Cette exposition lumineuse met en avant une belle amitié de peintres, celle d’August Macke et de Franz Marc.
August Macke lie connaissance avec Franz Marc après avoir découvert ses œuvres le 6 janvier 1910, à la galerie Brakl, à Munich. Enthousiasmé par le travail de Marc, Macke se rend dès le lendemain dans son atelier.
Né en Rhénanie du Nord, de sept ans le cadet de Marc, August Macke se forme à l’Académie des beaux-arts, ainsi qu’à l’École d’arts appliqués de Düsseldorf, orientant sa peinture vers une certaine stylisation, marqué par l’art nouveau et le japonisme. Munichois de naissance, Franz Marc se détourne d’une vocation de pasteur et de philosophe pour fréquenter, au tournant du siècle, l’Académie des Beaux-Arts de la capitale bavaroise, laquelle était alors l’un des grands centres européens du symbolisme et de l’ésotérisme.
A Paris, où Marc se rend en 1903 et en 1907, il admire les tableaux de Gauguin et Van Gogh ; Macke, qui y séjourne en juin 1907, fort de sa lecture de Julius Meier-Graefe sur l’Impressionnisme, est déjà fasciné par Cézanne.
En 1912, au plus fort des échanges artistiques entre futurisme, cubisme, expressionnisme, le peintre munichois, Franz Marc, exprime son enthousiasme de fonder une avant-garde européenne avec ses amis, le Russe, Vassily Kandinsky, le Français, Robert Delaunay, le Suisse, Paul Klee, ainsi que son jeune ami et compatriote, August Macke. En dépit de ce réseau cosmopolite extrêmement fécond et vivace, une Apocalypse en effet se profile, mais pas celle qu’il entrevoit. En août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France. Marc et Macke sont mobilisés Outre-Rhin, tout comme Braque, Apollinaire ou Duchamp-Villon, côté français.
La courte carrière de ces deux artistes allemands morts sur le front est emblématique de ces années paradoxales aux prises avec la construction d’une culture européenne forte et radicale et des questionnements insistants sur les identités nationales y compris artistiques. L’un et l’autre sont imprégnés de références françaises – Cézanne, Gauguin, Matisse, Picasso ou Delaunay. Ils éprouvent la nécessité de renouveler en profondeur l’art par un rapport spirituel et intime à la nature, un recours à des sources nouvelles – art non-occidental, art populaire et ancien, expressions marginales celles des « fous » et des enfants – et une invention formelle radicale.
Acteurs et fondateurs du mouvement expressionniste du Blaue Reiter, Marc et Macke, unis par une sincère amitié, ont occupé une place centrale sur la scène artistique allemande et européenne. Ils créent chacun un œuvre puissant, poétique. L’aîné développe une appréhension lyrique, spirituelle de l’art et du rapport à la nature, le cadet, une approche plus raisonnée, ordonnancée et naturaliste. Il s’agit ici de la première présentation monographique de leur œuvre en France.
Centré sur la spiritualité de l’art, Der blaue Reiter (le cavalier bleu) fut un beau mouvement. Ses acteurs principaux sont Vassily Kandinsky, Franz Marc et August Macke. D’autres artistes comme Gabriele Münter, Heinrich Campendonk, David Burljuk, Alexej von Jawlensky, Paul Klee et Alfred Kubin y ont également participé. La Première Guerre mondiale met malheureusement fin aux activités du groupe.
Commissaire générale : Cécile Debray, conservatrice en chef, directrice du musée de l’Orangerie. Commissaire : Sarah Imatte, conservatrice, musée de l’Orangerie
Jusqu’au 17 juin 2019
Musée de l’Orangerie
Jardin des Tuileries
Place de la Concorde
75001 Paris
Ouvert de 9h à 18h (sauf mardi)
Photos in situ : Véronique Grange-Spahis