Closer

« Closer » : le jeu brûlant du consentement

Ne dit-on pas en matière amoureuse –ou plutôt sexuelle– que tout est autorisé dès lors que le jeu s’établit entre adultes consentants ? Un jeu au chat et à la souris où l’on se doute pourtant qu’il fera des victimes collatérales. Patrick Marber remporta un très vif succès dans le West-End londonien lorsque sa pièce y fut montée pour la première fois. On a du mal à comprendre qu’il la qualifia de comédie tant la tension dramatique plonge le spectateur dans une attente fiévreuse d’une issue qu’il devine fatale dès les premiers instants de l’intrigue.

Savamment adaptée à Hollywood qui réunit à l’occasion un casting de rêve, le challenge ne s’avérait pas si aisé que de créer cette version française, plus proche du film de Mike Nichols que de la pièce originelle. Le metteur en scène Stéphane Anière relève le défi avec brio, rendant, malgré la traduction des dialogues créés dans la langue ultra directe et rêche de Shakespeare, toute leur acidité, leur méchanceté même, à en donner des sueurs froides.

La pièce prend un malin plaisir à décortiquer la vaste palette des sentiments, du désir charnel aux plus nobles ambitions romantiques, de la séduction aux manipulations machiavéliques dont les comédiens se trouvent tour à tour victimes ou tortionnaires. Dans un décor minimaliste ou chaque objet campe avec économie de moyens la situation et l’ambiance, un chassé-croisé amène progressivement mais surement les personnages au bord du précipice, se berçant d’illusions à penser pouvoir distribuer les cartes à leur guise, avant qu’enfin la lucidité leur fasse prendre conscience qu’ils s’aventuraient dans le jeu malsain (suicidaire ?) des liaisons dangereuses.

Ils se cherchent dans la séduction, cèdent à la tentation, trichent tantôt consciemment, tantôt à leur corps défendant dans une quête cérébrale et ô combien vénéneuse de ce qu’ils sont ou de ce qu’ils croient être.

 

Closer

Larry, médecin, aime Anna, photographe, qui le trompe avec Dan. Alice, stripteaseuse, aime Dan, écrivain et manipulateur, mais le trompe quand même avec Larry.
A un niveau extrême, deux hommes et deux femmes vont jouer le jeu pervers de la séduction et du désir.
Alternant manipulations et trahisons, ils entament un diabolique chassé-croisé amoureux dont personne ne sortira indemne.

 

Auteur : Patrick Marber
Mise en scène : Stéphane Anière
Avec : Dorcas Coppin, Nicolas Poli, Dimitri Masset, Aurélie Teillard
Calendrier des représentations :
Les vendredis à 19h et dimanches à 14h jusqu’au 18 décembre 2016

Théâtre de Ménilmontant
15, rue du Retrait
75020 Paris

David Fargier – vents d’Orage