, elle peut, dans cette pièce vide, créer, apprendre et se perfectionner. L’espace qu’offre le metteur en scène à ces personnages et au public est un espace de possibilité et d’imagination. Les dialogues et interactions des deux jeunes filles participent à la construction de l’espace physique invisible et renforcent l’importance de leurs liens à elles. Toutes deux existent et se nourrissent de la présence l’une de l’autre autant dans le scénario que dans la mise en scène.

L’infâme est une pièce intime, le conte initiatique d’une adolescence parfois sans répits, et qui pourtant touche toujours à sa fin.

Claire Maguet

L’infame, de Simon Grangeat
Mise en scène : Laurent Fréchuret ; Avec : Louise Bénichou, Alizée Drukheim-Marsaudon ; Voix off : Flore Lefebvre des Noëttes

Du vendredi 31 Javier au dimanche 2 mars 2025

Théâtre La Reine Blanche, 2 bis passage Ruelle, 75018 Paris
Tous les mercredi et vendredi à 21h et le dimanche à 18h

https://www.reineblanche.com