L’exposition « Aubrun. En pleine lumière » se tient au domaine Saint-Joseph, au Tholonet (13100), du 23 mai au 28 septembre 2025.


C’est un double parcours que suit le visiteur pendant une heure et demie : tout d’abord un sentier pédestre, ponctué par trois arrêts, qui retrace chronologiquement l’itinéraire biographique et artistique de François Aubrun. De son enfance marquée par le sanatorium, à sa maturité d’artiste inspirée par la lumière provençale, le cheminement du peintre et écrivain parisien est livré sur un flanc de colline aixois.

Né en 1934 à Boulogne-Billancourt, François Aubrun découvre sa vocation à l’âge de douze ans. Les jeux de lumière entre le ciel et les nuages le fascinent, tout comme la mer, les bateaux, et les femmes. Plusieurs tableaux, aux couleurs vives et représentant des silhouettes féminines allongées au soleil, sont ainsi exposés dans « la serre », première étape d’un chemin baigné de soleil, et accompagné par le chant des cigales.



Ce destin qui semblait tout tracé vacille pourtant entre 1958 et 1962. L’étudiant aux Beaux-Arts de Paris, tout juste marié, quitte la peinture pour se tourner vers la littérature. C’est la voix posée et grave de Paul Gaillard, assistant des commissaires de la rétrospective, qui résonne dans l’oratoire aux pierres jaunes et vidé de ses statues, pour retracer cette période troublée de la vie d’Aubrun. Dans ses récits expérimentaux, l’écrivain se restreint à quelques motifs qui l’obsèdent : une femme, et une fenêtre. C’est le début d’un langage minimal pour épurer le réel.

Le dernier arrêt du parcours n’est autre qu’une chapelle, qui domine le domaine et fait face à la montagne Sainte Victoire. C’est dans ce bâtiment majestueux et dépouillé qu’Aubrun décide de se construire son atelier, afin d’y peindre plus d’un millier de toiles au cours des 47 années qu’il passe à Saint-Joseph.

La figuration d’antan disparaît au profit, d’abord, d’une peinture matiériste. Le paysage n’est plus représenté, mais comme traversé par le peintre. Ciel et terre n’existent plus, et laissent place à la lumière seule. La toile devient surface texturée à sculpter.

Mais cette matière, lourde au début, s’allège peu à peu. La couleur s’éclaircit pour devenir pastel, diluée dans de l’huile de lin et dans de l’essence de térébenthine. La lumière continue de traverser l’œuvre du peintre, aux sens propre comme figuré, jusqu’au basculement vers le noir profond. L’homme qui cherche à peindre la lumière est lucide, et ne cherche pas à divertir. Ses travaux sont « absolus » et dégagés de tout superflu, comme expliqué dans le documentaire « Regards sur François Aubrun », réalisé par Romain Pierre et présenté à la fin de la visite.


Si vous souhaitez découvrir ou redécouvrir le parcours de ce peintre à l’œuvre et à la carrière singulières, enfilez de bonnes chaussures, suivez le chant des cigales, et rendez-vous au domaine Saint-Joseph !
Irène Gajac
Du 23 mai au 28 septembre 2025
Domaine Saint-Joseph, 2161 Route Cezanne, 13100 Le Tholonet
Du jeudi au dimanche de 15h à 20h (Excepté en septembre, de 14h à 19h).