Déambulation musicale avec Kandinsky à la Philharmonie de Paris

Pour l’ouverture de sa saison 2025/2026, la Philharmonie de Paris présente une exposition inédite autour de la figure du père de l’abstraction, Vassily Kandinsky (1866-1944), en partenariat avec le Centre Pompidou, qui possède à ce jour le plus grand fonds d’œuvres de l’artiste russe. Près de 200 œuvres et objets en provenance de l’atelier du peintre sont à découvrir, afin d’appréhender la place centrale occupée par la musique dans son quotidien, dans sa vocation artistique et dans son cheminement vers l’abstraction.

« Je ne veux pas peindre la musique », a un jour déclaré l’artiste originaire de Moscou : un rappel essentiel dans cette exposition aux allures de rétrospective, qui fait dialoguer avec originalité musique et oeuvres peintes abstraites, sans pour autant que ces dernières n’en deviennent une copie. L’accent est mis sur l’utilisation de la musique comme modèle de pensée, qui a donné à Kandinsky la possibilité de créer des vibrations sous une autre forme artistique. Pour suivre son évolution stylistique, de la période russe aux séries des Impressions, Improvisations et Compositions, en passant par l’ère du Bauhaus, le visiteur opère une déambulation musicale, équipé d’un casque audio qui déclenche automatiquement des morceaux de musiques ponctuées de citations de Kandinsky, ainsi plongé en immersion totale dans le parcours d’exposition.

Un petit cabinet de musique permet de découvrir ce qu’était le quotidien musical du peintre, entre chants folkloriques russes et compositions classiques d’Alexandre Scriabine, Thomas von Hartmann, Igor Stravinsky et plus spécifiquement celles de son ami le compositeur Arnold Schönberg, que l’artiste entend jouer pour la première fois à Munich en 1911. Un concert qu’il n’oubliera jamais et qui modulera son rapport indéfectible à la musique, compagne incontournable de sa pratique artistique durant toute sa carrière. Kandinsky réalise, dès le lendemain du concert, de très vifs croquis présentés dans l’exposition, qui ont donné naissance à la célèbre toile Impression III, le concert, prêté par le Lenbachhaus de Munich.

Une part belle est également faite à l’activité théâtrale et chorégraphique de Kandinsky, aujourd’hui assez méconnue, notamment ses recherches autour sur la création d’un théâtre-opéra abstrait. Une dizaine de projets sont présentés, réalisés en parallèle de son œuvre peint, en particulier une recréation de sa mise en scène des Tableaux d’une exposition de Moussorgski en 1928, ainsi qu’une reproduction numérique de son Salon de musique, conçu pour l’exposition d’architecture de Berlin en 1931. 

Une très belle salle est consacrée à la technique musicale de « la fugue », qui a fortement inspiré l’artiste et ses contemporains : trois toiles de Paul Klee, August Macke et František Kupka sont à découvrir dans un dialogue unique avec la grande Fuga (1914) de Kandinsky.

La scénographie organique de Pascal Rodriguez est enfin à souligner, en particulier les choix modernes de lumières colorées émanant des cimaises, qui guident le visiteur en donnant un tempo unique à l’exposition, tout en vibrations.

Julie Goy

Du 15 octobre 2025 au 1er février 2026

Philharmonie de Paris, 221 Avenue Jean Jaurès, 75019 Paris

Du mardi au jeudi de 12h00 à 18h00. Le vendredi de 12h00 à 20h00. Le samedi de 10h00 à 20h00. Le dimanche de 10h00 à 18h00

https://philharmoniedeparis.fr/fr/activite/exposition/28824-kandinsky