Saintes, mémoire vivante de la Saintonge : entre grandeur antique et héritage spirituel
Ville carrefour posée sur les rives de la Charente, Saintes traverse l’histoire depuis plus de vingt siècles. Ancienne capitale de la Gaule aquitaine, elle offre aujourd’hui un paysage urbain où dialoguent les vestiges romains, les églises romanes et les hôtels particuliers de l’époque classique. Mais au-delà des pierres, Saintes se nourrit aussi d’histoires, de figures illustres et de légendes, qui lui donnent une âme unique.
Lorsque les Romains fondent Mediolanum Santonum au Ier siècle av. J.-C., ils choisissent un emplacement stratégique : au bord de la Charente, fleuve navigable, et au croisement des grandes voies. La ville devient le cœur administratif des Santons, peuple gaulois soumis mais intégré.
Un érudit du XIXe siècle, Jules Quicherat, décrivait Saintes comme « une Rome en miniature où l’on retrouve, à chaque détour, l’écho d’un empire disparu ».
Les monuments édifiés – amphithéâtre, arc, aqueducs – rivalisent avec ceux des grandes cités impériales. Un dicton local dit encore que « Saintes est une petite Rome », tant les vestiges antiques marquent encore le paysage.






L’arc de Germanicus : un donateur qui voulait être immortel
Construit en 18 ou 19 apr. J.-C., l’arc de Germanicus doit beaucoup à un citoyen de Saintes : Caius Julius Rufus. Descendant d’une famille gauloise romanisée, il fit graver son nom au fronton du monument, perpétuant ainsi sa mémoire au-delà des siècles.
Démonté en 1843 pour sauver l’édifice lors de la démolition du vieux pont, l’arc fut reconstruit pierre par pierre sur la rive. On raconte que lors de ce démontage, les habitants se rassemblèrent en foule pour assister au spectacle, conscients qu’ils voyaient passer devant eux un morceau de leur propre histoire.
Prosper Mérimée, alors inspecteur général des Monuments historiques, s’enthousiasma : « Nulle part je n’ai vu arc plus pur et plus noble ; il faut le sauver comme on sauve une mémoire vivante. »

Les arènes : du sang et des jeux
Avec ses 15 000 places, l’amphithéâtre de Saintes témoignait de l’importance de la cité. Ici se déroulaient combats de gladiateurs, mais aussi des venationes, où des fauves – parfois venus d’Afrique – affrontaient des chasseurs dans l’arène. Une tradition orale rapporte qu’un souterrain reliait les arènes à la Charente, permettant d’y faire entrer des animaux exotiques débarqués sur les quais. Légende ou réalité ? Les archéologues n’ont jamais trouvé de trace, mais l’histoire continue d’alimenter l’imaginaire local.
Un voyageur anglais du XVIIIe siècle, Arthur Young, s’émerveilla devant leur immensité : « Ce cirque enfoui dans la verdure, que l’herbe a recouvert mais que la pierre défie encore, donne à penser que les Romains construisaient pour l’éternité. »



L’abbaye aux Dames : pouvoir des femmes et musique céleste
Fondée en 1047, l’abbaye aux Dames a ceci de particulier qu’elle fut dirigée par des abbesses puissantes, souvent issues de la haute noblesse. Elles administraient terres et revenus, recevaient rois et évêques, et exerçaient une autorité spirituelle sur la région.
Au fil des siècles, l’abbaye connut prospérité et déclin. Transformée en caserne sous la Révolution, elle fut sauvée in extremis au XIXe siècle. Aujourd’hui, elle vit une seconde jeunesse grâce à la musique. Le Festival de Saintes, créé en 1972, y résonne chaque été : les pierres romanes deviennent caisse de résonance pour les voix et les instruments, donnant une vie nouvelle à ces murs millénaires. L’écrivain Pierre Loti, natif de la région, évoqua ce lieu comme : « Une blanche nef de pierre qui semble prête à s’élancer vers le ciel, et qui résonne des chants d’un autre âge. »






Saint Eutrope : un saint et une légende
Premier évêque de Saintes au IIIe siècle, Saint Eutrope est une figure majeure de la christianisation en Gaule. Selon la légende, il aurait été lapidé à mort par les païens, refusant d’abandonner sa foi. Sa tombe, dans la crypte de la basilique qui porte son nom, construite au XIe siècle, devint un lieu de pèlerinage majeur.
Une croyance populaire affirmait que les malades qui touchaient son sarcophage guérissaient de leurs maux. Sa basilique, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, abrite une crypte parmi les plus vastes d’Europe.
Un chroniqueur médiéval écrivit : « Les pèlerins descendaient dans l’ombre comme dans le sein de la terre, et trouvaient là la lumière du salut. »



