Au cœur du Val de Loire, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, au sein d’un parc de 13 ha, l’Abbaye royale de Fontevraud constitue le plus vaste ensemble monastique d’Europe. Dernière demeure d’Aliénor d’Aquitaine et de son fils Richard Cœur de Lion, l’Abbaye royale de Fontevraud est associée à jamais à l’incroyable histoire des Plantagenêt. Labellisée Centre Culturel de Rencontre depuis 1975, elle propose tout au long de l’année une programmation culturelle dense associant la voix, les expositions historiques et la création contemporaine.
Dans le cadre de sa programmation de saison – Un hiver à Frontevaux – l’Abbaye présente en partenariat avec la galerie Capazza, « Elévation » de Georges Jeanclos.
L’artiste, à mesure qu’il s’est redressé lui-même dans sa propre vie, a fait émerger de la terre des corps plus dessinés et plus apaisés. C’est donc le thème de l’élévation qui forme le propos de cette exposition rassemblant une cinquantaine d’œuvres de l’artiste, dont certaines jamais encore exposées.
Dans le majestueux chœur de l’abbaye, les sculptures de Jeanclos invitent à la méditation, à une réflexion spirituelle et à l’introspection. Empreintes de douceur et de tendresse, ces œuvres, nées de l’horreur vécue par l’artiste, subliment la réalité… quelle qu’elle soit ou a été.
La scénographie, présente et toute en discrétion, fait le lien avec l’Histoire, notre histoire, celle de l’abbaye où reposent dans la nef les gisants d’Aliénor d’Aquitaine, d’Henri II Plantagenêt et de Richard Cœur de Lion. 1000 années d’écart…
La figure humaine au cœur de l’œuvre de Georges Jeanclos
Engloutie ou émergente, sereine et méditative, ou protectrice, figure du repos temporaire ou éternel : L’Élévation de Georges Jeanclos donne à voir l’humanité mise à nu. Nativité, maternité, dormeurs, bas-reliefs ou kamakuras : tout est réuni pour que les visiteurs soient saisis par la puissance du geste de l’artiste, mue par l’humanité qui l’aura habité toute sa vie. Une rencontre bouleversante.
« Méditant les sources du judaïsme, celle du christianisme, mais aussi bien des spiritualités orientales, Jeanclos offre une oeuvre qui évoque justement le projet rimbaldien : « l’histoire splendide ». Mieux qu’inscrit dans telle ou telle tradition, puisqu’il les rassemble toutes, chaque personnage n’est-il pas rendu à sa vocation d’être un être auquel s’attache toute l’humanité ? » Stéphane Barsacq
L’artiste :
« Jeanclos était un géant, l’un de ces véritables sculpteurs qui semblaient venir d’une époque révolue. » Johan Creten (extrait du catalogue de l’exposition)
« Georges Jeanclos (1933-1997) est l’un des grands sculpteurs français du XXe siècle. Son œuvre est née en écho aux événements traumatisants de la Deuxième Guerre mondiale. Pour échapper aux rafles qui menacent les Juifs en France, sa famille doit se cacher dans les bois ; lui-même, âgé d’une dizaine d’années, apprend à côtoyer le danger de mort. Au lendemain de la Libération, il voit les corps des anciens collaborateurs pendus aux réverbères ; peu après, il découvre les êtres squelettiques qui ont survécu aux camps. Des décennies plus tard, Jeanclos réagira à cette expérience fondatrice : non en se renfermant dans son propre vécu, mais en s’ouvrant à l’universel, en se mettant à l’écoute de toutes les souffrances, passées et présentes ; non en représentant l’horreur, mais en trouvant en lui la force pour créer la beauté.
Jeanclos transforme la terre avec laquelle il travaille en fines feuilles, à l’aide desquelles il forme des personnages aux visages semblables, à la fois enfants et adultes, hommes et femmes. Ce sont des dormeurs couchés sous un drap de terre ; des êtres enfermés dans des urnes estampillées avec des lettres hébraïques tirées des prières pour les morts ; des personnages chargés sur des barques parties vers l’autre monde ; des kamakuras, bonzes en méditation, spectateurs de leurs jardins intérieurs. Plus tard s’y ajouteront des Piétas, des Adam et Eve amoureux, des couples qui se frôlent ou s’étreignent. Les images de Jeanclos révèlent à la fois l’insigne faiblesse de notre personne et la force irréductible de notre amour ; par leur simple existence, elles nous aident à vivre ». Tzvetan Todorov
L’exposition s’accompagne de la publication d’une nouvelle monographie, un livre magnifique avec des textes inédits de Stéphane Barsacq, Johan Creten et Colin Lemoine – 216 pages, version bilingue français- anglais – 39€
du 25 novembre 2023 au 4 mars 2024
Abbaye Royale de Fontevraud, 49590 Fontevraud-l’Abbaye
Ouvert de 10h à 18h (Fermé tous les mardis)
Photos : Véronique Spahis