Femme Cosmos — un dialogue entre deux univers

Lorsque l’art interroge l’universel à travers le regard féminin, il devient un langage sans frontière. C’est précisément ce que propose l’exposition « Femme Cosmos », née de la rencontre entre deux artistes venus d’horizons différents : la peintre française Sophie Sainrapt et le photographe chinois GAO Wenxiu, sous le commissariat de Lala Zhang.

Le titre évoque une figure symbolique : la femme reliée au cosmos, porteuse de cycles, d’équilibres, de mystères et de lumière. Mais cette figure n’a pas le même visage selon les cultures. Elle se déploie ici à travers deux sensibilités artistiques, deux langages visuels, deux imaginaires.

En France, cette idée s’inscrit dans une tradition humaniste et émancipatrice : la femme comme être libre, créatrice, exploratrice de l’infini. Dans les œuvres de Sophie Sainrapt, le corps féminin devient constellation, ligne de force, territoire d’expression et d’émotion. Elle célèbre une féminité lumineuse, ancrée dans la liberté et la quête de sens.

En Chine, cette même idée prend une dimension plus harmonieuse et cosmique. L’approche de Gao Wenxiu s’inspire d’une philosophie où le féminin est en résonance avec la nature, les saisons et les énergies du monde. Ses photographies de lotus, à différentes périodes de sa floraison, captent une présence presque silencieuse, en lien avec le rythme profond de l’univers — une harmonie yin, subtile et puissante. Le lotus incarne les différentes étapes de la féminité. Le bouton représente la jeunesse et la pureté, tandis que la fleur pleinement ouverte symbolise la maturité et l’expérience.

En réunissant ces deux visions, Femme Cosmos tisse un pont culturel et poétique entre deux civilisations. L’exposition invite à réfléchir sur la place de la femme dans l’univers, sur ce qui la relie au monde visible comme à l’invisible, sur ce que signifient l’harmonie, la liberté et la création.

Femme Cosmos explore ainsi, à travers des langages plastiques complémentaires, les résonances profondes entre le féminin, la nature et l’univers. Cette exposition met en lumière une présence féminine à la fois sensible et symbolique, révélée par la matière, la couleur, la lumière et la trace.

Le travail de Sophie Sainrapt, articulé autour de sa série Traces de femmes, déploie une écriture picturale introspective et expressive. Par le dessin, l’encre ou la gravure, l’artiste construit des images qui évoquent une mémoire du féminin : une mémoire faite de puissance et de fragilité, de mouvement et de silence.

En contrepoint, les photographies de GAO Wenxiu, issues de la série Échos des Silences, présentent des éléments naturels suspendus dans un espace visuel proche du cosmos. Ses images épurées, silencieuses, questionnent la résonance vitale, la transformation et la perception du temps.

En confrontant ces deux approches, l’exposition crée un pont entre deux cultures, deux sensibilités et deux manières de représenter le féminin et le cosmos. D’un côté, le corps féminin est présenté de l’extérieur comme mémoire et énergie ; de l’autre, la nature est contemplée comme symbole de cycles, de silence et d’harmonie universelle. Ensemble, les séries instaurent un dialogue visuel et conceptuel : le corps et la nature deviennent des métaphores réciproques du mouvement, de la transformation et de la résonance cosmique.

Sophie Sainrapt : Artiste plasticienne française, Sophie Sainrapt développe depuis plusieurs décennies une œuvre centrée sur le corps féminin, la sensualité et la mémoire intime. Sa pratique mêle dessin, gravure, aquarelle et encre, dans une gestuelle à la fois libre et maîtrisée. Elle explore le corps comme territoire d’émotions, d’histoire et de résistance poétique. Présente dans de nombreuses collections publiques et privées, elle expose régulièrement en France et à l’international, affirmant une voix singulière dans le paysage de l’art contemporain.

GAO Wenxiu : Photographe chinois originaire de Xi’an, Gao Wenxiu s’attache à capturer l’harmonie entre l’humain et la nature. Son travail photographique, empreint de douceur et de précision, explore les liens invisibles entre les corps, les éléments et les cycles du monde. Inspiré par les philosophies orientales, il développe une esthétique contemplative où la lumière et le silence deviennent des langages à part entière. Ses œuvres ont été présentées dans plusieurs expositions en Chine et à l’étranger, contribuant à un dialogue artistique interculturel.

Véronique Spahis

Du 22 octobre au 12 novembre 2025

Mairie du 6ème arrondissement, 78 rue Bonaparte, 75006 Paris

Du lundi au vendredi de 10h30 à 17h – jeudi jusqu’à 19h – samedi de 10h à 12h