Églises et clochers : la ville aux cent chapelles
Saintes comptait autrefois près d’une vingtaine d’églises. Parmi elles : Saint-Pierre, dont la tour-clocher massive domine encore la ville malgré les destructions, Saint-Vivien, joyau roman aux chapiteaux sculptés, Saint-Pallais, qui remonte aux temps mérovingiens. L’écrivain régionaliste Jean Rougerie notait avec justesse : « À Saintes, chaque église est un chapitre, et le promeneur qui s’y attarde lit le grand livre de pierre de la Saintonge. »
Parmi les musées de Saintes, le musée Dupuy-Mestreau, situé dans un élégant hôtel particulier du XVIIIᵉ siècle, est un véritable trésor pour les amateurs d’histoire et de patrimoine régional. Créé à partir des collections d’Abel Mestreau, un passionné d’art et de traditions locales, il offre un aperçu complet de la vie quotidienne et des savoir-faire de la Saintonge, de l’Aunis et de l’Angoumois.
Plusieurs espaces sont reconstitués pour plonger les visiteurs dans l’atmosphère d’autrefois, comme une cuisine charentaise ou une chambre aristocratique, permettant de mieux comprendre le quotidien des habitants au XIXᵉ et au début du XXᵉ siècle.
Le musée présente une remarquable collection de costumes d’époque, notamment des robes et accessoires féminins du XVIIIᵉ et XIXᵉ siècles. Les coiffes traditionnelles, telles que les « Quichenottes » et les « Champanais », sont exposées, illustrant la diversité des modes vestimentaires locales. Une salle dédiée aux faïences regroupe des pièces provenant des ateliers locaux, mettant en lumière l’artisanat céramique de la région. Ces objets, souvent ornés de motifs typiques, reflètent les influences artistiques de l’époque. Une section est consacrée aux jouets anciens, permettant de découvrir les divertissements des enfants d’autrefois. Des objets du quotidien, tels que des ustensiles de cuisine et des outils domestiques, illustrent les habitudes et les métiers traditionnels. Parmi les curiosités exposées, on trouve des objets insolites tels que des pantoufles portées par Louis XVI lors de son emprisonnement au Temple, une arbalète à grenouilles et des maquettes maritimes réalisées avec des matériaux recyclés.











Musée Dupuy-Mestreau, 4 Rue Monconseil, 17100 Saintes
Ouvert du mardi au vendredi de 13h30 à 17h15 et le samedi de 10h à 12h30 et de 13h30 à 17h15
Les carrières de Thénac : la pierre qui raconte l’histoire de la Saintonge
À quelques kilomètres de Saintes, les carrières de Thénac dévoilent le cœur de la Saintonge à travers leur pierre calcaire blonde, emblème du patrimoine régional. Utilisée depuis le Moyen Âge pour bâtir églises, maisons et monuments, cette pierre lumineuse a façonné l’identité architecturale de la région. Aujourd’hui, les carrières continuent de révéler le savoir-faire ancestral des tailleurs de pierre, et participent à la préservation du patrimoine régional, tout en offrant un aperçu fascinant du travail de la pierre et de l’histoire géologique de la Saintonge. out en offrant aux visiteurs un fascinant voyage entre géologie, histoire et tradition artisanale.






Carrières de Thénac et Saintonge, 7 Chemin des Carrières, 17460 Thénac
Des fascinantes visites virtuelles à découvrir sur le site : https://www.carrieresdethenac.com/
Saintes et la Saintonge est un territoire où de nombreux artisans se sont installés
Si vous cherchez des bougies naturelles fabriquées manuellement sur place, un grand choix est proposé aux Rives de Saintonge ainsi que des objets décoratifs comme des brûles parfum ou des bougeoirs


Rives de Saintonge, 65 rue de l’Arc de Triomphe, 17000 Saintes
A la Fabulleuse savonnerie, ce sont toutes sortes de savon qui sont présentés. Fabriqué dans la l’atelier-boutique, validés par un toxicologue, respectueux de l’environnement, ces savons se déclinent en saisons et pour toutes les peaux. Des cosmétiques solides, conçus de le même façon, complètent l’offre de cette savonnière.


Fabulleuse savonnerie, 8 rue de la Souche 17100 Saintes
https://savonnerie-fabulleuse.fr/
L’Angélys, un maître artisan glacier emblématique de la Charente-Maritime :
Fondée en 1996 par Denis Lavaud, L’Angélys est née d’une passion d’enfance pour les glaces artisanales. Dès 7 ans, il se souvient avoir été captivé par un glacier italien dans le faubourg Saint-Eutrope à Saint-Jean-d’Angély. Ce souvenir est devenu une véritable madeleine de Proust, inspirant sa carrière de maître artisan glacier. Aujourd’hui, l’entreprise familiale, installée à Fontcouverte près de Saintes, est reconnue pour ses crèmes glacées et sorbets 100 % naturels, sans conservateurs, sans gluten, sans lactose et sans huile de palme. Avec plus de 500 recettes élaborées, L’Angélys propose des saveurs originales comme le Cognac-Raisin, le Plombières ou le Caramel beurre salé, dans un souci constant de qualité et d’innovation. Si la marque a également ouvert plusieurs boutiques, appelées Les Ateliers de L’Angélys, à Royan, Bordeaux, La Rochelle permettant aux gourmands de savourer ses créations sur place, on peut les trouver partout en France dans de nombreux magasins.



