Laure Prouvost : Rémini-sens méditerranéennes

Jusqu’au 11 janvier 2026, la vidéaste et plasticienne marseillaise Laure Prouvost investit la cité phocéenne avec ses œuvres immersives et poétiques.

C’est tout d’abord à la chapelle du Centre de la Vieille Charité que la lauréate du prix Turner en 2013 a choisi d’exposer son œuvre Mère We Sea. Une œuvre monumentale, suspendue sous le dôme de style baroque du bâtiment, rend hommage à la Méditerranée, à Marseille, et à ses habitants.

Un sein géant en verre, symbole nourricier et protecteur, capte la lumière du jour et toute l’attention du spectateur. Autour de lui semble nager un banc de sardines, toutes uniques et figées en un cortège aquatique silencieux. Cet ensemble est immobilisé au-dessus d’une mer de résine transparente, mêlée de déchets. C’est une Méditerranée souillée qui est représentée à même le sol.

En haut, la vie. En bas, la pollution. Entre les deux, des voix. Les chants des enfants du conservatoire de Marseille sont entrecoupés par des chuchotements féminins en anglais et en français, tandis que des haut-parleurs situés tout autour de la chapelle diffusent les récits des habitants de la Vieille Charité. L’artiste y révèle ainsi le passé populaire et les mémoires, collectives et intimes, des Marseillais et Marseillaises.

La Vieille Charité, située dans le quartier du Panier, a été construite au XVIIe siècle à l’initiative de Louis XIV. L’installation de Laure Prouvost ravive la mémoire de ce lieu, ancien hospice accueillant les familles pauvres de la ville, tout en explorant son lien avec la capitale provençale, à la fois ville, port, mais surtout centre méditerranéen.

Comme un prolongement de cette œuvre, le court métrage They Parlaient Idéale, dont Laure Prouvost est la réalisatrice, est projeté au [mac] Musée d’Art Contemporain de Marseille. Après avoir traversé, dans la pénombre, un labyrinthe de rideaux noirs, évoquant les méandres de la mémoire et la perte de repères, le public est embarqué dans un « roadtrip to our subconscious » (en français, « voyage vers notre subconscient ») pendant près de trente minutes. De Nanterre à Venise, en passant par Marseille, un groupe d’étudiants croise chants, chorégraphies et récits pour construire une atmosphère énigmatique, presque rituelle. Cette fresque filmique, qui flirte entre le rêve et le cauchemar, invite le spectateur à repenser le voyage, l’immigration ou encore son rapport à l’environnement.

Que vous n’ayez pas encore découvert les œuvres de Laure Prouvost, ou que vous en sortiez tout juste, il est encore temps de plonger – ou de replonger – dans l’univers de l’artiste, en découvrant son exposition Au fort, les âmes sont, au Fort Saint Jean, à Marseille.

Irène Gajac

Du 2 avril 2025 au 11 janvier 2026

Mère We Sea, Centre de la Vieille Charité, 2, rue de la Charité, 13002 Marseille

Du 17 mai 2025 au 11 janvier 2026

They Parlaient Idéale, [mac] Musée d’Art Contemporain, 69, Rue d’Haïfa, 13008 Marseille

Du 2 avril au 28 septembre 2025

Au fort, les âmes sont, Fort Saint Jean, Mucem, 1 Esp. J4, 13002, Marseille