« Émotions visuelles » à la Fondation Taylor

Des arbres aux bruissements intimes
Un funambule sur la ligne gravée
Une introspection nostalgique à fleurs de papiers

Derrière une façade majestueuse, ocrée, rappelant les couleurs chaudes des palais du sud de la France et de l’Italie se situe la renommée Fondation Taylor.


Fondation philanthropique « Fondée en 1844 par le baron Taylor (1789 – 1879), reconnue d’utilité publique en 1881, l’Association des artistes, aujourd’hui dénommée Fondation Taylor, est l’une des plus importantes institutions œuvrant à la défense des artistes. Sa vocation de soutien à la création artistique et de développement de la connaissance des arts se traduit par l’organisation d’ expositions, l’attribution de bourses et de prix. Fondée sur un principe de solidarité, son indépendance et sa longévité attestent sa nécessité. »
Elle peut aussi soutenir certains d’entre eux durant leur parcours et selon les aléas de leur vie.
La Fondation Taylor permet aux peintres, graveurs et sculpteurs d’exposer après avoir été choisis par un jury de professionnels et de spécialistes.

La Fondation Taylor présente durant ce mois de décembre 2024 trois artistes sélectionnés : Anne-Andrée Carron, sculpteure, Olaf Idalie, graveur et Katarina Vavrova, peintre.

Anne-Andrée Carron
Les sculptures proposées sont des verticalités qui émeuvent, sensibles comme le bout des doigts qui les a fait naître.
Un balancement est ressenti celui d’une canopée imaginée tout au long de notre parcours, il évoque les dialogues du vent entre les branches et les feuilles cités dans les poésies de Pasternak.
Ainsi nous accompagne l’émotion des premiers regards en forêt, la joie des premières senteurs. L’Emerveillement.
Les troubles des égarements d’antan et les oublis étourdissants dus à une profonde respiration de ces espaces nouveaux. A l’inspiration forte d’une nature innocente qui se découvre.
Les couleurs et la forme des pièces cuites de Anne-Andrée Carron accompagnent la douceur de nos ressentis et renseignent sur l’intriguant mystère de la force d’un choix ultime nécessaire.
Une concentration en actes.
Nous éprouvons une terre vivante, comme un retour à l’origine de la matière, au monde vrai devenu indispensable.
Trente quatre œuvres en terre sont exposées dont une dizaine toute récente accompagnée d’une série de douze “Tuilettes” colorées.
Cet ensemble récemment défourné porte et transpire la chaleur de la cuisson.
Une exquise gourmandise des yeux…
Le livre Chefs d’arbres écrit en collaboration avec Paul Chemetov ainsi que dix exemplaires de têtes numérotés avec une gravure originale par linogravure de Anne-Andrée Carron, sous couverture rempliée en cyclorus gris, sont en accessibles à la vente à la galerie de la Fondation et présentent chacun quinze photographies d’autres œuvres de l’artiste. (Tarabuste Editeur 2010)



Olaf Idalie
Ses gravures au burin soulignent la précision du géomètre-artiste qui mesure les dédales intérieurs ceux de la psyché humaine et extérieurs ceux de la complexité du monde dans son organisation.
Où naît au gré des lignes semblables à des fruits fertiles, une cosmogonie et une cosmologie indéniablement personnelles.
Entre son auteur et les figures gravées naissantes, fixées sur la plaque de cuivre puis sur le papier, demeure une relation invisible, abstraite, tendue et maîtrisée. D’une exquise justesse.
Il nous apparait alors Olaf Idalie comme un funambule de la ligne qui dompte le vertige de la création.
Un géomètre de l’espace dont la trace du sillon est présente dans l’être-même de celui qui la produit et à l’évidence s’imprègne aussi chez celui qui la scrute en spectateur invité et parcourant.
Un équilibriste joueur, expert du barycentre ; roi de la précision et tireur à l’arc.
Franc.
Un fin navigateur des exigences de la mesure, tel un horloger de la ligne sur la carte du Moi Sensible.

Katarina Vavrova
Le papier devient un pétale qui se fane pour renaître dans un glacis de matières vécues se superposant.
Et nous mener dans une profondeur intime où siège une des origines de l’émotion de l’artiste Katarina Vavrova.
Une douceur colorée au bord des larmes s’épanouit.
Un frisson où la couleur vient se poser sur une génération sentimentale, nostalgique et fantomatique de vécus et de personnages figurés.
Emotion aux contours très certainement autobiographiques, dessinée et teintée.
Un Dessein-naissant.
La transparence suggérée des papiers reflète celle des yeux de la Peintre et des femmes-dames présentées.
Les retours de leurs bords frisent comme une matière émue, comme l’écume qui vient s’éteindre ou s’essouffler sur les plages.
S’évaporer…
Nous y vivons un regard introspectif où le sentiment se mélancolise.


Dans ce lieu élégant et digne vous serez accueillis avec toute la délicatesse du monde et la compétence attendue par madame Elora Taieb Déléguée aux expositions.

Sites des artistes et du lieu :

A l’accueil, vous trouverez un ouvrage illustré par madame Katarina Vavrova sur des poèmes de Charles Baudelaire.



Enfin, pour être exigeant et complet sur l’activité actuelle de la Fondation Taylor durant ce mois de décembre, indépendamment à l’exposition du rez-de-chaussée et du sous-sol, se trouvent associés aux quatrième et cinquième étages par l’exposition “instants T” quarante deux graveurs.
Elle est due à une collaboration franco-suisse organisée par l’association française Graver Maintenant et l’association suisse Association TEALT réunissant vingt artistes suisses de quatre régions linguistiques de la Suisse et vingt deux artistes français. Un catalogue est édité.
Le Commissariat est composé de mesdames Florence Bonhivers et Aline Ternon pour la France et Marie-Claude Gardel pour la Suisse.

A noter un Prix de Dessin vient d’être attribué récemment à monsieur Vincent Moreau dont les estampes, dessins à la pointe sèche, nous y sont aussi proposés.

Philip Lévy

Copyright : Fondation Taylor et Boris Kvasnica.

Du 28 avril au 21 décembre 2024,

Fondation Taylor, 1 rue La Bruyère, 75009Paris
Du mardi au samedi de 13h00 à 19h.