Au Théâtre de Poche – Montparnasse, Claire Chazal présente ses lectures marquantes au sein de Ma bibliothèque idéale.
Drôle et agréable surprise d’apprendre le passage de notre chère journaliste Claire Chazal au Théâtre Poche. Mais ce n’est pas une coïncidence si elle se retrouve ici. Elle connaissait Philippe Tesson (1928-2023), l’ancien propriétaire du théâtre, qui l’avait toujours incité à monter sur une scène de théâtre. C’est sa fille, suite à son décès, qui lui a permis de mettre en œuvre cette pièce.
Introduit par une musique à chaque extrait, la célèbre Claire Chazal nous livre une heure savoureuse de lecture de cinq textes, tirés de romans qu’elle a précautionneusement choisis.
C’est au sein d’un décor tamisé, éclairé par Alireza Kishipour, dans ce qui semble être un bureau renfermant une ancienne bibliothèque, que Claire Chazal nous présente cet hommage à la famille Tesson et à la lecture.
Des textes sombres qui résonnent en nous…
Deux d’entre eux sont portés sur le terrible génocide Juif durant la Seconde Guerre mondiale. Elle nous lit un extrait de la préface du dernier livre de Stefan Zweig (1881-1942) avant son suicide, Le Monde d’hier, Souvenirs d’un Européen. L’auteur y parle de son expérience des deux guerres et de la déportation, il écrit être “étranger partout” et ne pas savoir qu’elle est sa maison, son chez-soi.
Charlotte Delbo (1913-1985), déportée d’Auschwitz-Birkenau, écrit aussi à propos du génocide et de la gare de ce camp d’extermination dans son roman Aucun de nous ne reviendra. Elle décrit l’arrivée de déportés à cette gare, ces phrases poignantes nous font comprendre l’horreur de ce lieu : “Ils attendent le pire – ils n’attendent pas l’inconcevable.”
À l’accoutumée présentant L’éducation européenne de Roman Gary (1914-1980), ce soir-là Claire Chazal a décidé de nous conter deux passages de La promesse de l’aube. Un roman autobiographique sur l’amour inconditionnel d’une mère, mais aussi d’un fils qui n’a pour seul envie que de déposer le monde à ses pieds.
Roman Gary c’est l’auteur qui a réussi l’impossible en remportant deux prix Goncourt, dont un pour La promesse de l’aube, et pour La vie devant soi qu’il avait à l’origine publié sous un pseudonyme.
L’amour pour une femme revient dans les lectures de Chazal avec La plus que vive de Christian Bobin, qui parle de son immense chagrin d’avoir perdu sa femme.
Un des textes les plus légers est écrit par Jean Echenoz qui livre une biographie sur le compositeur Maurice Ravel (1875-1937), sur les 10 derniers mois de sa vie. Claire Chazal nous lit un extrait de Ravel, lorsqu’il est sur le paquebot en direction des États-Unis.
Les musiques sont sélectionnées en fonction de l’œuvre, pour le roman de La plus qui vive de Christian Bobin (1951-2022) c’est une chanson de Barbara (1930-1997)que nous entendons car sa défunte femme l’appréciait, venant sublimer ce moment fort.
La présentatrice finit cette magnifique heure intimiste par la lecture d’un poème de la russe Anna Akhmatova (1889-1966).
Naïs Carst
du 25 mars au 1er juillet 2024
Théâtre de Poche, 75 boulevard du Montparnasse, 75014 Paris
Tous les lundis à 21h – relâche le 10 mai