Arts, images et spectacles en France (1833-1907)
Sur une proposition de Dominique Païni, l’exposition «Enfin le Cinéma ! » décrit les influences involontaires, les emprunts délibérés, les coïncidences contemporaines dont le medium naissant s’enrichit dans la proximité des Beaux-Arts et grâce à la puissance de son matériau photographique.
En une décennie, le cinématographe (né en 1895) devient le cinéma, il se dote de « théâtres » spécifiques (1906-1907) afin que les films soient projetés dans des conditions susceptibles de fidéliser le public. De curiosité amusante et d’attraction stupéfiante le cinéma devient un spectacle qui concurrence le music-hall et le théâtre : l’écran cinématographique remplace la rampe de ces derniers.
La mise en scène des films emprunte largement aux représentations de la peinture académique ou dite de « style pompier ». Le public des Salons est prêt à se rendre dans les salles de cinéma.
Aucune rupture brusque ou révolution violente cependant, les esprits et les corps avaient été largement préparés.
Les premières projections de « photographies animées » par les frères Lumière à Paris en 1895 sont en effet les dernières-nées d’une longue succession de dispositifs visuels et d’attractions (du panorama aux musées de cire, en passant par la morgue, les aquariums et les foires) qui trouve son apogée lors de l’Exposition universelle de 1900 à Paris. Issus d’une tradition de la circulation des images, ces premiers films, encore imparfaits, sont également les héritiers de multiples pratiques, artistiques ou scientifiques, savantes ou vulgaires.
L’exposition est volontairement synchronique et thématique. Elle fait dialoguer la production cinématographique française des années 1895-1907 avec l’histoire des arts, depuis l’invention de la photographie jusqu’aux premières années du XXe siècle, au fil de quelques grands sujets que sont la fascination pour le spectacle de la ville, la volonté d’enregistrer les rythmes de la nature, le désir de mise à l’épreuve et d’exhibition des corps, le rêve d’une réalité « augmentée » par la restitution de la couleur, du son et du relief ou par l’immersion, et enfin le goût pour l’histoire. Elle se conclut vers 1906-1907 alors que la durée des films s’allonge, les projections se sédentarisent dans des salles et les discours s’institutionnalisent. Le cinématographe devient le cinéma, à la fois lieu et loisir de masse.
L’exposition rassemble près de 300 œuvres, objets et films aussi bien anonymes que signés de noms bien connus du grand public, de Pierre Bonnard à Auguste Rodin en passant par Gustave Caillebotte, Loïe Fuller, Léon Gaumont, Jean Léon Gérôme, Alice Guy, Auguste et Louis Lumière, Jules Etienne Marey, Georges Méliès, Claude Monet, Berthe Morisot, Charles Pathé ou Henri Rivière.
Jusqu’au 16 janvier 2022
Musée d’Orsay, 1 Rue de la Légion d’Honneur, 75007 Paris
Du mardi au dimanche de 9 h 30 à 18 h (21 h 45 le jeudi) – fermé le lundi
https://billetterie.musee-orsay.fr/fr-FR/produits
photos : Véronique Spahis