Francis Bacon. Présence humaine

Les prémices

En 1987, Léonard Gianadda assiste au vernissage de l’exposition Bacon à la Galerie Lelong et le rencontre, à cette occasion. Suit « une longue soirée en petit comité ». Plus tard, il découvrira l’oeuvre à la Fondation Maeght, en 1995, et au Centre Pompidou en 2019. Léonard rêve d’exposer Bacon. Miracle, en septembre 2023, Pauline Velge de la National Portrait Gallery de Londres, lui propose de monter une exposition Bacon à la Fondation Pierre Gianadda.
Trois décennies plus tard, François Gianadda finalise le projet. C’est ainsi que cette année la Fondation Pierre Gianadda consacre une importante exposition à Francis Bacon organisée en collaboration avec la National Portrait Gallery, Londres sous le commissariat de Rosie Broadley.

Francis Bacon. Présence humaine

Une trentaine d’œuvres provenant de collections privées et publiques d’Europe et d’outremer, complétées par des photographies de l’artiste, constitue le parcours de l’exposition qui se veut à la fois thématique et chronologique. Des tableaux de la fin des années 1940 commencent cette présentation qui amène jusqu’à sa période tardive. Une peinture réalisée juste avant sa mort, trouvée dans son atelier inachevé sur son chevalet, marque le point final de cet événement artistique.

Cinq sections stratégiques déterminent la trajectoire de cet artiste révolutionnaire : L’apparition des portraits – Au-delà de l’apparencePeintures inspirées des Maîtres AutoportraitsAmis et amants. L’exposition retrace l’évolution de Bacon dans sa façon d’envisager le portrait traditionnel en le contestant.

De la réalité à l’œuvre : inspirations et expirations

Francis Bacon n’a jamais caché son inspiration soufflée par l’admiration qu’il portait à des œuvres de maitre : Velasquez, Rembrandt, Van Gogh, Picasso, …

L’exposition retrace les évolutions de l’art du portrait dans la carrière de Bacon – on y retrouve sa série des « têtes hurlantes » et son obsession pour le portrait par Velázquez du pape Innocent X – mais cet art s’alimente surtout des peintures qu’il réalise de ses amis, de ses amants, de celles et de ceux qui furent tout au long de sa vie une source d’inspiration.

De l’étude poussée (les coups de pinceaux appliqués par Rembrandt pour son Autoportrait au béret (1659) à son travail sur les portraits de ses amis, Francis Bacon cherche à montrer toutes les émotions du modèle, même si les traits du visage en paraissent déformés, transcendant la ressemblance. Serait-ce osé alors de parler de cubisme pour Bacon ?

Les portraits sont rarement peints devant les modèles. C’est ce qu’il a perçu d’eux-mêmes qu’il préfère peindre.
« Si je les aime, je ne veux pas opérer devant eux l’atteinte que je leur inflige dans mon œuvre. Je préfère opérer en privé l’atteinte par laquelle il me semble pouvoir enregistrer plus nettement leur réalité »

Bacon et la photographie

Bacon s’intéressait à la photographie, aux photogrammes de film – ces unités de prise de vue, à peine différentes de l’une à l’autre mais qui font que ces images s’animent. Ses portraits paraissent ainsi composés de superpositions.
Bacon a d’ailleurs commandé nombre de photographies de ses amis, surtout de son amant Peter Lacy, à John Deakin.
Le visage de Bacon a fasciné les photographes. L’exposition présente des émouvantes photographies de Francis prises par Irving Penn, Sam Hunter, Cecil Beaton, Helmar Lerski, Peter Stark, …


Présence humaine

« J’aimerais bien que mes tableaux donnent l’impression qu’un humain est passé entre eux, comme un escargot, laissant la trace de la présence humaine et la mémoire du passé comme l’escargot laisse un sillon de bave. »
Francis Bacon. Présence humaine. Une exposition d’un artiste sensible qui savait aussi insuffler la présence humaine à la représentation d’un objet sans vie.

Véronique Spahis

Du 14 février au 8 juin 2025

Fondation Pierre Gianadda, Rue du Forum 59, CH 1920 Martigny
Tous les jours de 10h à 18h