L’Angélys, Z.A La Sauzaie, 8 Route des Varennes, 17100 Fontcouverte
Pour se restaurer, quelques adresses où le fait maison est de rigueur :
Le Clos des Cours : élégance et créativité au cœur de Saintes
Le Clos des Cours, situé en plein cœur de Saintes, est un restaurant gastronomique réputé pour sa cuisine française raffinée et créative. Dirigé par le chef Jean-Luc Bonedeau et son épouse Virginie, l’établissement propose une cuisine française raffinée, légère et créative, inspirée des saveurs locales et internationales. Les plats sont élaborés à partir de produits frais, souvent locaux, en mêlant techniques traditionnelles et touches d’inspiration internationale.





Le Clos des Cours, 2 Place du Théatre, 17100 Saintes
Les Saveurs de l’Abbaye est un restaurant gastronomique situé à Saintes, à proximité immédiate de l’Abbaye aux Dames. Dirigé par le chef Vincent Coiquaud, l’établissement propose une cuisine raffinée mettant en valeur les produits locaux du marché. Les plats sont élaborés avec soin, offrant une expérience culinaire de qualité.
Le cadre du restaurant est moderne et chaleureux, offrant une atmosphère agréable pour les repas. Les clients apprécient la qualité des mets, le service attentionné et l’ambiance conviviale. Le restaurant est ouvert du mardi au samedi, avec des horaires de service de 12h à 13h30 et de 19h30 à 21h.






Les Saveurs de l’Abbaye, 1 Place Saint-Pallais, 17100 Saintes
Le Moulin de la Baine : authenticité et charme au fil de la Charente
Le restaurant Le Moulin de la Baine, situé à Chaniers, propose une expérience culinaire unique dans un cadre à la fois historique et naturel. Installé dans un ancien moulin du XVIIe siècle, il surplombe la Charente et offre une terrasse panoramique idéale pour profiter des repas en plein air.
La carte met en avant une cuisine traditionnelle revisitée avec des produits locaux, accessible à travers différents menus adaptés à tous les goûts et à toutes les occasions, y compris pour les enfants. L’établissement peut accueillir des groupes et des événements privés dans ses salles modulables, et propose même des expériences originales, comme des croisières fluviales accompagnées d’un repas avant l’arrivée au restaurant. Le Moulin de la Baine allie ainsi patrimoine, gastronomie et cadre naturel pour une sortie conviviale ou une célébration spéciale.









Le Moulin de la Baine, 14 Rue Colbert, 17610 Chaniers
Santone : Du champ à l’assiette, l’alliance de la brasserie et de la ferme
La Brasserie Santone, nichée à Saint-Georges-des-Coteaux, offre une expérience culinaire authentique et chaleureuse. Chaque midi, le chef propose un menu unique à 19 €, composé d’une entrée, d’un plat et d’un dessert, élaborés à partir de produits locaux de qualité. Les portions généreuses et le fait maison sont au rendez-vous, dans une ambiance conviviale et un service rapide. L’établissement dispose également d’un espace extérieur pour les repas en plein air.









Juste à côté, la Ferme Santone complète cette offre en proposant une large gamme de produits locaux : viandes, charcuterie, fruits, légumes, produits laitiers, vins et épicerie. Ce magasin de producteurs en circuit court met l’accent sur le « manger local, manger de saison », offrant ainsi aux habitants et visiteurs un accès direct à des produits frais et de qualité.






Ensemble, la Brasserie et la Ferme Santone incarnent un modèle de proximité et de qualité, alliant plaisir culinaire et soutien à l’agriculture locale.
La Brasserie Santone, 16 Rue Denis Papin, 17810 Saint-Georges-des-Coteaux
Ouvert du mardi au samedi de 11h30 à 14h
Pour se reposer, l’hôtel Les Messageries, situé au cœur de Saintes, offre un cadre alliant charme historique et confort moderne. Installé dans un ancien relais de poste du XVIIᵉ siècle, il conserve un caractère patrimonial tout en proposant des chambres calmes et climatisées, décorées avec soin. Certaines suites spacieuses sont parfaites pour les familles.
L’hôtel se trouve dans une rue piétonne tranquille, proche des principaux sites touristiques, ce qui permet de découvrir la ville à pied. Il dispose d’une cour intérieure agréable, d’un garage sécurisé, d’un salon de réception et de services pratiques comme le wifi gratuit et l’accès aux personnes à mobilité réduite.






Les Messageries, Rue des Messageries, 17100 Saintes
https://hotel-des-messageries.com/
Pour découvrir Saintes et la Saintonge, n’hésitez pas à contacter l’office de tourisme qui est très dynamique ! et pour mieux connaître l’histoire de la ville, une de leur conférencière, Cécile Trébuchet, passionnée par la ville et son patrimoine, saura vous plonger dans un passé toujours vivant. Comme le résumait Gustave Flaubert, de passage en Charente : « Le passé n’est pas mort ici, il s’est mêlé au présent, et l’air lui-même semble rempli de souvenirs. »
Office de tourisme de Saintes et la Saintonge, 2 Avenue Gambetta, 17100 Saintes
Véronique Spahis