A la découverte des Archi-Folies

Si, du 28 août au 3 septembre, l’envie vous prend de visiter le Parc de la Villette vous pourrez rencontrer sur votre chemin les 20 pavillons fédérations sportives présentes aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Ces dernières présentent une multitude d’activités initiatiques ou immersives pour découvrir les sports estivaux des Jeux Olympiques.

Fruit d’un jumelage fécond entre les fédérations sportives et une vingtaine d’écoles nationales d’architecture, ce beau projet s’est déployé sur deux ans et a permis de donner un aperçu des idées de la nouvelle génération d’architectes. Nous avons pu assister à l’inauguration de l’exposition et découvrir en avant-première ces 20 bâtisses inédites côtoyant fièrement les Folies de Bernard Tschumi

La première partie des pavillons :

Les pavillons des fédérations de lutte et de breakdance :

La réalisation des pavillons était entièrement l’affaire des étudiants qui ont créé de leurs propres mains les pièces de structure eux même grâce à des stages. Ouvert à tous les niveaux de diplômes d’étudiants, les apprentis architectes ont participé à une “course de relais” entre les différentes promotions sur deux ans pour faire évoluer leurs concepts. Cette évolution a beaucoup impliqué les fédérations sportives qui ont offert du matériel olympique aux élèves pour mieux leur faire comprendre l’esprit de leurs sports et ont pu participer au choix des designs. Les élèves ont été secondés par leurs professeurs mais aussi par les Grands Ateliers qui leur ont fourni les grues et les locaux de stockage.

Notre visite débute par le pavillon de la fédération de skateboard dont la longue toile tendue dans une structure d’acier faisant penser à une rampe. Sans surprise, nous apprenons que l’Ecole d’architecture de Toulouse s’est jumelée avec la fédération de rugby pour créer un pavillon en brique avec des gradins et la pelouse au milieu ; on imagine déjà les mêlées à sept qui pourront avoir lieu… On note la forte utilisation de bambous, dont certains viennent du parc de la Villette, comme la création de l’Ecole d’architecture de Lille représentant la fédération de basket ou celle de la Réunion qui joue avec la rusticité du bambou en le garnissant de bancs imprimés en 3D. 

Le pavillon du skateboard :

Le pavillon de l’école de Toulouse :

L’Ecole de Lyon a eu l’idée de créer un bloc de bois dont l’intérieur aurait été creusé par les mouvements de breakdance d’un danseur placé au centre du cube. Ils ont donc attaché des capteurs aux membres de breakdancers pour enregistrer et discerner quels mouvements étaient les plus importants. En plus de l’aspect en mouvement de ce pavillon, on apprend aussi qu’aucune vis ou de clou n’a été utilisé pour maintenir le tout en place. Le sol de la structure est celui utilisé par les breakdancers et rajoute un côté urbain. Plus tard dans la soirée nous avons pu assister (et danser) avec des élèves architectes mais aussi des danseurs de talent. 

Le Pavillon de l’école de Lyon :

La démonstration de breakdance :

Le pavillon de la fédération de l’aviron mettait en avant l’importance de mélanger l’ancien et le moderne en incorporant des poutres de bois d’un presbytère et une technologie de découpe de bois en très fines plaques semblables à de l’impression 3D (dont les chutes sont utilisées pour le toit). 

Les poutres du presbytère du pavillon de la fédération d’aviron :

Les pièces semblables à de la découpe 3D :

L’Envol est la réalisation de l’École nationale supérieure d’architecture qui a jeté son dévolu sur la fédération de badminton. Tout aussi en mouvement que le pavillon de Lyon, sa structure rappelle la raquette de badminton entourée de volants. Nous avons pu échanger avec Antoine Millet, un étudiant en fin de master 1 qui a prêté main forte à sa création. Il nous partage sa curiosité initiale face à l’annonce d’un tel projet qui ne rentrait pas que dans le cadre scolaire mais dans le national et qui l’a fait voir les réalités d’un chantier, incluant les imprévus et les retards de livraison (mais par chance pas les accidents !). L’ébauche du design de l’Envol est partie de l’échange entre la fédération sportive et les étudiants. Celle-ci leur a même offert des raquettes et des filets de badminton (utilisés en approfondissement d’étude lors des pauses déjeuner) pour mieux faire comprendre l’esprit de la discipline. Et c’est la grâce du volant se mouvant dans l’air qui a fait décoller la réflexion. Le tamis de la raquette se trouve traduit en canopée, la légèreté par la toile tendue bruissant au vent. Tout cela contribue au lien narratif de la plume du volant qui tourbillonne près de la raquette et confère au pavillon un élan et un dynamisme immortalisé qui lui permet de se démarquer des autres pavillons.

Antoine devant son pavillon :

Le projet a eu trois phases : la première étant un workshop de conception auquel la fédération a pu participer en tant que jury et sélectionner les propositions de groupes d’élèves qu’elle préférait. Après la validation du design, les élèves ont débuté leur stage conception-fabrication qui a duré quatre mois et qui a permis l’élaboration des plans de réalisation, des prototypes et de conclure des partenariats. “Chaque pièce a été rabotée, coupée et percée par nos soins” souligne Antoine. Cette étape a eu lieu pendant une semaine vers Lyon où les étudiants étaient encadrés par les Compagnons du Devoir. Un autre aspect particulier à ce projet est l’emplacement des pavillons situés entre une Folie et un autre pavillon (la disposition des pavillons ayant fait le sujet d’un concours d’architecture urbain). Cela implique “deux bâtiments très rectilignes, avec des façades très peu poreuses” qui auraient “renforcé notre parti pris de faire un pavillon non massique et transparent, qui puisse venir créer une échappée dans cette succession de volumes imposants”.

L’extérieur de l’Envol :

L’intérieur :

Nous vous laissons découvrir la suite des pavillons que forme ce beau projet dont la puissance est d’autant plus mise en avant par l’implication de Bernard Tschumi, l’architecte qui a réalisé les Folies, bâtiments emblématiques du Parc de la Villette. Ce dernier était très intéressé par les créations des élèves et a échangé lors de journées avec les équipes. Cela montre la portée encore plus forte de la démarche qu’est Archi-Folies : non seulement représenter des activités qui fédèrent les gens mais aussi d’illustrer la transmission de la création et de l’ingéniosité aux nouvelles générations d’architectes.

Clara Alle

Du 14/06 au 7/07, puis du 28/08 au 3/09 2024

Archi-Folies, Parc de la Villette, 221 Avenue Jean Jaures, 75019 Paris