Louise Abbéma, Marie Petiet, Juana Romani, Madeleine Smith, Germaine Dawis… Ces noms ne vous évoquent rien ? Cela n’a rien d’étonnant. Ces femmes ont longtemps été invisibilisées en raison de leur sexe.
Il est temps pour le musée national Jean-Jacques Henner de révéler et de mettre à l’honneur ces artistes qui ont appris auprès du peintre duquel le musée tient son nom. Du 28 novembre 2024 au 28 avril 2025, vous pourrez découvrir une exposition qui pose des questions fondamentales : où sont donc passées toutes ces femmes peintres de la seconde moitié du XIXe siècle ? « Elles », ces oubliées de l’histoire de l’art, comment étudiaient elles le dessin vivant malgré les interdits ? Le mariage était il une contrainte pour leur création ?
Il fallut un long et minutieux travail d’enquête pour remonter le fil de leurs vies et de leurs œuvres – bien que sur les 150 élèves recensées à ce jour, encore peu de destins ont pu être reconstitués.
Plus que visionnaire, cette exposition épouse les attentes de notre société en matière de recherche en histoire de l’art. Elle présente plus de 90 œuvres – peintures, dessins, lettres et photographies – réalisées dans un contexte plutôt hostile à l’idée d’une carrière artistique sérieuse pour les femmes.
En effet, à la fin du XIXe siècle, l’accès des femmes à l’École des Beaux-Arts en France était encore interdit. Les ateliers privés, comme celui de Jean-Jacques Henner et Carolus-Duran constituaient une rare opportunité pour les femmes de recevoir une formation artistique, aussi appelée l’« atelier des dames ».
L’exposition explore comment cet enseignement, qui comprenait des corrections personnalisées et des visites au Louvre, a permis à des femmes comme Louise Abbéma, Madeleine Smith ou Juana Romani de se forger une place sur la scène artistique de leur temps.
A son époque, Jean-Jacques Henner était un peintre renommé et siégeait au jury du Salon des artistes français. L’exposition se penche sur les liens amicaux noués avec ses élèves, souvent sollicités pour ses conseils après leur formation.
C’est en se penchant sur ce sujet fascinant qu’une étudiante a pu retrouver un carnet de croquis d’une élève, qui s’est amusée à portraiturer ses camarades d’atelier oubliées. Peu à peu, nous posons des visages sur des noms désincarnés…
Enfin, pour renouer avec les rendez-vous d’artistes qui prenaient place à l’origine dans cette maison, le musée propose une programmation culturelle riche : concerts, lectures, prestations de femmes compositrices… Il y en a pour tous les goûts et tous les âges.
Le musée est conscient de nombreux manques car certaines figures restent mystérieuses, mais en posant cette première pierre il espère susciter l’intérêt des proches, des aïeux, des collectionneurs qui en détiendraient quelques traces.
Suzie Zanetta
du 28 novembre 2024 au 28 avril 2025.
Musée national Jean-Jacques Henner, 43 Avenue de Villiers 75017 Paris
ouvert tous les jours sauf le mardi et certains jours fériés de 11h à 18h.