Le vaudeville «Drôle de Justice» de Jean-Marie Rouart se déroule au sein d’une famille notable : celle d’un président de tribunal qui attend sa nomination à la Cour de cassation. De nature colérique, il se montre chaque matin de très mauvaise humeur et devient vite insupportable avec tout son entourage.

Sa femme, Eugénie, douce et généreuse mère de famille, semble en revanche avoir quelque peu manqué d’autorité dans l’éducation de leurs deux enfants. Leur fils, paresseux et indécis, peine à trouver du travail, tandis que leur fille, charmante mais superficielle, ne s’intéresse qu’à sa garde- robe.
Eugénie consacre son temps libre à aider un sans-abri, Roman Popovitch, qu’elle emploie à la maison pour de petits travaux – et peut-être pour lui offrir un peu plus de réconfort qu’il n’y paraît…
Mais l’intrigue bascule lorsque, chez les voisins, une fillette de sept ans est retrouvée assassinée. Le scandale éclate : d’abord le président, puis son fils, sont soupçonnés. Pour éviter la honte et la ruine sociale, la famille trouve un coupable tout désigné : le malheureux Popovitch.
La suite ? Je ne vous la dévoilerai pas : allez voir la pièce au Théâtre de Passy ! Je vous assure que cette affaire se termine d’une manière bien plus drôle que celle d’Omar Raddad.


Une satire sociale
Jean-Marie Rouart, d e l’Académie française, connaît la justice comme peu d’écrivains la connaissent. Celui qui a vécu l’affaire Omar Raddad comme s’il s’agissait de celle de son propre fils sait combien la justice peut avoir un visage humain, parfois plus complexe que la loi ou les normes sociales.

Rouart explore depuis toujours les zones grises de l’âme humaine – ces territoires où la raison se bruie, où l’émotion, la peur ou le pouvoir déforment le sens du juste. L’injustice le traverse, le bouleverse, le dépasse. Il sait que l’on peut être puissant et pourtant impuissant, que le monde est à la fois injuste et terriblement juste, selon le regard que l’on porte sur lui.
C’est sans doute pour cela que les écrivains, plus que quiconque, perçoivent les nuances de la vérité. Ils la disent en se cachant derrière leurs personnages, comme pour échapper à cette justice qui juge tout – même les mots.
Alors, la justice est-elle drôle ? Se moque-t-elle de nous ?
Ou bien devons-nous, parfois, en rire pour ne pas pleurer ?
Dans Drôle de Justice, Jean-Marie Rouart choisit de rire. Il aborde l’injustice sous la forme d’un vaudeville élégant et caustique, où les situations les plus graves prennent une tournure comique. Car si, dans la vie réelle, passer dix ans en prison à la place d’un autre n’a rien d’amusant, au théâtre, le rire devient un moyen de dire l’indicible.
La compagnie Le Brigadier présente Drôle de Justice
La compagnie «Le Brigadier» réunit un casting d’exception pour la pièce Drôle de Justice de Jean- Marie Rouart, mise en scène par Daniel Colas, figure incontournable du théâtre contemporain.
Daniel Colas, auteur, acteur et metteur en scène reconnu, signe une direction à la fois élégante et vive, fidèle à son talent pour mêler profondeur et légèreté. Son regard affûté sur les rapports humains et les faux-semblants de la société donne à ce vaudeville une saveur toute particulière.
Dans le rôle principal, Daniel Russo offre une interprétation magistrale. Comédien populaire et sensible, il incarne avec justesse ce président de tribunal bourru, partagé entre le pouvoir, la morale et ses propres contradictions. À ses côtés, Florence Darel apporte finesse et émotion dans le rôle d’Eugénie, l’épouse douce et dévouée, mais pas si naïve qu’elle en a l’air.
Le spectacle réunit également Thibaut de Lussy, Baptiste Gonthier, Julie Savard et Eliott Cren, une distribution prometteuse au service d’un texte à la fois drôle, cruel et profondément humain.
Sous la direction inspirée de Daniel Colas, Drôle de Justice devient bien plus qu’une comédie : une réflexion piquante sur les injustices de notre monde, où le rire n’efface jamais tout à fait le malaise.
L’équipe artistique, d’une grande qualité, accompagne la mise en scène avec raffinement : Assistanat à la mise en scène : Coralie Audret ; Décor : Claude Pierson Costumes : Marguerite Sidik Lumières : Jacques Montaland Musique : Sylvain Meyniac
Elena Sokhoshko
Livre «Drôle de Justice» de Jean-Marie Rouart de l’Academie Française, l’édition Alban Michel.

Du 8 octobre 2025 au 4 janvier 2026
Théâtre de Passy, 95 rue de Passy, 75016 Paris
