Du 30 avril au 28 septembre 2025, le 21 bis, Cours Mirabeau à Aix-en-Provence accueille l’exposition « Extérieurs — Annie Ernaux & la Photographie », consacrée à une rencontre toute particulière : celle des mots de la lauréate du prix Nobel de littérature 2022, avec une sélection d’images de la Maison Européenne de la Photographie (MEP).

Ce sont d’abord trois affiches blanches, qui dénotent sur la façade en pierre de l’hôtel de Castillon, et intriguent le passant. Quand il entre, avant même d’avoir pu déchiffrer la moindre explication, une immense fresque murale s’étale sous ses yeux : des hommes et des femmes se pressent dans un métro bondé, tout en questionnant du regard celui qui les observe.

Entre constatation, description et comparaison, les photographies choisies avec soin par Annie Ernaux ne sont pas là pour illustrer les extraits de son essai Journal du dehors, dispersés dans les deux pièces de l’exposition, mais plutôt pour explorer d’autres territoires que le Cergy-Pontoise décrit dans son ouvrage. Les contrastes offerts par les images, entre richesse et misère, bonheur et tristesse, insouciance et désespoir, font parfois esquisser un sourire de gêne à celui qui les regarde, mais sont surtout un prolongement réflexif aux bribes de récit offertes à la lecture.


Les deux salles, éclairées par des lumières d’un blanc froid, semblent se fondre dans le monochrome des photographies. Les quelques images colorisées, même modernes, semblent tout droit sorties d’un autre temps. La quarantaine de photographies met tour à tour en scène l’Angleterre de Janine Niépce, le Japon d’Issei Suda, ou encore les rues d’Aix-en-Provence d’Harry Callahan. Autant « d’ailleurs », plus ou moins proches, qui nous rappellent nos « ici », avec douceur ou cruauté.

« La sensation et la réflexion que suscitent les lieux ou les objets sont indépendantes de leur valeur culturelle, l’hypermarché offre autant de sens et de vérité que la salle de concert. » peut-on lire au sommet d’un des murs. Pour l’écrivaine, dont les écrits relèvent du genre de l’auto-socio-biographie, tout est prétexte à l’analyse afin de saisir les comportements sociaux et individuels : les gestes du quotidien, les transports en commun, les centres commerciaux, mais aussi la solitude, la violence urbaine, et la frontière floue entre intime et public.

En associant le travail d’Annie Ernaux à celui de photographes issus de multiples horizons, Extérieurs propose une réflexion où la production, littéraire ou picturale, devient un miroir, souvent dérangeant.
Irène Gajac
Du 30 avril au 28 septembre 2025
21 bis, cours Mirabeau, 13100 Aix-en-Provence
Du mercredi au dimanche, de 11h30 à 18h30, Entrée libre