DesignxDurablexDésirable

Comment peut-on concilier un design durable, désirable et de surcroît d’origine française dans un même objet ? Pour répondre à cela, DesignxDurablexDésirable nous emmène dans un voyage parsemé de cinq îles toutes différentes mais reliées par un même lien : la réinvention d’un art de vivre durable.

Ces cinq îles présentent cinq thématiques qui nous font découvrir trente projets. Ces derniers respectent non seulement la planète, mais sont aussi des petits bijoux d’innovation. Chaque collection est introduite par un texte explicatif, une petite vidéo et un QR code à scanner pour plus de détails. Un court film sur la définition des objectifs du design durable est diffusé dans le fond de la salle.

Notre voyage débute par des pièces créées à partir de matériaux recyclés favorisant une économie solidaire et réduisant ainsi la pression sur les ressources naturelles. Ici, sur Une révolution pour une planète, on assite à une véritable métamorphose des déchets récupérés. On peut ainsi y découvrir une lampe composée à 75% de verre plat issu de pare-brises broyés et transformés. La lampe Kufu de Stefan Shankland démolit les a priori que l’on peut avoir sur le recyclage en nous présentant un objet élégant et sobre, fait de trois chutes de cuir et évoquant l’élégance à la japonaise.

On poursuit notre exploration par la découverte de luminaires à l’aspect de coquillages, qui sont en réalité faits de pelures d’oranges recyclées. Notre surprise redouble face à un banc fait de « cuir de saumon » : nous sommes sur l’îlot de l’innovation, La nature réinitialisée, où chaque processus semble appartenir au futur (mais est très bien expliqué et vulgarisé). Toutes les pièces aiguisent notre curiosité et fascinent par leur savoir-faire et inventivité. Car oui, ici, le focus est sur ce qui est « made in France » et le troisième îlot, Local is beautiful le démontre bien en couplant l’ingéniosité à la beauté du savoir-faire français.

Notre œil est soudainement attiré par une branche, avec ce qui semble être un nuage posé sur elle, mais qui est en réalité une lampe à abat-jour tissé par des vers luisants. Nous nous sommes arrimés à l’îlot du biomimétisme, où les pièces sont un hommage à la nature et promulguent une frugalité désirable. Le passé et le futur se mêlent pour permettre de nous réinventer et de nous reconnecter avec le passé, ce qui explique le titre de cet îlot Retours vers le futur. C’est d’ailleurs pour cela que sur le dernier ilot Un usage fondé sur les bons sens, on réinvente la relation avec les objets, et on fait d’eux de véritables compagnons de vie, modulables à souhait et portant une histoire personnelle.

Des meubles portant une histoire, c’est une des choses qui plaît le plus à Brendan Macfarlane, l’un des scénographes de l’exposition. C’est d’ailleurs pour cela que l’une des pièces le touchant le plus est le Bupo bureau. Même s’il n’a pas un design « radical », il est vecteur d’une superbe idée : récupérer des portes hors service et les transformer en un bureau. La porte est toujours là, tangible et visible, mais elle est prolongée pour devenir une nouvelle idée restant de même, un réceptacle d’histoire. On peut retrouver cette idée dans le fauteuil Gaugun fait d’un bois de qualité où l’on peut scanner son QR code qui fera découvrir son histoire, faisant de ce fauteuil un « meuble parlant ». Cela démontre aussi comment l’exposition souhaite créer un futur où technologie et nature travaillent main dans la main. Toujours tendre vers un futur meilleur est une idéologie partagée entre les designers et Brendan Macfarlane.

Il a d’ailleurs choisi d’accomplir ce projet car selon lui, en tant qu’architecte, il a la responsabilité de « montrer le bon chemin aux enfants » pour le futur. Chose partiellement accomplie dans son choix de matériau pour la présentation des objets. L’entreprise Jakob+Macfarlane est la première au monde à avoir choisi un matériau « clean » de présentation MDF respectueux de l’environnement. Ce dernier est en résine naturelle et est produit par la société corrézienne Panneau Next. Il présente un autre aspect très positif : la possibilité d’être mis en place en kit. Ainsi, les promontoires sont montables et démontables, simplement vissés ensemble. Cela permet de créer un lien direct avec les objets présentés et surtout cela le rend très facile à transporter. DesignxDurablexDésirable a pour ambition de voyager en Belgique et peut-être même en Turquie faisant de Panneau Next un choix judicieux. Lorsque l’exposition sera finie, Jakob+Macfarlane souhaite trouver une entreprise intéressée par la réutilisation du matériau. Cet aspect va aussi de concert avec la conception de la scénographie qui doit « accompagner » le spectateur et l’aider à prendre en compte des possibilités d’amélioration. Surtout que pour Brendan Macfarlane, l’exposition démontre bien que l’on n’a pas besoin de perdre la poésie d’un objet en le rendant respectueux de l’environnement.

Même si l’on n’est pas un fervent défendeur de la cause de l’esthétique durable, cette exposition interpelle et surprend par sa valeur onirique et futuriste. On se plaît à être surpris par l’aspect atypique des objets et des brillantes innovations françaises qui les a créés. Sensibiliser par l’émerveillement, voilà ce que propose l’exposition DesignxDurablexDésirable.

Clara ALLE

Du mercredi 29 mars au jeudi 13 juillet

Galerie Le French Design, 120 avenue Ledru Rollin 75011 Paris

Ouvert du lundi au vendredi de 9h30 à 18h30 – entrée libre