Format à l’italienne #10 – Voyage au cœur de la résistance artistique
Mardi 18 Septembre a sonné le retour de « Format à l’italienne » à l’espace Le Carré ! Son but ? Exposer les créations des lauréats du prix Wicar, tous justes revenus de leur séjour de trois mois à Rome. Mandatés par la Ville de Lille, ils sont logés dans l’Atelier Wicar, en plein de cœur du centre historique de la capitale italienne afin de profiter de l’atmosphère, des paysages et du réseau artistique romains. Les trois lauréats de cette année sont Clio Simon, Noé Grenier et Daniela Lorini. Ils ont ramené des œuvres très diverses, allant de films à installations sonores, en passant par une nouvelle de science-fiction ou même une collection de souvenirs d’un autre temps. Un fil rouge unit toutes ces œuvres quelque peu éparses : le thème de la résistance.
Résistance à l’oubli, combat mené pour cultiver et protéger le mythe entourant la vie d’un aïeul, scientifique exilé en Bolivie, voilà tout l’enjeu de l’installation sonore et des vidéos de Daniela Lorini. Elle présente une œuvre aérienne, hors du temps, qui souligne l’importance de l’immatériel dans un monde très terre à terre.
Noé Grenier prône quant à lui une résistance face à des schémas prémédités. Il présente deux créations à l’ambiance très particulière, défiant toute logique temporelle. La première, The Sunstill, est un film de six heures que l’artiste a réalisé en errant, sans but précis, dans le dédale des rues romaines. La deuxième est une nouvelle de science-fiction, Le Tardif, inspirée de ses multiples ballades au crépuscule, « point de rencontre temporel entre la ville de Rome et la fiction en train de se dérouler dans les airs ».
Rencontre avec Clio Simon :
Clio Simon, quant à elle, a pris le parti de décrire la résistance concrète, politique et sociale menée derrière les murs du Forte Prenestino, dans l’ombre de la Ville Eternelle. En effet, ce qui autrefois servait de place militaire est désormais un Centre Social Occupé Autogéré (CSOA) regroupant une quinzaine d’habitations. La surprise est grande : protégé de la pollution urbaine, c’est un véritable « cocon naturel » comme l’artiste se plaît à le décrire, que l’on découvre. La végétation est omniprésente et résiste à la fureur du monde extérieur. Au tout voir, tout contrôler, ce lieu oppose le mystère, le caché, le protégé. Le mode de vie des habitants qui y résident est simple, loin, bien loin de toute la complexité de la société. Une vie digne d’un roman d’initiation ou d’un roman d’aventure un peu contestataire, tout en relation avec la genèse de cette œuvre. Le lieu a effectivement été découvert par l’artiste grâce à un auteur de BD, Zero Calcare, et la manière de filmer tout comme le narratif renvoient directement au roman de Henry David Thoreau, Walden ou la vie dans les bois. Un lieu foisonnant dont Clio Simon a su rendre toute la poésie et l’engagement. A voir !!
Servane de Pastre
Exposition du 13 Septembre au 27 Octobre 2019
Espace Le Carré
30, rue des Archives (Halle aux Sucres)
59000 Lille
Du mercredi au samedi de 14h à 19h – Dimanche de 10h à 13h et de 15h à 18h