L’exposition « DUELS, L’Art du Combat » exposé au Musée de l’Armée retrace l’histoire du duel sous toutes ses formes. Longtemps considéré comme un délit, ce dernier fais néanmoins écho à un moyen jadis courant de battre un adversaire afin de servir honneur et courage, témoins d’une bonne réputation. Par l’emploie de l’épée ou des poings, la violence à longtemps été perçue comme une solution aux différends.
La place réservée à ce dernier a beaucoup évolué depuis le Moyen-Age, ou il était limité aux règlements d’affaires judiciaires. Suivi par l’Epoque Moderne qui en durcira les lois, c’est lors de la Révolution que l’abolition des textes est mise en place, augmentant grandement les combats et règlement de compte jusqu’au XIXème siècle.
De ces différentes périodes historiques apparaissent alors 4 formes de duels à part entière.
Le Duel héroïque, présent au sein des sociétés antiques, répond au modèle du héro véhiculé par la littérature et les arts faisant écho à l’honneur nécessaire afin de faire régner le bien. Achille ou encore d’Artagnan contribuent alors au mythe héroïque banalisant une violence jugée nécessaire.
Armure pour la production Le Revenant mise en scène par Eric Vigié, 2003 – Costume pour la production The PowerBook mise en scène par Deborah Warner, 2023 – Epées, fer et bois – Hache, fer et bois -Armet, Laiton -Paire de gantelets, laiton :
Le Duel ordalique apparait dans la résolution d’affaire judiciaire au Moyen Age. Lors d’un manque de preuve avancée, un duel organisé entre les deux parties sera jugé selon la conviction de Dieu. Le duel Carrouges – Le Gris en fut un exemple en 1386 lorsque que Marguerite de Thibouville, épouse de Jean IV de Carroouges, lui fait par du viol qu’elle aurait subi de Jacques Le Gris. Les preuves n’étant jugées pas assez suffisantes, une ordonnance royale confie le jugement de l’affaire à Dieu. S’en suit la mort de Jacques Le Gris qui sera contestée par l’avis public ainsi que par l’Eglise qui refuse l’implication de Dieu dans le cadre de sa mort, contraire aux convictions bibliques.
Le duel d’honneur apparait au XVIème siècle et devient une arme à part entière de justice personnelle afin de préserver une réputation. On voit dès lors l’épée évoluer et s’adapter à cette nouvelle façon de combattre, devenant plus longue, plus légère et plus fine.
C’est seulement à partir du XIXème siècle que la pratique de l’escrime se démocratise, renvoyant une image sportive du duel.
L’escrime devient un élément de l’éducation des nobles, bien que considéré comme sportif, le sport renvoie tout de même à une forme de préparation au duel.
Affiche pour les Concours Internationaux d’escrime de l’Exposition universelle de 1900 – Jean de Paléologue. Papier, toile, procédé de gravure à plat :
Le Duel est souvent perçu par les Hommes comme un rite de passage à l’âge adulte. La dualiste femme est une exception à l’époque, considérée comme dangereuse pour l’ordre établie. Les femmes commencent tout de même à se faire une place dans le milieu de l’escrime comme en témoigne cette affiche de compétition d’escrime datant de 1900.
Le flou législatif concernant les duels reste à l’époque très ambigüe car différent pour chaque classe sociale. Les combats dans les classes populaires étaient punis sévèrement alors que traité avec beaucoup d’indulgence au sein des classes nobles et bourgeoises.
Photographie de la série Gangs Story, Yan Morvan, 2012 :
Le duel comporte autant de forme que de culture, aux traditionnelles épées s’additionnent les sabres, couteaux, masses ou encore les grands bâtons.
Yan Morvan mettra notamment en lumière en 2012 des membres du gang français « Black Dragoons » crée dans les années 80. Cette photographie illustre une opposition entre deux hommes, symbolisée par un bras de fer autour d’une femme. Ces rituels nous rappellent les rites de passage à l’âge adulte instaurés au Moyen Âge.
Costume pour la production Toutes pour une, Jérôme Bourdin, 2023 – Costume pour la production de Cyrano de Bergerac, Franca Squarciapino, 1990 :
De nos jours, les duels à l’épée sont tout de même moins courants mais l’apparition de ces derniers au sein de la pop culture par le biais des jeux vidéo ou des productions cinématographiques témoignent d’une société marquée par un héritage profond.
A travers l’exposition « DUELS, l’Art du Combat », le Musée de l’Armée retrace à merveille l’histoire riche de l’évolution du duel, incarnation du rite, du courage ou de tradition sociale. L’exposition propose une introspection complète d’une pratique devenue « spectacle » faisant partie intégrante de la culture populaire.
Mathilde Rocchietta
Du 24 avril au 18 août 2024
Tous les jours de 10h à 18h et le vendredi et 10h à 22h.
Musée de l’Armée, 129 Rue de Grenelle, 75007 Paris.