Bong Joon Ho renoue avec le film de monstre et la satire sociale avec le très attendu Mickey 17. Un film clé dans la carrière du réalisateur après le succès international de Parasite.

Mickey Barnes, prêt à tout pour échapper à ses dettes, s’engage auprès d’une compagnie sur le point de débuter un voyage vers une nouvelle planète. Ce voyage, signe d’une nouvelle vie, s’annonce plus littéral que prévu. Mickey postule pour le poste de consommable, un rôle un particulier pusqu’il est régulièrement sacrifié par l’équipe scientifique de l’expédition. Lorsque Mickey meurt, il est simplement réimprimé, ses souvenirs lui sont réimplantés et les choses reprennent leurs cours. Malheureusement, après une violente chute tout l’équipage croit Mickey 17 mort. Alors qu’est réimprimé une nouvelle copie du protagoniste, l’ancienne version survit et retrouve le chemin du vaisseau.
Bong Joon Ho propose, dans ce nouveau film, l’humour qu’on lui connaît dans un conte futuriste. Mickey 17 est une œuvre contemporaine, ancrée dans son époque. Fourmillant de références plus qu’actuelles, le film s’impose comme un véritable miroir social et politique.
Les personnages coexistent au sein de l’œuvre malgré un traitement et une écriture unique. Entre caricatures exacerbées pour certains et dramatisme affligeant pour d’autres, Bong Joon Ho dépeint une véritable fresque sociale mêlée à une touche d’onirisme et de fantaisie.
Le long métrage interroge des questions identitaires, de statut social et culturel. Mickey incarne l’ouvrier, dont la vie et les efforts ne sont que peu recomposés par un système à la recherche de main d’œuvre peu coûteuse. Poussé à l’extrême, le concept de consommable ne fait que pointer du doigt des tensions déjà présentes à notre époque. Robert Pattinson s’empare du rôle de Mickey qu’il porte avec finesse et amusement à l’écran.
Les personnages politiques sont tournés en ridicule à la fois dans leur écriture et leurs performances. Kenneth Marshall, interprété par Mark Ruffalo, un homme politique sans vergogne, un peu simplet, s’impose au sein d’un imaginaire collectif déjà bien alimenté.
Cher au réalisateur, le film de monstre se mêle à la satire sociale pour questionner les notions d’identités. Ici, le monstre, créature dotée d’intelligence, natif de la planète colonisée par la compagnie, permet à Bong Joon Ho de poser un regard critique sur la colonisation et la dépossession des terres, et la violence morale.
Mickey 17 est beaucoup de choses à la fois. Pourtant, le film réussit à rester cohérent tout en ne se restreignant pas dans les thématiques explorées. Le film bouscule avec simplicité les codes du cinéma hollywoodien pour une expérience qui fait réfléchir tout en nous divertissant.
Claire Maguet
En salle depuis le 05 mars 2025